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IA et droit : d’une IA d’avocats à une IA pour les juges
2025 devrait être une année charnière pour l’IA générative dans le secteur juridique. C’est ce qu’anticipe l’éditeur Jus Mundi, qui appelle à bien prendre en compte la dimension environnementale et les coûts de cette technologie pour éviter le « paradoxe de Jevons ».
Selon la startup française spécialisée dans l’IA juridique, Jus Mundi, l’année 2025 devrait marquer un tournant dans la transformation numérique du secteur du droit. Avec une arrivée massive de l’IA.
Il faut dire que le droit se prêterait particulièrement bien à l’automatisation. D’après Goldman Sachs, 44 % des tâches juridiques pourraient être automatisées et exécutées par une IA.
« Si l’adaptation à cette nouvelle technologie [de l’IA] et son adoption resteront très progressives, le développement de solutions adaptées au secteur juridique va s’accélérer », anticipe Jus Mundi. Cette démocratisation devrait permettre « de distinguer les cas d’usage les plus pertinents ainsi que les données à exploiter en priorité ».
L’arbitrage international figure parmi les domaines les plus concernés par l’automatisation via l’IA en général et l’IA générative en particulier.
Goldman Sachs
Ces technologies sont déjà à l’œuvre « pour les petites affaires », que ce soit pour la recherche, la pré-rédaction d’arguments ou de clauses, l’analyse de contenu ou le résumé de certains documents, liste Jus Mundi.
En 2025, elle devrait également prendre en charge les grosses affaires, « passant ainsi d’une IA pour les avocats à une IA pour les juges qui permettra par exemple d’obtenir une vue d’ensemble sur les jugements rendus par les tribunaux français sur des affaires similaires ».
Une transformation à deux vitesses
Reste qu’une transformation à deux vitesses se dessine. « Le mouvement vers l’IA générative est déjà très largement opéré dans les cabinets de petite et moyenne taille », souligne Jus Mundi, qui note que « les gros cabinets connaîtront une transformation moins rapide, devant acculturer des équipes plus larges à de nouvelles technologies. »
Par ailleurs, leurs bases de données et données clients sont de facto plus denses et donc plus complexes à intégrer, ajoute la startup.
Le paradoxe de Jevons appliqué à l’IA juridique
Mais l’IA soulève d’importantes questions environnementales et de coûts.
« Des data centers aux prompts envoyés aux différents agents conversationnels, toute l’utilisation de l’IA consomme des ressources énergétiques en grands volumes », alerte Jus Mundi. Un constat particulièrement pertinent pour les cabinets d’avocats et les services juridiques qui traitent des volumes considérables de documents et de données.
La startup met en garde contre le « paradoxe de Jevons » appliqué à l’IA juridique.
Le paradoxe est le suivant. Les nouveaux modèles d’IA seront « certes moins énergivores et plus performants ». Ce qui les rend plus abordables. Et leur démocratisation dans le secteur du droit risque d’augmenter d’autant la consommation énergétique globale.
Avec un coût d’utilisation unitaire plus faible et une efficacité accrue, la multiplication des cas d’usage (analyse automatique de jurisprudence, génération de documents juridiques, veille réglementaire automatisée) entraînera une hausse de la demande énergétique totale.
Face à ces enjeux à la fois « green » et financier, les acteurs du secteur devront concilier innovation technologique et responsabilité environnementale. Jus Mundi souligne que le cadre réglementaire européen, notamment à travers l’AI Act, « favorise l’innovation autour d’une IA responsable et durable ».
Les entreprises européennes du secteur juridique pourraient ainsi « bénéficier d’un avantage compétitif en ce qu’elles proposeront des outils homologués, et auront des pratiques de sécurité et de développement encadrées. »
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