Les éditeurs français progressent, mais souffrent du passage au Saas
Avec une progression de 6% des revenus en 2014, les éditeurs de logiciels en France affichent une bonne santé, mais voient leur profit reculer. Migration vers le Saas oblige.
Dynamisme et résilience. Ces deux mots, écrits par Bernard-Louis Roques, directeur général et co-fondateur de Truffle Capital, pourraient à eux seuls résumer l’état de santé du secteur du logiciel en France. Une situation dont fait état la 11e édition du classement Truffle 100, réalisée en partenariat avec le CXP.
Portés par les velléités de transformation numérique des entreprises, et par la mutation même de leur modèle vers le Cloud (Saas), les éditeurs, en général, sont parvenus à maintenir une croissance de leurs revenus, en progression de 6% en un an. En 2014, l’édition logicielle pèse 6,6 milliards d’euros dans l’Hexagone. Une croissance continue « à contrecourant de la conjoncture », note encore Bernard-Louis Roques, très optimiste.
Dans ce contexte de croissance, le classement des 100 premiers éditeurs en France révèle encore une forte concentration du secteur, 55% du CA global étant en 2014 entre les mains du Top 5. Et plus encore, Dassault Systèmes, n°1 du classement, pèse pour 30,3% du CA édition total en France. Les 5 premiers du Truffle 100 (Cegedim, Sopra-Steria, Murex et Axway suivent DS) comptent pour plus de la moitié des revenus totaux du secteur, les 20 premiers 77%.
Pour autant, l’édition en France conserve aujourd’hui une place de choix en France en matière d’emploi. En 2014, l’édition logicielle française emploie 103 380 personnes contre 78 000 en 2013 – des chiffres impactés certes par la fusion entre Sopra et Steria.
Dépenses en R&D et profits à la baisse
Reste que ce classement laisse également entrevoir des difficultés.
Et aussi
Primo, les éditeurs ont légèrement freiné leurs dépenses en R&D - elles représentent 1,02 milliard d’euros contre 1,05 milliard d’euros en 2013. Les effectifs dédiés ont eux-aussi subi une pression, passant à 15% de l’effectif global à 19%.
Et ce n’est pas une bonne nouvelle alors que justement les éditeurs de logiciels doivent eux-aussi assurer leur transition vers le Cloud. Ce que d’ailleurs nombre de sociétés de ce Truffle 100 ont continué de faire. En 2014, 68% des éditeurs disent avoir une offre Saas, contre 61% en 2013 et 42% en 2012.
Logiquement, face à ce nouveau modèle Cloud, fondé sur l’abonnement – et les revenus récurrents par opposition aux ventes de licences sur étagère -, la rentabilité des éditeurs en France s’érode, passant de 603 millions d’euros en 2013 à 599 millions d’euros en 2014.
« L'industrie est désormais confrontée à des défis majeurs, avec des profits qui stagnent à 599 M€, tandis que les marges subissent la pression d'une concurrence internationale féroce. Dans une phase de changement technologique majeur avec le développement du cloud computing, la légère érosion du montant des investissements en R&D (1024 M€ en 2014 vs. 1052 M€ en 2013) appelle à la vigilance », résume enfin Bernard-Louis Roques.