Easyvirt, ce Français qui dégraisse les instances VMware
Easyvirt analyse les machines virtuelles VMware et propose d’optimiser leur utilisation avec un objectif écologique de réduction de l’empreinte carbone, mais aussi économique, en supprimant les ressources inutiles.
Reconfigurer automatiquement les clusters VMware pour qu’ils utilisent mieux leurs ressources et, ce faisant, libérer de la puissance de calcul pour ne pas devoir en acheter d’autres. Ou, en attendant d’en avoir besoin, réduire le nombre de composants qui fonctionnent à plein régime et ainsi économiser de l’énergie. Telle est l’ambition des logiciels édités par la startup française EasyVirt, rencontrée par LeMagIT à l’occasion d’un événement IT Press Tour consacré aux acteurs européens innovants en termes d’infrastructures informatiques.
Le projet d’EasyVirt repose d’abord sur un constat : selon l’Arcep, les technologies numériques pèsent pour l’instant 3 à 4% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde (2,5% en France) et pourraient augmenter de 60% d’ici à 2040, si rien n’est fait pour contrecarrer cette tendance. Dans le même temps, la consommation électrique des datacenters aura été multipliée par deux entre 2022 et 2026, avec une consommation liée à l’Intelligence artificielle multipliée par 10 par rapport à l’année 2023.
L’Europe et la France en particulier ont donc multiplié les régulations afin d’essayer de contrôler cette montée impressionnante. À ce titre, certains experts prévoient que 40% des datacenters liés à l’IA rencontreront dans les années à venir des difficultés d’approvisionnement et c’est pour cette raison que des acteurs comme Google ou Microsoft se tournent vers la remise en service de centrales nucléaires.
Enfin, à propos de régulation, notons que, dans le même temps, ni les États-Unis ni la Chine n’ont pris de semblables mesures. En d’autres termes, les logiciels d’EasyVirt constituent un moyen pour les entreprises européennes de rester compétitives face à leurs concurrents étrangers tout en respectant, elles, les règles éthiques locales.
Mesurer, optimiser, manager
Depuis 2011, Easyvirt s’emploie à mesurer et optimiser l’empreinte environnementale de l’IT de ses clients. On le verra : la dimension est écologique, mais elle est également économique. La société a été fondée par Martin Dargent et Jean-Marc Menaud. François Machacek a rejoint l’équipe en 2024 avec la charge de développer l’activité, fort d’une solide expérience internationale et d’une grande appétence pour la mise en place d’une IT soutenable.
Pour l’année 2024, EasyVirt va réaliser 1 million d’euros de chiffre d’affaires, dont 10% à l’export, indique une croissance annuelle de 30% depuis 2023 et compte une centaine de clients, dont plusieurs très belles références : Safran, La Poste, France Travail, plusieurs régions et hôpitaux ainsi que des acteurs de l’assurance et de l’épargne.
Trois produits sont proposés. DC Scope (depuis 2013) est une solution intuitive et non intrusive (c’est-à-dire sans agent installé) pour la gestion, l'optimisation, l'analyse des performances, des coûts et de la planification des capacités des infrastructures virtualisées sur site comme dans le Cloud.
DC NetScope (2020) est le pendant pour la surveillance et l'analyse du trafic, la cartographie du réseau des infrastructures virtualisées.
Et CO2 Scope (2021) est une plateforme de mesure du carbone qui accompagne la stratégie de durabilité informatique. Elle met en œuvre des solutions dédiées à l'analyse et à la réduction de l'empreinte carbone des services informatiques, virtualisés comme physiques, sur site comme dans le Cloud. L’entreprise revendique une approche GreenOps/FinOps afin de réduire l’empreinte environnementale, optimiser l’infrastructure IT et accroître la productivité.
Installé en 15 minutes
DC Scope gère l’infrastructure vSphere de VMware. L’approche s’effectue en 3 phases. La première consiste à installer l’outil via une API et ainsi mesurer en temps réel la consommation électrique et l’usage qui est fait des différentes machines virtuelles sur site ou dans le cloud. Intervient ensuite la seconde phase d’optimisation au travers des algorithmes développés par l’entreprise.
Des optimisations sont proposées et, ce, sans dégrader le niveau de service. En effet, les analyses montrent en moyenne que 80% des machines virtuelles sont surdimensionnées, 5 à 10% d’entre elles sont inutiles, ce qui permet d’optimiser le fonctionnement de 25% sans aucun impact sur la mise en production.
François Machacek (en photo en haut de cet article), dont le titre chez l’éditeur est Ambassadeur du numérique responsable, a présenté plusieurs exemples concrets de cas d’usage.
Le premier est celui de la Banque de Nouvelle-Calédonie et ses 33 agences. Elle dispose de deux clusters VMware de quatre nœuds chacun pour un total de 250 machines virtuelles. Avant l’installation de DC Scope, il arrivait fréquemment que l’utilisation des processeurs frôle les 99% d’activité, tout ceci ne s’améliorant pas avec le déploiement d’un SOC (Security Operating Center). Après quelques mois d’utilisation, ce sont plus de 100 CPU virtuels qui ont été gagnés, ceci évitant l’achat de nouveaux équipements avant le renouvellement normal du parc.
Un autre exemple est celui de CDC Habitat qui a gagné près de 10% sur ses ressources CPU et RAM ainsi que des montées en performances dans le cadre d’un projet d’outsourcing de ses propres datacenters.
D’autres exemples comme celui de TV5 Monde montrent une suppression de 15 machines virtuelles sur 300, 2 To de stockage récupérés et, ce, après l’installation de DC Scope en moins de 15 minutes. Car c’est un autre point fort de la solution : la facilité d’installation et de déploiement est unanimement reconnue par les clients.
Demain : Proxmox, Nutanix, Kubernetes, l’utilisation de l’eau
En termes commerciaux, Easyvirt a adopté une stratégie de ventes indirectes qui repose aujourd’hui principalement sur Dell, Capgemini et CGI. Le modèle économique repose sur un achat de licences et un tarif de maintenance annuelle, lequel est calculé sur le volume des instances analysées.
Easyvirt propose également un modèle sur une tarification mensuelle permettant aux entreprises de tester la solution, de mesurer les gains éventuels avant de s’engager de manière plus importante. L’essentiel de la clientèle se trouve actuellement en France et la volonté est désormais de se déployer partout en Europe.
Pour la suite, Easyvirt veut étendre sa couverture à d’autres environnements comme Proxmox, Nutanix ou encore les containers Kubernetes. Pour l’année 2025, la startup souhaite aussi étendre ses mesures à d’autres critères comme l’utilisation de l’eau, des métaux ou des minéraux.