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L’IT et le marketing sont friands d’IA, la finance et les RH beaucoup moins (KPMG)

Une étude menée par KPMG et le Think Tank « Les EnthousIAstes » met en lumière l’impact croissant de l’IA dans les fonctions RH, finance, marketing et IT. Mais l’adoption reste très inégale, et des freins – dont l’empreinte environnementale – restent forts.

L’intelligence artificielle s’impose comme un levier stratégique au sein des grandes fonctions de l’entreprise en France, selon une étude réalisée par KPMG en collaboration avec le think tank « Les EnthousIAstes ».

L’étude, Trends of AI, menée auprès de 212 experts en septembre et octobre 2024, met en évidence l’adoption différenciée de l’intelligence artificielle à travers quatre fonctions clés : marketing, ressources humaines (RH), finance et informatique (IT).

Les marketeurs, leader de l’IA

Dans le marketing, l’IA serait déjà largement adoptée. Plus de la moitié des marketeurs (54 %) utiliseraient l’IA pour la traduction et 47 % pour la création de contenus visuels. Un tiers d’entre eux l’emploieraient également pour personnaliser les communications clients.

Ces différents outils permettraient plus globalement aux entreprises de réduire leurs dépendances aux agences et à leurs prestataires.

Il n’en reste pas moins que l’IA reste utilisée avec prudence dans les tâches plus stratégiques (élaboration de campagnes ou lancement de produits). Les entreprises restent très attachées à la créativité humaine qu’elles jugent essentielle pour leurs images de marque.

La finance, très prudente

On retrouve cette même prudence, mais de manière plus transverse, dans la fonction Finance.

Les DAF auraient encore une adoption limitée de l’IA (avec un taux de déploiement entre 13 % et 16 %) principalement pour des cas d’usage liés à la détection de fraudes et à l’amélioration de la qualité des données et leurs traçabilités.

Car l’IA dans la finance serait freinée par des systèmes de données complexes, en plus des obligations réglementaires.

« Transformer le métier Finance avec la Data et l’IA, ce n’est pas simplement développer des outils et des algorithmes ; c’est aussi et surtout bien penser l’articulation entre l’humain et les algorithmes tout en clarifiant le sens et la valeur qu’on veut donner à cette interaction », ajoute Hélène Doré, transformation officer finance L’Oréal, en commentaire de cette étude.

RH : des perspectives, mais une adoption lente

Ces contraintes légales autour des données sensibles sont également un frein pour les RH qui, de leur côté, explorent l’IA pour personnaliser l’expérience des collaborateurs.

L’IA ouvre des opportunités pour le recrutement, la formation ou encore la gestion de la marque employeur (lire sur ce point notre dossier « Cas d’usage de l’IA dans les RH »).

Par exemple 45 % des entreprises envisagent d’utiliser l’IA pour préqualifier les CV, et 20 % s’appuient déjà sur elle pour générer des documents RH.

« L’IA redéfinit complètement la manière dont on recrute, retient les talents et gère les carrières », confirme Laura Pho Duc, Transformation Executive Director, LVMH Recherche.

Les RH sont par ailleurs un acteur clé pour gérer la transformation des compétences au sein des entreprises et pour l’accompagnement au changement des projets d’IA dans d’autres départements.

IT : un rôle transverse dans l’adoption de l’IA

Ce rôle transverse est aussi celui de la DSI et de l’IT.

Côté cas d’usage appliqués, la cybersécurité semble mature, comme le test logiciel, tandis que l’assistance à la programmation avec l’IA générative connaît une adoption croissante. Ces « Turing bots », comme les appelle Forrester, seraient même déployés, en production ou en phase de tests, chez près de 40 % des répondants.

Les DSI se concentrent aussi sur la formation des équipes pour limiter les risques liés à ces technologies (ML, GenAI, etc.), avec 80 % des responsables ayant lancé des initiatives d’acculturation à l’IA.

« L’IA est une opportunité pour l’IT d’accroître son leadership interne », souligne l’étude.

Un ROI encore difficile à démontrer

L’étude de KPMG souligne néanmoins que le retour sur investissement (ROI) resterait difficile à évaluer. Cette incapacité à prouver un bénéfice concret freinerait les investissements.

L’étude souligne également d’autres défis communs, comme les biais algorithmiques, la conformité réglementaire sans oublier l’impact environnemental que 31 % des répondants voient comme un frein stratégique à l’implémentation des cas d’usages IA.

« Cette étude sur l’impact de l’IA au niveau de quatre métiers clés […] confirme que s’il est désormais évident que cette technologie offre de nouvelles perspectives business et des leviers de performance, son intégration dans les organisations revêt de multiples challenges », résument Axel de Goursac, associé AI Lead, et Sébastien Denoual, associé Tech Strategy & Transformation de KPMG en France. « Difficultés à en quantifier le retour sur investissement, freins technologiques, compétences à sourcer ou à développer, enjeux éthiques et environnementaux et résistance au changement figurent parmi les principaux défis liés à l’IA soulevés par les dirigeants. » 

L’étude a été construite avec 80 experts issus de grandes entreprises (BPCE, Orange, LVMH Recherche, L’Oréal, Veolia, Carrefour, Michelin, Renault Group, SNCF Connect & Tech, RATP Dev, Suez, Back Market, Les Mousquetaires, etc.).

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