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Kubernetes, OpenTelemetry, .NET : Salesforce rénove sa PaaS Heroku

Bien moins populaire que par le passé, mais toujours debout, Heroku compte reprendre du poil de la bête en modernisant sa pile technologique sur les standards du marché : Kubernetes, OpenTelemetry et les images OCI.

Salesforce prévoit une modernisation majeure de Heroku, sa PaaS, en ajoutant la prise en charge d’Amazon Elastic Container Registry, d’AWS Global Accelerator, d’Elastic Kubernetes Service, des processeurs AWS Graviton et d’Amazon Bedrock.

La plateforme Heroku Next Generation (ou Fir pour les intimes), comme l’éditeur l’appelle, a été présentée cette semaine lors de la conférence AWS re:Invent 2024. Certaines de ses fonctionnalités sont en version bêta publique, et d’autres seront disponibles en 2025.

La prévalence de Kubernetes et la montée en puissance des apps d’IA sont deux tendances qui imposaient une mise à jour aussi importante d’Heroku si Salesforce voulait poursuivre sa plateforme PaaS, selon l’analyste Rebecca Wettemann, fondatrice de Valoir. De nombreux développeurs travaillent avec le fameux orchestrateur pour conteneuriser des applications dans des environnements cloud, et un nombre croissant d’entre eux y intègrent l’IA, notamment des apps autonomes dans Agentforce.

« La mise à jour élargit la capacité d’Heroku à s’adresser à ces publics », avance-t-elle.

En outre, Heroku prend désormais en charge OpenTelemetry, une norme que les développeurs et les administrateurs utilisent pour surveiller et mesurer la santé des applications. La prise en charge du standard open source permet aux développeurs Heroku de diffuser des métriques telles que la santé de l’application, la santé du conteneur et d’autres journaux dans des systèmes qui visualisent les données d’un seul coup d’œil, précise Gail Frederick, responsable de la technologie Heroku chez Salesforce. Heroku prendra (enfin) en charge les images Open Container Initiative (OCI) en sus des Cloud Native Buildpacks, que l’éditeur a cocréées avec Pivotal (acquis par VMware, désormais sous l’égide de Broadcom).

« C’est passionnant pour nous parce que nos clients peuvent prendre ce flux moderne de métriques et le brancher sur n’importe quel collecteur OpenTelemety dans l’écosystème qu’ils souhaitent [utiliser pour] visualiser – et il y en a une foultitude », assure Gail Frederick.

Prise en charge de .NET

Heroku a également ajouté la prise en charge de .NET, une plateforme open source longtemps associée au développement d’applications Microsoft. Les développeurs, principalement ceux œuvrant dans l’écosystème Salesforce, peuvent désormais construire avec ce langage et développer des applications en C#, F# et Visual Basic, ainsi que dans les autres langages pris en charge par Heroku, notamment Clojure, PHP, Go, Java, Node.js, Python, Ruby et Scala.

« Nous hébergeons des millions d’applications sur Heroku – nos développeurs font toutes sortes de choses. Ce qu’ils demandent, c’est du choix. Et .NET est un langage de programmation populaire ».
Gail FrederickResponsable de la technologie Heroku, Salesforce

La prise en charge de .NET – un langage lancé en 2002, qui a commencé par être exclusivement réservé à Windows, mais qui a évolué vers un environnement multi-plateforme – est une initiative, selon Rebecca Wettemann.

« Je pense qu’il s’agit d’une question de choix pour les développeurs », avance Gail Frederick. « Nous hébergeons des millions d’applications sur Heroku – nos développeurs font toutes sortes de choses. Ce qu’ils demandent, c’est du choix. Et .NET est un langage de programmation populaire ».

Les options tarifaires d’Heroku vont de 7 dollars par mois pour un plan de base à 40 000 dollars par mois pour un produit complet.

Une modernisation nécessaire

Ces dernières années, Heroku a été concurrencé par des fournisseurs de PaaS tels que Railway et Fly.io. D’autres acteurs, dont les Français Platform.sh et Scalingo ont principalement attiré des startups et des agences Web, mais également de plus grands groupes ayant décidé d’exploiter ces plateformes comme leur forge applicative Web. Outre le fait que Salesforce s’est concentré sur les besoins de plus grands groupes avec Heroku et a mis fin au forfait gratuit, les clients ont remarqué une certaine rigidité par rapport aux PaaS plus récentes, des prix élevés et surtout une dégradation du support client. Malgré tout, Heroku continuerait d’exécuter 65 millions d’applications pour 38 millions de data stores et aiderait à gérer 65 milliards de requêtes par jour, selon un blog de l’éditeur.

Next Generation commence par un pilote pour les espaces privés, des environnements dédiés pour exécuter des extensions d’Heroku au sein d’un réseau isolé. Prochainement, la filiale de Salesforce entend prendre en charge l’exposition d’applications à travers AWS VPC PrivateLink et AWS Transit Gateway. Elle étendra l’isolation des charges de travail et les cas d’usage de sandboxing. Surtout, elle compte ajouter des fonctions de génération de SBOM (Software Bill of Materials) et de signatures chiffrées de paquets. Ces deux points deviennent obligatoires aux États-Unis et en Union européenne.

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