Microsoft infuse Copilot à tous les étages de la Power Platform

Outre son AI Foundry pour les développeurs, lors de sa conférence Ignite 2024, le groupe a présenté l’infusion de l’IA générative dans Power Platform. Selon Gartner, les clients sont plus attentifs à la disponibilité des fonctions avancées de gouvernance et de sécurité.

Power Platform est la suite d’outils low-code/no-code de Microsoft comprenant Power Apps, Power Automate, Power Pages, Power BI et Copilot Studio. 

Les agents « autonomes » de Copilot Studio

Ce serait plus de 600 000 entreprises et entités qui auraient utilisé des fonctionnalités d’IA générative, dont Copilot, à travers la Power Platform. Une statistique multipliée par quatre si l’on compare à l’année dernière.

Justement, dans Copilot Studio, Microsoft a présenté la préversion des « agents autonomes », c’est-à-dire des agents propulsés par de grands modèles de langage capables d’exécuter des tâches de manière indépendante. « Ils planifient de manière dynamique et tirent des enseignements des processus, s’adaptent aux conditions changeantes et prennent des décisions sans avoir besoin d’une intervention humaine constante », affirme Charles Lamanna, vice-président corporate, Business & Industry Copilot chez Microsoft, dans un billet de blog.

« Ces agents autonomes peuvent être déclenchés par des changements de données, des événements et d’autres tâches d’arrière-plan, et pas seulement par le biais d’un tchat », ajoute-t-il.

Cette capacité est rendue possible par l’introduction d’un outil nommé « Event triggers ». Celui-ci déclenche un flux de travail après que l’agent a reçu une charge utile (un fichier JSON) à travers un connecteur. Suivant l’événement et ses variables, le développeur de l’agent précise les actions qu’il peut prendre, par exemple, identifier le sujet d’un mail, en faire un résumé et créer une tâche dans Planner (l’équivalent de Trello ou Asana dans l’écosystème Microsoft).

Low-code, RPA, agents : des copilotes pour tous les utilisateurs

En parallèle, Microsoft a annoncé les préversions d’agent library, un moyen de réutiliser des composants, c’est-à-dire des déclencheurs, des actions, des sujets de conversation (une liste de conditions indiquant comment un agent doit interagir dans certaines situations), des sources de connaissance, etc.  

La préversion d’Agent Builder dans Power Apps, elle, permet de reprendre les bases de connaissances, sujets, logiques, actions existantes développées avec Power Virtual Agents avant qu’il ne s’appelle Copilot Studio. L’objectif ? Ne pas reconcevoir des éléments déjà en place.

En décembre 2024, Power Apps aura également le droit à la préversion publique de Plan Designer. Ici, il s’agit de s’appuyer sur les capacités de « raisonnement » du modèle sous-jacent à Copilot (GPT-4o) pour aider les métiers et les citizen developers à concevoir l’architecture de l’application (l’ensemble des composants nécessaire à son fonctionnement) et le modèle de données associées à partir d’un problème métier et des rôles qui l’utiliseront. Ce processus est itératif. Une fois que les différents éléments répondent aux besoins des participants, Plan Designer crée le template applicatif pouvant être modifié dans Power Apps.

Wells Fargo a pu tester la fonctionnalité et modifié l’interface de l’application afin de la personnaliser suivant ses besoins et en la connectant à une source de données autre que Dataverse. En outre, Copilot est utilisé pour générer des expressions Power Fx (le DSL de Power Apps tiré tout droit d’Excel) et pour traiter des documents en mode OCR. Pour avoir déjà pu tester Power Apps, LeMagIT comprend que Microsoft entend accélérer le processus de développement, notamment pour les néophytes de PowerFX et du BPMN à qui le dispositif évite de partir d’une feuille blanche.

Après deux mois de préversion privée lancée en septembre, Microsoft indique qu’une centaine d’entreprises ont pu tester Plan Designer.

Un agent sera par ailleurs consacré au remplissage de formulaires, une des raisons les plus courantes d’utiliser Power Apps.

Copilot Studio offrira, lui, la possibilité de partir d’une application Power Apps pour en tirer un agent. Les principales fonctionnalités sont traduites en prompts afin de traiter des processus manuels répétitifs. « Cela sera très utile aux entreprises qui ont déjà plusieurs applications Power Apps en interne », assure Ryan Cunningham, vice-président, Power Platform Intelligent Apps chez Microsoft. Là encore, il faut attendre le mois de décembre pour accéder à une préversion publique.

En outre, dans quelques semaines, les utilisateurs pourront personnaliser les agents « sur étagère » proposés par Microsoft. « Il sera possible d’ajouter des actions, des sources de connaissance, de consulter les activités, etc. Cela s’applique aux agents que nous développons et aux vôtres », promet Ryan Cunningham.

L’IA générative pour réparer les bots RPA dans Power Automate

Quant à Power Automate, la suite d’automatisation et RPA de Microsoft, elle aussi a le droit à un « lifting » à l’IA générative. Ici, les modèles GPT-4o effectuent l’extraction de données depuis des documents semi-structurés ou non structurés – des e-mails, des factures, etc. – au format PDF, JPEG, PNG. Les résultats peuvent être sauvegardés dans un fichier au format JSON.

De la même manière que Plan Designer, Power Automate disposera d’une fonction en accès anticipé qui s’appuie sur un LLM pour déterminer la prochaine action dans un flux d’automatisation. Ce choix sera effectué en fonction de conditions exprimées en langage naturel. Par exemple, le LLM vérifiera que tous les éléments requis par la politique de l’entreprise figurent sur une facture avant son envoi par mail.  

Power Automate dispose d’un lot d’expressions afin de personnaliser les flux automatisés. Là encore, le géant du cloud fait intervenir Copilot afin de générer ces expressions à partir d’un prompt.

Autre capacité spécifique, l’intégration en préversion d’une fonction Copilot doit permettre de se renseigner sur les flux d’automatisation existants référencés dans le centre dédié à Power Automate. Depuis l’interface Desktop, il sera aussi possible d’obtenir et d’appliquer des recommandations afin de réparer de bots RPA supervisés et non supervisés.

Davantage d’options de gouvernance opérationnelle et de sécurité

Évidemment, l’infusion de modèles d’IA reconnus pour leurs hallucinations dans des processus métier semble inquiétante sur le papier. Pour rassurer ses clients, disent les porte-parole, Microsoft entend renforcer les fonctionnalités de gouvernance de la sécurité et des opérations.

Il y a d’abord l’ajout d’une interface de supervision accessible par les « makers » – les développeurs et les citizen developers – depuis l’UI de Power Apps. Celle-ci doit permettre de vérifier le bon fonctionnement des applications créées avec la suite low-code/no-code. Cette vue donne des indicateurs sur la cause profonde d’un problème. Les administrateurs ont accès au même tableau de bord enrichi. 

« Depuis la même interface, je peux accéder aux changements effectués par les “makers” ainsi que par les développeurs professionnels qui ont récemment effectué un commit depuis un dépôt Git. »
Clay WesenerPartner GPM, Power Apps Studio, Microsoft

Surtout, la console d’administration donne accès à une vue de l’ensemble des composants utilisés pour faire fonctionner une application. Microsoft avait déjà fait en sorte que les citizen developers et les développeurs puissent collaborer à travers Power Apps, mais l’intégration avec Git donne une « vue complète du code source ». « Depuis la même interface, je peux accéder aux changements effectués par les “makers” ainsi que par les développeurs professionnels qui ont récemment effectué un commit depuis un dépôt Git », explique Clay Wesener, partner GPM, Power Apps Studio chez Microsoft.

Le déploiement peut être effectué depuis la console d’administration afin de déployer les changements depuis un formulaire préconfiguré.

Un maker peut également consulter l’ensemble des déploiements effectués et obtenir une note générée par un LLM concernant la révision des changements par un admin et être consulté pour valider un changement de la même manière.

Les administrateurs ont une vue centralisée sur les déploiements des applications et des agents.

Depuis l’onglet sécurité, ce même centre d’administration fournit en préversion un score concernant le niveau de cyberprotection des tenants déployés. La même fournit une liste d’actions prioritaires afin de diminuer les risques signalés par la console. L’accès aux paramètres de configuration de ces tenants se fait depuis la même interface.

« Il ne s’agit pas seulement de produire un score, mais de simplifier l’application des bonnes pratiques concernant la gestion fine des rôles et des accès aux applications et aux données dans Dataverse, l’ajout d’une IP à un pare-feu, la configuration de VNET ou encore d’ajouter une clé de chiffrement d’un client », vante Ryan Cunningham. « Nous proposons des fonctionnalités qui n’existent pas ailleurs sur le marché du low-code ».

Les fonctionnalités de sécurité avancées seront toutefois accessibles aux clients ayant opté pour des licences « premium » de Power Platform. Elles couvrent les environnements Power Apps, Power Automate, Copilot Studio et Microsoft Dynamics 365.

Combler les trous dans la raquette signalés par Gartner

Microsoft est loin d’être le seul éditeur de solutions low-code/no-code à infuser des fonctions d’IA générative. Outsystems, Pega, Appian, Mendix et ServiceNow – sans oublier de mentionner Salesforce, Oracle et SAP – ont tous pris cette direction.

Si la proximité de Microsoft avec OpenAI semble lui conférer une longueur d’avance en matière d’IA générative, dans son Magic Quadrant d’octobre 2024 consacré au low-code/no-code, Gartner signale que Microsoft accuse un certain retard pour servir le développement d’applications plus complexe avec la Power Platform, ainsi que dans la gestion de gouvernance. D’où les ajustements présentés plus haut.

Or, Microsoft est aussi pointée du doigt pour la gestion de ses licences, à la fois chères et complexes. Là encore, le géant de Redmond a quelques réponses. D’abord, la console admin de Power Apps permet de visualiser les licences relatives au tenant. Enfin, Copilot Studio sera accessible sous un modèle de souscription annuelle (comme c’est le cas aujourd’hui), ou à la consommation dans un mode pay-as-you-go. Ces points d’attention sont plus saillants au vu de la taille de la base installée. « Gartner estime que Microsoft Power Apps possède la plus grande base d’utilisateurs de toutes les plateformes d’application Low-code d’entreprise », notent les analystes.

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