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Pega GenAI Blueprint doit accélérer le prototypage…et le cycle de vente
Conçu comme un accélérateur des prototypes applicatifs et – à l’avenir de migrations vers Pega Cloud –, Pega GenAI Blueprint est, actuellement, avant tout un démonstrateur apprécié des commerciaux de Pegasystems.
Comme chez les autres éditeurs, l’IA générative a envahi la feuille de route de Pegasystems. Le spécialiste du case management espère fluidifier le déploiement d’applications, ainsi que proposer des services dignes de l’ère de l’IA agentique.
En ce sens, entre 2023 et 2024, Pega a annoncé la disponibilité générale de sa gamme de produits GenAI, dont Blueprint, Knowledge Buddy, Coach, Analyze, Automate et Socrate.
Blueprint, le fleuron de la gamme GenAI de Pega
Pega met surtout en avant GenAI Blueprint. Celui-ci permet de décrire un problème métier en langage naturel afin de générer un prototype d’application. Ce « blueprint » peut ensuite être téléchargé ou exporter dans un environnement Pega.
Depuis sa disponibilité en accès anticipé en février 2024, plus de 60 000 « blueprints » auraient été créés. Ce produit bénéficierait de la plus forte croissance d’adoption dans l’histoire de Pega. Rien que ça.
Et Sylvain Harault, directeur Solutions Consulting EMEA chez Pegasystems, de faire la démonstration de l’outil auprès du MagIT. Le directeur solutions consulting a pris l’exemple d’une application destinée au secteur pétrolier et gazier, spécifiquement pour le département Exploration et Production. Un sujet que le directeur avant-vente maîtrise. « Mon premier métier, c’était géo-statisticien», déclare le diplômé de Mines Paris, un brin nostalgique.
Après avoir décrit le besoin d’une solution de gestion des données de sondage et de prévision des ressources des gisements d’or, l’outil a automatiquement généré un squelette d'une application basée sur des cas. Celle-ci comprend divers processus, tels que les autorisations réglementaires, les opérations de forage, la collecte de données, l’estimation des richesses et l’analyse des risques environnementaux.
Il est ensuite possible d’ajouter des fichiers BPMN, DDL ou YAML pour formaliser respectivement les processus, les données, et les flux entre systèmes.
« Nous avons des clients qui ont déjà modélisé leur processus à travers la méthodologie BPMN, mais qui ont du mal à transformer leurs SI », indique le responsable.
Sylvain Harault a également expliqué comment personnaliser les processus, intégrer des fonctionnalités d’intelligence artificielle générative, et prévisualiser l’application engendrée, y compris sur des appareils mobiles.
Par exemple, il est possible d’insérer des résumés d’informations fournis par un LLM se référant aux étapes précédentes d’un processus.
Enfin, il a souligné les options de gestion des référentiels de données et les possibilités d’exporter ou d’importer le blueprint dans des environnements Pega.
Pour l’instant, il est possible d’importer un modèle de données existant dans Blueprint, mais l’outil ne peut pas encore en créer de lui-même. C’est un sujet à l’étude chez Pega, selon Sylvain Harault.
« Historiquement, nous faisons du “wrap and renew”, c’est-à-dire que nous arrivons dans une entreprise pour placer notre plateforme et des processus par-dessus des systèmes existants », rappelle-t-il. La génération de modèles de données devrait faciliter les déploiements applicatifs de type greenfield et le remplacement de SI existants. C’est en tout cas la volonté de l’éditeur à long terme, comme en témoignent les propos d’Alan Trefler, PDG de Pegasystems, lors de la présentation des résultats financiers du troisième trimestre fiscal 2024, le 24 octobre dernier. De fait, l’adoption de Pega Cloud, bien qu’en croissance, n’est pas encore au niveau espéré par l’éditeur. Il anticipe davantage de migrations entre 2025 et 2026.
Une machine à démonstrations
En attendant, GenAI Blueprint serait mis à jour « toutes les semaines ».
L’outil doit essentiellement fluidifier le prototypage d’applications. « Le déploiement est encore un sujet sensible », estime Sylvain Harault. « Blueprint permet surtout d’accélérer la création de pilotes et les premières étapes de développement ».
Sylvain HaraultDirecteur Solutions Consulting Pan-EMEA, Pegasystems
Il faut également prendre en compte le modèle économique principal de Pegasystems. L’éditeur facture ses clients au nombre de cas déployés, ce qui limiterait l’usage de la plateforme Pega Infinite pour des projets pilotes et les tests en production, selon Gartner.
Blueprint est surtout devenu l’instrument de démonstration de Pega pour présenter les capacités de sa plateforme aux clients.
« Cela a changé complètement notre cycle de vente », avance le responsable.
Non seulement les ingénieurs avant-ventes de Pega se rendent chez les clients avec des prototypes applicatifs à partir de briefs obtenus au préalable, mais ces derniers seraient également proactifs.
« Récemment, un de mes clients avait préparé trois “blueprints” avant mon arrivée », assure Sylvain Harault. « L’appropriation est forte ». Un discours similaire de celui d’Alan Trefler auprès des analystes financiers. Pour autant, les porte-parole de l’entreprise sont élusifs au moment de mentionner les retombées économiques d’un tel outil.
Selon Pega, un LLM ne doit pas devenir l’unique orchestrateur de processus
Qu’importe, l’éditeur mise sur l’identification affinée des cas d’usage en vue de convaincre ses clients d’étendre les déploiements ou d’en lancer de nouveau à large échelle.
Sylvain HaraultDirecteur Solutions Consulting, Pan-EMEA, Pegasystems
Reste que Pegasystems se frotte d’un côté à des acteurs comme Appian (avec qui il est en procès) et ServiceNow et de l’autre, à Salesforce.
En matière d’IA générative, selon Sylvain Harault, l’éditeur irait « aussi vite, voire plus vite que ses compétiteurs », dont ServiceNow, Salesforce ou Microsoft.
Selon Alan Trefler, qui considère que ses concurrents ont provoqué une certaine confusion sur le marché avec leurs efforts marketing, un outil comme Blueprint serait plus transformateur que l’infusion de « fonctionnalités d’IA » dans des processus existants. Le PDG insiste sur le fait que le cœur du système demeure le moteur de gestion des cas et de flux de travail. Contrairement à Salesforce, Pega ne croit pas que lui et ses clients sont prêts à confier les clés de l’orchestration des processus à un grand modèle de langage.
« Dans les débats actuels, l’idée que l’IA pourrait remplacer l’humain domine. Pourtant, l’humain devient encore plus important qu’auparavant, car il est indispensable pour orchestrer et coordonner l’ensemble de ces transformations », considère Sylvain Harault.
Les autres services de la gamme GenAI
Knowledge Buddy est un assistant pour les métiers ou les clients s’appuyant sur une architecture RAG pour interroger une base documentaire dans Pega Cloud. GenAI Coach est une extension intégrée à Pega Sales Automation et Platform. Concrètement, GenAI Coach est un assistant métier qui doit proposer des conseils personnalisés en s’appuyant sur des prompts. Ici, l’architecture RAG peut servir à affiner les recommandations fournies par le LLM sous-jacent.
Pega GenAI Analyze est un équivalent de Tableau Agent. Il doit faciliter la création de visualisation de données à partir des dossiers (cas) enregistrés dans les applications bâties sur Pega Cloud.
Quant à Automate, il doit aider les agents et les équipes commerciales à prérédiger des mails ainsi qu’à générer des simulations dans le cadre de leur formation.
Enfin, Pega Socrates est un outil pour former les développeurs et les citizen developers à exploiter les fonctionnalités de conception low-code/no-code de sa plateforme.
Ses services sont opérés depuis Pega Cloud. L’éditeur propose également Prembridge, une intégration avec Pega Platform permettant d’utiliser les services GenAI distants. Il minimiserait l’envoi de données vers le cloud, sans exposer d'informations confidentielles.
Suivant la tâche à accomplir, l’éditeur exploite les modèles d’OpenAI, ceux hébergés sur AWS à travers Amazon Bedrock et sur Google Cloud, via Vertex AI.
Par ailleurs, l’ensemble des services GenAI alimente d’autres solutions de l’éditeur. Le 11 décembre, Pega a présenté l’intégration de l’IA générative dans Smart Dispute Enterprise Edition, outil de gestion de litiges et de réclamations ciblant les banques.
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