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Intégration de données : Boomi met la main sur Rivery

En rachetant Rivery, Boomi entend renforcer ses capacités de Change Data capture, une capacité de plus en plus importante pour mettre à jour les données dans des SI hétéroclites, mais interconnectés… et pour propulser les cas d’usage d’IA.

Le 17 décembre, le spécialiste américain de l’iPaaS Boomi a annoncé l’acquisition de Rivery pour un montant non dévoilé. L’acquisition devrait finaliser avant la fin de l’année 2024.

Rivery est une entreprise basée à New York depuis 2018 et originaire d’Israël, là où elle est née en 2017. Elle a obtenu ses lettres de noblesse sur le marché de l’ELT/ETL – et même reverse ETL – non seulement en proposant une solution SaaS capable de gérer des flux simplifiés et réutilisables (des kits nommés rivières), mais aussi de concevoir ces pipelines de données à la mode infrastructure as code. Rivery est notamment connu pour ses capacités de gestion de flux de données en presque temps réel et son offre de Change Data Capture.

En mars dernier, Salomé Laborde Balen, responsable du marché francophone chez Rivery, évoquait quelque 350 clients dont plus de 200 exploitant le lakehouse Snowflake. Ils seraient en réalité plus de 450 dans le monde. Selon Crunchbase, l’éditeur a levé au total 52,5 millions de dollars avant son acquisition par Boomi.

De la gestion d’API à l’intégration de données

Ce concurrent de Fivetran, Matillion et de Qlik Talend n’a pas leur aura auprès des analystes. Alors qu’il n’était pas cité l’année dernière, dans son Magic Quadrant 2024 consacré à l’intégration de données publiée le 3 décembre dernier, Gartner le place dans les « mentions honorables » au côté des très populaires dbt Labs, Airbyte et Workato. « Les utilisateurs apprécient particulièrement la rapidité de mise en valeur de Rivery et sa facilité d’utilisation, tant par les techniciens que par les non-techniciens. Ils louent également la qualité de ses services de vente et d’assistance », écrivent les analystes de Gartner. « Rivery n’a pas satisfait aux critères d’inclusion concernant le chiffre d’affaires et la présence sur le marché, et n’a donc pas été inclus dans le Magic Quadrant de cette année », justifient-ils.

Une aubaine, donc, pour Boomi qui évolue sur le marché parallèle de plateformes d’intégration de données à la demande.

« Cette acquisition marque une étape importante pour Boomi alors que nous élargissons notre plateforme pour répondre à l’évolution des besoins des entreprises en matière de gestion des données à l’ère de la prise de décision basée sur les données et de l’IA », déclare Steve Lucas, président-directeur général de Boomi, dans un communiqué de presse.

Voilà pour la vision. Elle est alignée avec le lancement, l’année dernière, de Boomi AI Agents, six assistants propulsés à l’IA générative dédiés à la création et à la gestion de flux de données. Au vu des annonces de Salesforce de cette semaine et des géants du cloud les semaines passées, il est clair que les systèmes d’orchestration de flux de données – et non plus seulement les bases de données vectorielles – deviennent les « backbones » des systèmes réunissant plusieurs agents. Les chefs d’orchestre.

Le Change Data Capture passera avant l’IA

Cependant, et de manière plus pragmatique, Boomi cherche d’abord à renforcer ses capacités de Change Data Capture.

« Les capacités différenciées d’extraction, de chargement et de transformation (ELT) en low-code de Rivery et la technologie CDC s’alignent parfaitement sur notre stratégie visant à fournir des outils transparents et puissants qui transforment les données en un actif stratégique », ajoute Steve Lucas.

Il n’est pas le seul à avoir pris cette voie. L’année dernière, Qlik a mis la main sur Talend, tandis que Databricks a racheté Arcion pour 100 millions de dollars.

En mai dernier, Boomi a réalisé l’acquisition d’APIIDA, pour ses capacités de gestion fédérée d’API – notamment pour son control plane capable de découvrir des API et de les gérer partout où elles sont déployées. Une démarche qu’il avait entamée en 2021. Il a aussi repris Mashery, l’outil de gestion d’API intégré à la galerie (complexe et foisonnante) de produits Tibco.

« Le fait est que Boomi a maintenant deux passerelles API, trois portails de développement d’API et d’autres redondances. Il faut s’attendre à ce que Boomi abandonne certaines fonctionnalités. »
David MooterAnalyste principal, Forrester Research

David Mooter, analyste principal chez Forrester Research, observait que Tibco a perdu de sa brillance depuis son rachat par un fonds d’investissement, mais n’avait pas anticipé le rachat de Mashery, au vu des chevauchements avec les lignes de produits de Boomi. « Je ne m’attends pas à ce que Boomi abandonne sa gestion actuelle des API. Son intégration étroite avec Boomi iPaaS et Master Data Hub présente un attrait unique pour les utilisateurs de ces autres produits. Néanmoins, le fait est que Boomi a maintenant deux passerelles API, trois portails de développement d’API et d’autres redondances. Il faut s’attendre à ce que Boomi abandonne certaines fonctionnalités », écrivait-il en mai.

Boomi disposait déjà de fonctionnalités de Change Data Capture. Celles de Rivery seraient « complémentaires » aux fonctionnalités existantes, selon le géant de l’iPaaS.

« Avec l’ajout de Rivery, Boomi brouille les frontières entre les plateformes d’intégration à la demande, la gestion des API et l’intégration de données, renforçant ainsi la capacité des clients à se tourner vers un nombre réduit de fournisseurs », affirme Carlsquare, la banque d’affaires qui a conseillé Boomi au cours de l’acquisition, estimée à 100 millions de dollars par le média israélien CTech.

Plus discret en France depuis sa revente par Dell aux fonds d’investissement TPG et Francisco Partners en 2021, Boomi dénombre 23 000 clients, dont Nexity et Engie.

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