RH et IA : pour recruter les intérimaires, Adecco mise sur… Salesforce
Adecco n’a pas choisi une IA spécialiste des RH pour automatiser des parties de son processus de sélection d’intérimaires, mais sur l’IA « agentique » de Salesforce. Un pari qui doit lui permettre de mieux gérer le flux ininterrompu d’ordre et de candidatures, mais qui réussira aussi en prenant en compte les dimensions éthiques (transparence, etc.).
Le spécialiste de l’intérim Adecco doit faire face à un volume toujours plus important de candidatures et à un flux interrompu d’ordres de la part de ses clients. Aujourd’hui, c’est plus de 300 millions de CV par an qu’il doit par exemple gérer. D’où l’idée de mettre un peu – voire beaucoup – d’Intelligence artificielle dans le process pour gagner du temps (et donc de l’argent).
Mais pour le faire, Adecco ne s’est pas associé à un spécialiste du recrutement. Il a plutôt regardé du côté du CRM et de Salesforce. Un choix étrange au premier abord, mais pas tant que cela si l’on considère la manière dont Salesforce creuse son sillon dans l’IA, avec Agentforce, des agents qui promettent d’automatiser des tâches de bout en bout, en interrogeant différents systèmes (ERP, paie, SIRH, etc. – bien au-delà du CRM).
L’objectif affiché par Adecco avec l’IA agentique est d’accroître l’efficacité de ses recruteurs et d’améliorer l’expérience candidat. Dans un tout autre secteur, General Motors a confié lors d’un évènement Gartner qu’il avait la même ambition. Le géant automobile américain souhaite passer d’un temps de recrutement de 60 jours à 60 minutes pour ses travailleurs temporaires.
Que fera concrètement l’agent recruteur chez Adecco ?
Concrètement, l’agent de Salesforce sera utilisé pour automatiser l’analyse des CV et identifier les candidats qui correspondent le mieux aux critères des postes à pourvoir. Inversement, l’agent pourra proposer aux recruteurs une sélection de postes, les mieux adaptées, aux profils de chaque candidat.
Dans ces deux cas, l’IA comparera les compétences et l’expérience des candidats aux offres d’emploi disponibles.
Autre cas d’usage envisagé, l’IA « facilitera l’interaction avec les candidats 24 h/24 et 7 jours sur 7 ». Les deux partenaires ne disent pas comment, mais l’on peut penser qu’il s’agira d’un chatbot en mode self-service.
Enfin, l’agent IA pourra contacter les candidats et planifier des entretiens à des moments qui conviennent à la fois au recruteur et au candidat.
Un tournant majeur dans le recrutement d’Adecco
Adecco considère cette stratégie comme un tournant qui doit lui permettre de « passer de relations en “un à un” à une relation “millions à millions” » – pour reprendre l’expression de Denis Machuel, CEO d’Adecco dans une vidéo qui promeut cette alliance.
Adecco avait déjà du Salesforce en interne, ce qui a certainement facilité la décision d’utiliser Agentforce. Un autre facteur mis en avant, officiellement cette fois, est la facilité de paramétrage et d’utilisation de l’outil.
Éthique et explicabilité
L’IA – en particulier le matching et le scoring – dans les RH est un sujet brûlant, particulièrement encadré par l’IA Act qui le considère comme un cas d’usage sensible et critique. C’est aussi celui qui a amené Workday devant les tribunaux américains.
Pour répondre à ces problématiques, Salesforce propose nativement des outils d’explicabilité des raisonnements de son agent. Mais ces points (transparence, information des candidats, prise en compte des biais, etc.) – peu abordés dans l’annonce – resteront centraux dans le succès de ce projet à très grande échelle.
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