NoSQL : MarkLogic veut sa part du marché français
L’éditeur de base de données NoSQL a ouvert un bureau à Paris et compte étendre ses ramifications vers l’Europe du Sud. Dans un secteur marqué par la présence de l’Open Source, MarkLogic avance en agitant l’argument du tout intégré et de la richesse fonctionnelle.
Proposer une base de données NoSQL selon un modèle de licence classique alors que l’Open Source semble être un modèle établi. C’est tout le défi que l’éditeur américain MarkLogic a décidé de relever. Née en 2001, cet acteur des bases de données californien, bien implanté aux Etats-Unis où il réalise l’essentiel de ses revenus, s’est distingué en mai en annonçant une levée de fonds conséquente de quelque 102 millions de dollars auprès d’investisseurs américains. Venant ainsi valider la stratégie de la société, sa technologie et – là est le plus surprenant – l’absence de modèle Open Source. Alors que le marché des bases NoSQL semble résolument tourné vers le code ouvert et le développement communautaire, à l’image des Cassandra , MongoDB, ou encore Basho et sa base Riak. Et comme ces deux derniers, MarkLogic a choisi d’établir un pan de ses opérations européennes en France, en créant un bureau à Paris, ouvert le 3 novembre dernier. Comme une pierre dans leur jardin.
France, Espagne et Italie
Cette filiale française représente une partie de la stratégie d’expansion de l’éditeur dans le monde. Une stratégie qu’il applique avec l’argent frais de ses nouveaux investisseurs. Avec un siège en Californie et plusieurs bureaux répartis sur le sol américain, MarkLogic est désormais présent en EMEA, à Londres pour le UK et l’Irlande, à Stockholm pour gérer les pays nordiques, à Francfort et Munich pour couvrir la région DACH (Allemagne, Autriche et Suisse) – avec des ouvertures vers les marchés de l’Europe de l’Est -, à Singapour, Tokyo et à Sydney. Le très récent bureau parisien vise quant à lui à cibler certes les entreprises hexagonales, mais servira également de rampe de lancement vers le marché de l’Europe du Sud, confie Laurent Vidal, directeur de MarkLogic France, lors d’un entretien avec la rédaction. La société entend ouvrir deux nouveaux bureaux, en Espagne (Madrid) et en Italie (Milan). Il s’agit de la première étape du déploiement vers l’Europe du Sud, poursuit-il. Des réflexions sont actuellement menées pour cibler la Turquie et l’Israël. La société pourrait également cibler le continent africain par le biais de partenaires.
Pourtant la société avait déjà posé un pied en France, mais depuis ses opérations au Royaume-Uni. « Jusqu’alors, MarkLogic ciblait le marché français depuis Londres, via un réseau de partenaires locaux », raconte le directeur France. Un écosystème est donc déjà en place, et « demande à être améliorer ». La société compte parmi ses clients Le Point, Lagardère Active et l’Assemblée Nationale.
Media, santé, banque, assurance, grande distribution et finance
En France, MarkLogic compte décliner ses opérations, comme il le fait au UK, en Allemagne et aux US. Centré initialement sur le monde du media publishing - Marklogic détient 99% du marché aux US, selon Laurent Vidal - , la société se positionne aussi dans le domaine des services financiers, de la banque, des assurances, de la grande distribution et bien sûr de la santé. La santé représente d’ailleurs un secteur clé pour MarkLogic aux Etats-Unis. La société fait partie des prestataires retenus dans le cadre du très vaste projet de refonte du système social et de santé aux US, l’Obama Care (un projet qui prévoit une couverture sociale pour tous les américains). MarkLogic compte bien capitaliser sur son expérience gagnée avec ce projet pour attaquer le marché français et européen.
Laurent Vidal souligne par ailleurs que les industries automobile et manufacturière sont des marchés sur lesquels MarkLogic compte se positionner en France. La société a structuré son équipe pour cela. Une équipe est par exemple dédiée au secteur de l’énergie et une autre dédiée au Manufacturing, à l’industrie automobile et à l’aérospatial. Autre secteur ciblé par la société en France, la grande distribution. A fin juillet, le bureau français devrait compter une vingtaine de personnes. Des recrutements sont en cours – des commerciaux avec des profils très métier.
Avancer en complément d’Oracle, IBM et Microsoft
C’est donc avec ce dispositif que MarkLogic attaquera le marché en France. Un marché que Laurent Vidal estime de plus en plus mûr : « La France est un marché en devenir (…) Un pas de géan a été fait en ce qui concerne la maturité des entreprises face aux solutions NoSQL. » Pour autant, pas question de venir en direct taillé des croupières à Oracle, IBM ou Microsoft, les cadres des classiques bases de données relationnelles. MarkLogic entend avancer côte à côte, en complément. « Aller jouer sur le terrain d’Oracle, c’est l’erreur à ne pas connaître. Aujourd’hui un client a des besoins natifs et d’autres qui vont évoluer », précise-t-il, indiquant qu’une grande entreprise ne peut pas jeter ses bases de données relationnelles legacy pour les remplacer par du NoSQL. « On va venir en complémentarité. Mais l’explosion naturelle de l’information déstructurée créée très rapidement des nouveaux besoins qui ne peuvent être satisfaits qu’avec du NoSQL », souligne-t-il.
Pas question d’agiter aussi l’argument du modèle de tarification et de diminution de la facture, comme peut le faire le monde du NoSQL Open Source. Et pour cause, le modèle propriétaire – mais qui s’appuie sur des standards, lance Laurent Vidal – de MarkLogic pousse la société à placer son discours à un autre niveau. Celui de la richesse fonctionnelle, qui selon lui, n’est pas portée par le NoSQL Open Source. « MarkLogic est la seule plateforme pour les entreprises. Ce que ne sont pas les solutions Open source qui correspondent davantage à une succession d’outils de développement pour fabriquer une solution », constate-t-il. Avec MarkLogic, « le client paie pour avoir un niveau de sécurité inégalable, pour avoir de nouvelles fonctions. Dans le monde de l’Open Source, cela ne se produit pas, sauf si des acteurs packagent une solution pour le revendre. Mais cela ne va pas plus loin. » En termes de fonctionnalités, « aucun acteur de l’Open Source ne fait 50% de ce que l’on fait ».
Un argument que reprend la société dans le communiqué qui annonce la levée de fond de 102 millions de dollars : « Le manque de fonctions essentielles aux entreprises, comme la fiabilité des données, la cohérence des transactions, la sécurité et la disponibilité ont écarté les technologies Open Source d’être une alternative viable aux bases de données traditionnelles pour les applications critiques. »
Sur un marché de niche, où la concurrence a de fort moyen marketing et où l’ensemble du secteur est mis sous pression par les acteurs de l’Open Source, la bataille sera donc féroce.