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QNX : BlackBerry renomme sa division IoT et veut s’étendre au-delà de l’automobile
En misant sur la marque QNX, BlackBerry veut gommer son image de concepteurs de smartphones pour mieux étendre sa présence dans l’embarqué.
Ne l’appelez plus BlackBerry IoT. Tel est le message que le groupe canadien veut faire passer au marché. Considérant qu’il est desservi par son ancienne identité de fabricants de smartphones, le groupe canadien veut désormais que sa branche IoT porte le nom de son produit phare : QNX.
« BlackBerry est une marque très forte. J’ai arrêté de compter le nombre de rendez-vous avec des clients nostalgiques des téléphones BlackBerry », déclare Thomas Cardon, directeur des ventes EMEA, secteur automobile chez BlackBerry QNX. « Cette image nous dessert alors que nous avons arrêté la conception de smartphones il y a une dizaine d’années ».
« Le 4 janvier 2022, BlackBerry a mis hors service l’infrastructure et les services utilisés par nos anciens logiciels et systèmes d’exploitation téléphoniques », précise l’éditeur sur son site Web.
L’entreprise s’est largement reconvertie dans l’édition de logiciels dédiés à la cybersécurité et à la sécurisation des communications, ainsi qu’à l’embarqué, en sus de gérer un portfolio de licences héritées. C’est cette combinaison qui lui a permis de sortir du rouge au troisième trimestre fiscal 2025. Le 19 décembre dernier, il a rapporté un flux de trésorerie disponible positif, proche des 3 millions de dollars. Un résultat qu’il faut mettre en perspective avec la revente de Cylance, une activité bradée à 10 % de son prix d’acquisition. Cette décision serait « rationnelle », selon Thomas Cardon, au vu de la difficulté à l’intégrer au sein du portefeuille.
Si la cybersécurité demeure malgré tout un fonds de commerce stable, les opportunités de croissance sont plus évidentes du côté de l’embarqué. Il est donc de bon ton de pousser la marque du système d’exploitation et hyperviseur en temps réel.
« QNX est largement reconnu dans le microcosme de l’embarqué, mais nous avons besoin de cibler un marché élargi », explique le directeur des ventes EMEA. Rappelons que la marque QNX existe depuis 1984, après le renommage de QUNIX, un OS créé en 1980.
Des ambitions en dehors de l’automobile
Là encore, une image colle à la peau de QNX : le RTOS est fortement déployé auprès des constructeurs automobiles. Environ 255 millions de véhicules sont équipés de QNX. Les solutions sous cette marque sont utilisées pour propulser des cockpits et des systèmes ADAS. Et cette progression serait loin d’être terminée. « Nous travaillons sur le temps long », assure Thomas Cardon. « La croissance des volumes de véhicules équipés résulte des engagements pris il y a trois à quatre ans. De la même manière, ce sur quoi nous travaillons aujourd’hui portera ses fruits d’ici quatre à cinq ans ».
Malgré tout, la direction voulait « casser une dynamique ». Elle veut signifier au marché et à ses clients que QNX est paré pour s’exécuter sur des équipements exploités dans les secteurs du manufacturing, du médical, de la robotique et du rail. Le manufacturing et le rail seraient deux verticaux déjà porteurs pour BlackBerry QNX, selon les résultats exposés aux investisseurs.
« Il y a des dénominateurs communs entre le secteur de l’automobile et les autres segments de marché. Essentiellement, il y a trois aspects : la sécurité, la sûreté de fonctionnement et la performance », liste Thomas Cardon.
Des annonces axées… sur l’automobile
Pour autant, Consumer Electronics Show oblige, BlackBerry QNX a communiqué sur sa feuille de route dans le secteur automobile. Après avoir annoncé l’année dernière un partenariat avec AWS, l’éditeur a présenté la disponibilité prochaine de sa plateforme de développement QNX SDP 8.0 sur Azure.
L’éditeur avait déjà porté son hyperviseur sur le cloud d’AWS. Désormais, il développe QNX Cabin, un framework d’implémentation portable des cockpits qui seront plus tard déployés dans les automobiles.
Thomas CardonDirecteur des ventes EMEA, secteur automobile, BlackBerry QNX
« La véritable difficulté réside dans la complexité de transposer ce qui fonctionne dans le cloud vers une architecture embarquée », explique Thomas Cardon. « Ce que nous proposons aujourd’hui, c’est la capacité d’exécuter exactement la même pile logicielle, que ce soit dans le cloud ou directement sur le dispositif », ajoute-t-il. « Pour cela, nous avons porté notre système d’exploitation et notre hyperviseur sur les serveurs cloud. Cela élimine la dépendance à l’architecture électronique sous-jacente grâce à une abstraction au niveau du système d’exploitation, qui reste identique entre le véhicule et le cloud ». Une parité binaire jusque-là retorse.
BlackBerry QNX Cabin utilise la couche de virtualisation VirtIO et permet de faire interagir des images de son RTOS avec des OS invité, dont Linux et Android. De l’autre côté, deux hôtes spécifiques servent à héberger des applications d’infodivertissement et les applications de sûreté. Sur AWS, l’hyperviseur QNX s’exécute sur les CPU ARM AWS Graviton. Une image du cockpit peut être déployée sur l’équipement cible – un SoC –, moins les applications de sûreté.
Par ailleurs, QNX a annoncé un partenariat pluriannuel avec Vector et TTTech Auto en vue de développer une plateforme consacrée aux évolutions de Software Defined Vehicle, qui devrait entrer en disponibilité générale au cours de l’année fiscale 2026, soit vers la fin de l’année 2025.
BlackBerry QNX devrait évoquer plus tard cette année sa feuille de route concernant les autres secteurs.