ARM veut 20% du marché des serveurs à l'horizon 2020
ARM dont l'architecture est présente dans 37% des processeurs vendus dans le monde entend se développer à vitesse accélérée sur le marché des serveurs et sur des secteurs comme l'automobile.
ARM n’en finit pas de progresser. La firme britannique, dont les processeurs motorisent la plupart des terminaux nomades de la planète mais surtout une large partie des composants embarqués qui font fonctionner nos équipements électroniques quotidiens, estime que ses puces sont aujourd’hui présentes dans 37 % des équipements disposants de microprocesseurs contre 17 % seulement en 2007. Cela veut dire que l’ISA ARM (le jeu d’instruction ARM) est sans doute aujourd’hui la plus utilisée au monde, loin devant l’ISA x86 et d’autres architectures comme MIPS.
Pourtant ARM ne se satisfait pas de cette position et entend poursuivre son développement à un rythme soutenu. D’ici à 2020, la firme britannique estime que les ventes de puces utilisant son architecture devraient progresser à un rythme de 10 % par an avec notamment de fortes progressions attendues dans le monde des serveurs d’entreprises (12 % par an), de l’automobile (+40% par an) et des équipements communicants (+100% par an).
ARM mise sur son architecture ARM v8 64 bit pour percer dans les serveurs
L’un des paris clés de la firme est le développement de son architecture 64 bit ARM v8 qui compte déjà 63 licenciés dans le monde et dont l’ambition est de permettre à la firme d’accroître ses royalties par puce vendue. L’architecture ARM v8 est stratégique pour la firme dans le domaine des smartphones et des PC portables, mais aussi pour espérer prendre pied sur le marché des infrastructures d’entreprises.
2015 sera la première année de vrai déploiement des puces ARM 64 bit dans des serveurs (comme les MoonShot d’HP) mais ARM estime que le vrai décollage des ventes se fera sur la période 2016-2020 avec l’arrivée de puces ARM v8 massivement multicœurs (48 cœurs et plus). À l’horizon 2020, ARM vise le contrôle de 20 % du marché des serveurs. Le pari de la firme est que le profil des applications va continuer à évoluer vers des architectures web massivement multithreadées et clusterisées (telles qu'Hadoop), de nature à favoriser son architecture face aux cœurs massifs privilégiés par Intel pour ses puces Xeon.
Dans l’immédiat, ARM vise le marché des baies de stockage, des serveurs web et des applications Big Data en mode Scale Out. Mais avec l’arrivée de puces disposant de plus de 48 cœurs en 2017 et 2018, ARM estime que son architecture pourra aussi percer face à Intel dans les domaines de l’analytique, du transactionnel et des applications d’entreprises. La firme reste toutefois raisonnable et estime que ses puces ne devraient figurer que dans une vingtaine de designs serveurs à horizon 2020.
ARM fait aussi le pari de la spécialisation face à la standardisation imposée par Intel
Alors qu’Intel a largement construit son succès sur la standardisation de ses plates-formes, ARM a lui aussi travaillé sur l'a standardisation de ses plates-formes serveurs (comme la plate-forme serveur standard SBSA). Mais la firme mise aussi sur la capacité de ses partenaires à spécialiser certaines de leurs puces pour répondre à des besoins particuliers afin de percer sur des segments spécifiques du marché des serveurs. Cavium, l’un des licenciés d’ARM, a par exemple ajouté de multiples accélérateurs à ses puces ThunderX afin d’accélérer des fonctions telles que le chiffrement, la compression de données, le traitement antivirus, le filtrage et l’analyse de paquets. La firme propose ainsi quatre familles de processeurs optimisés pour des applications spécifiques (Compute, stockage, réseau…)
Un autre atout d’ARM dans la bataille qui s’annonce face à Intel est le rétrécissement de l’avantage du numéro un mondial des puces serveurs en matière de technique de fabrication. Intel n’a plus que quelques mois d’avance sur les fondeurs utilisés par ses concurrents, là où il pouvait compter sur presque 18 mois à deux ans d’avance, il y a quatre ou cinq ans.
Ainsi son dernier-né, le Xeon-D, qui vient tout juste d’être annoncé est gravé en 14 nm. Mais Samsung a commencé à produire ses premières puces ARM Exynos 7 en 14nm et devrait enchaîner dans les semaines à venir sur la production des puces ARM Apple attendues pour les prochains iPhone et iPad. TSMC de son côté devrait commencer à fabriquer en masse ses premiers processeurs en technologie 16 nm dans le courant 2015.