Quand la NSA espionnait la France avec l’aide de Berlin
Selon le Süddeutsche Zeitung, les services du renseignement allemand ont aidé la NSA a espionner le ministère français des Affaires étrangères, l’Elysée, et la Commission européenne.
Cela ne manque pas d’un certain piquant. La chancelière allemande, Angela Merkel, se trouve aujourd’hui embarrassée par de nouvelles révélations sur des activités conduites par la NSA, l’agence américaine du renseignement, avec son homologue allemand, le BND. Alors même qu’en 2013, elle découvrait que son téléphone mobile était justement écouté par la NSA…
De fait, le Süddeutsche Zeitung vient de révéler que le BND a utilisé ses grandes oreilles de Bad Aidling, en Bavière, pour écouter des « officiels de haut rang au ministère français des Affaires étrangères, le palais de l’Elysée, et la Commission européenne ». Mais également à des fins d’espionnage industriel ciblé. Et le tout, main dans la main avec la NSA.
Comme le rappellent nos confrères, les deux agences ont conclu un partenariat en 2002, mais celui-ci ne visait officiellement que la lutte contre le terrorisme. Et entre cette signature et 2013, 690 000 numéros de téléphone auraient été écoutés, et 7,8 millions d’adresses IP surveillées.
Plus tôt, Der Spiegel a révélé que la NSA et le BND avaient travaillé ensemble, au moins depuis 2008, pour espionner des groupes tels qu’EADS ou Eurocopter. Ce n’est qu’en 2013, avec le scandale Prism, que le BND s’est avéré plus curieux à l’égard de son partenaire américain. Pour découvrir environ 2000 critères de surveillances « clairement contraires aux intérêts allemands et de l’Europe de l’ouest ».
Le ministre allemand de l’Intérieur, Thomas de Maizière, est ici particulièrement mis en cause. A l’époque des faits, il était chef de la chancellerie. Selon les médias allemands, il devait forcément être au courant de ces pratiques. Il doit s’exprimer la semaine prochaine devant une commission d’enquête parlementaire.
Mais alors qu’elle s’était posée en victime de la NSA, Angela Merkel apparaît aujourd’hui également en délicate position : pouvait-elle tout ignorer des activités conjointes du BND et de la NSA ?