Le télétravail bute sur le manque de confiance
Après l'environnement de travail, le numérique transforme à présent l'organisation même du travail. Des outils comme les logiciels collaboratifs ou la visioconférence permettent aux collaborateurs de travailler à distance, depuis leur domicile ou dans des espaces de coworking. Mais si le télétravail offre de nombreux avantages économiques et écologiques, il doit encore faire face à la résistance des organisations.
Le télétravail a longtemps été accusé de bien des maux. Il éloigne le collaborateur de l'entreprise et finit par l'isoler de ses collègues. C'est un facteur de démobilisation. Sous prétexte d'être à son domicile, le salarié travaille moins. Etc.
En fait, quelques années d'expérience et plusieurs études montrent qu'il n'en est rien. Selon le sondage réalisé par Odoxa pour Syntec Numérique en mars dernier, 59% des salariés français souhaiteraient même travailler à distance.
Le télétravail présente en effet de nombreux avantages économiques, écologiques et même sociétaux. Dans une interview à l'Usine Nouvelle, suite à la publication de son dernier ouvrage ("Télétravail. Travailler en vivant mieux", éditions Eyrolles, 2014), Philippe Planterose, sociologue et président de l'association française du télétravail et des télé-activités (AFTT), affirme que « cette forme d'organisation du travail (…) réduit le nombre de divorces et l'absentéisme, améliore la santé au travail des salariés, favorise la réussite scolaire de leurs enfants »…
Une plus grande productivité, une meilleure qualité de vie
Et tout cela grâce au numérique.
C'est en effet aux technologies que le télétravail doit son essor. Communication à haut voire très haut débit, généralisation du Wifi à domicile, messageries instantanées, logiciels de travail collaboratif et de partage de documents, Cloud et logiciels en mode SaaS, amélioration de la qualité des solutions de visio-conférence sur ordinateur ou sur mobile permettent à de nombreux employés de faire mieux chez eux ce qu'ils feraient à leur bureau.
Philippe Planterose affirme en effet que « le télétravail améliore la productivité de plus de 20% ».
Autre avantage, le télétravail réduit les déplacements en voiture ou en transports en commun. Ce qui se traduit par une réduction de la pollution et des émissions de CO2, et par un gain de temps pour les salariés.
L'édition 2015 du Baromètre Paris Workplace, réalisé par l'IFOP pour la Société foncière lyonnaise (SFL) affirme que « le temps de trajet influe sur le sentiment de bien-être au travail. Plus on travaille près de son domicile, plus on se dit heureux au travail ». Le sondage Odoxa montre que près d'un salarié sur deux (48%) trouve dans le télétravail un meilleur équilibre entre vie privée et professionnelle.
Encore des obstacles à lever
Il reste toutefois quelques ombres au tableau, qui freinent la généralisation du télétravail.
Selon une étude d'Accenture sur le numérique dans l'environnement de travail, sept salariés sur dix craignent que le télétravail nuise à l'esprit d'équipe. Autre frein, la défiance des managers et des organisations. Syntec Numérique souligne que « 52% des salariés pointent prioritairement le manque de confiance globale à leur égard, car l'entreprise ne peut pas vérifier heure par heure à quoi ils consacrent leur travail ».
Certes, pour télétravailler profitablement et inspirer confiance à son manager, le collaborateur doit faire preuve de rigueur. Cela passe par l'utilisation des outils préconisés par l'entreprise (applications, VPN…) et par le respect des règles de sécurité.
Les multinationales dont les équipes gèrent depuis plusieurs années des projets internationaux à l'aide de visioconférence, de partage de documents et d'interactions en temps réel, prouvent qu'il n'est pas nécessaire que tous les participants à un projet se trouvent dans le même lieu ni même dans un seul fuseau horaire. Cela devrait aider les managers encore réticents au télétravail à revoir leurs préventions. Et la nouvelle génération, plus habituée à travailler en mobilité, sera probablement plus encline à adopter le télétravail.