Virtualisation : HPE lance VME pour concurrencer VMware

Le constructeur combine l’hyperviseur Open source KVM avec les technologies rachetées cet été à Morpheus pour bâtir une plateforme de virtualisation en cluster qui pourra même servir d’infrastructure de cloud hybride.

Une nouvelle alternative à VMware. C’est en substance ce qu’Antonio Neri, le PDG de HPE, a laissé entendre à propos de la nouvelle solution de virtualisation HPE VM Essentials (VME) que le constructeur a dévoilé lors de son salon annuel HPE Discover à Barcelone.

« Le gros avantage par rapport à VMware est le coût. VME est facturé au nombre de processeurs physiques dans les serveurs, alors que les solutions de VMware sont facturées au nombre de cœurs dans les processeurs. Même si je ne peux pas vous donner de comparatif de prix exact, comptez que VME vous reviendra moins cher dès lors que vous utilisez des processeurs qui ont plus de 32 cœurs », explique au MagIT le responsable du stand VME sur le salon HPE Discover. L’intéressé a demandé que son nom ne soit pas cité dans l’article.

Depuis la fin de l’année dernière et son rachat par Broadcom, VMware oblige désormais ses clients à s’abonner à une offre globale qui comprend tous ses produits, y compris ceux dont les entreprises n’ont que faire. Puisque cela se traduit généralement par une forte augmentation de coût de ces logiciels, d’autres fournisseurs bataillent pour proposer une alternative. Pour s’imposer, VME devra ainsi jouer des coudes avec des solutions déjà présentes sur le marché : Microsoft Hyper-V, Nutanix, Red Hat OpenShift Virtualization, Canonical MicroCloud, ou encore Proxmox.

Une combinaison de KVM et de Morpheus

La solution repose sur l’hyperviseur Open source KVM et sur Morpheus, une suite d’outils rachetée cet été par HPE pour répartir les VM sur un cluster de serveurs. Morpheus apporte à KVM des fonctions de haute disponibilité, de gestion dynamique des charges, de déplacement à chaud des VMs. Sa console d’administration revue et corrigée par HPE d’après celle d’OpsRamp, qui tient dans une seule fenêtre, inclut aussi la gestion des baies de stockage externes et les opérations de sauvegarde, pour l’heure via Cohesity ou Commvault.

« En définitive, VME sert à piloter des clusters KVM, mais aussi des clusters VMware vSphere, ainsi que nos solutions hyperconvergées Simplivity, qui fonctionnent aussi sur du VMware. Mais au-delà de simplement tout voir dans une seule interface globale, Morpheus vous permet de cliquer sur les VM au format VMware pour en faire des VM au format KVM. Dès lors, elles seront gérées par VME et vous ne paierez plus pour elles de licences à VMware », explique l’interlocuteur du MagIT.

Pour autant, il reconnaît que VME est encore loin d’être aussi fonctionnel que VMware Cloud Foundtion (VCF), la plateforme globale que commercialise à présent VMware. « Par exemple, vous n’avez pas à ce stade dans VME les fonctions de NSX [la couche réseau de VMware, N.D.R.]. Mais ce sont des choses qui arriveront dans un second temps. Il ne s’agit ici que de la toute première version de VME », dit l’expert de HPE.

L’enjeu de créer une nouvelle plateforme technique pour le cloud

En version de base, VME peut fonctionner avec n’importe quelle baie de stockage en mode fichier pour que les VM lisent et écrivent leurs données. HPE compte cependant commercialiser une offre Private Cloud Business Edition qui, elle, saura partager des baies de stockage en mode bloc – a priori des Alletra de HPE – entre toutes les machines virtuelles. Le mode bloc est plus rapide pour utiliser les images-disque des VM et pour exécuter des bases de données au sein de ces VM. Surtout, via Morpheus, il permet de mieux répartir les accès entre différentes applications, comme on le fait en cloud.

Techniquement, la version Private Cloud Business Edition a ceci de différent qu’elle gère aussi dHCI, à savoir la plateforme de virtualisation en cluster que HPE propose déjà depuis des années. La solution dHCI fonctionnait initialement à partir de serveurs HPE ProLiant sous VMware et de baies de stockage HPE Nimble (entretemps renommées Alletra 5000 et Alletra 6000). Désormais, ces clusters pourraient être migrés au format KVM.

En fait, VME Private Cloud Business Edition pourrait à terme donner une consistance un peu plus technique à l’offre Greenlake Cloud platform. Ce contrat commercial consiste aujourd’hui à louer aux entreprises des licences mensuelles pour les machines virtuelles qu’elles utilisent, que ces VMs soient exécutées sur site dans des serveurs ou qu’elles se lancent depuis des infrastructures en cloud fournies par des hyperscalers partenaires de HPE.

L’idée de Greenlake Cloud platform est que les entreprises ne paient pas pour deux infrastructures quand elles déplacent leurs applications d’un datacenter vers un cloud. Pour autant, il faut jusqu’à présent convertir les VM du datacenter au format des VM en cloud. Cette fonction est globalement automatisée via un autre produit de HPE, Zerto.

Avec VME Private Cloud, il s’agirait d’avoir le même format, les mêmes règles de fonctionnement et les mêmes paramètres entre le site d’origine et un cloud privé déployé chez un partenaire. Cela simplifierait drastiquement les efforts de cloud hybride. Et c’est d’ailleurs le modèle que suit aussi VMware avec VCF.

« Aujourd’hui, Greenlake Cloud platform vous permet de passer d’un datacenter sous VMware à des machines virtuelles exécutées sur AWS et Azure. Mais VME Private Cloud ne sait pas encore techniquement faire le pont entre les deux avec des VM au format KVM de part et d’autre. Cette fonctionnalité arrivera au printemps 2025 », assure l’expert de HPE.

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