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Enterprise Search : le Français ChapsVision s’empare de Sinequa

Le groupe d’éditeurs ChapsVision met la main sur Sinequa afin d’enrichir son offre et sa plateforme de traitements de données ArgonOS, celle qui est vouée à remplacer Palantir au sein de la DGSI.

Le Français ChapsVision annonce l’acquisition de Sinequa, un spécialiste de la recherche dite « cognitive » en partie concurrent d’Elastic, pour un montant inconnu.

Pour ce faire, ChapsVision réalise une levée de fonds de 85 millions d’euros, sa troisième depuis 2022, pour un total officiel de 275 millions d’euros. L’opération financière est réalisée auprès de Tikehau Capital, Bpifrance, Qualium Investissement, GENEO Capital, et Jolt Capital. Jolt Capital est le seul nouvel investisseur de ce troisième tour de table. Le fonds parisien a mené la série B de Sinequa (20 millions d’euros), dont il possédait la majorité des parts. Jolt Capital a donc communiqué sur la cession de Sinequa à ChapsVision.

Sinequa, une autre société française créée en 2002 et qui a levé 28,3 millions de dollars au total, s’est illustré dans la recherche sémantique au service de la R&D, des entreprises industrielles, pharmaceutiques, et du secteur public. L’éditeur a autant convaincu les grands groupes en Europe (Société Générale, Total Énergies, Saint-Gobain, Siemens, Thales, etc.) qu’aux États-Unis (la NASA, ExxonMobil, Pfizer, etc.).

Une nouvelle orientation pour Sinequa

« J’ai le plaisir d’annoncer que Sinequa rejoint l’ambitieux projet de ChapsVision fondé […] par Olivier Dellenbach », écrit Alexandre Bilger, architecte en chef chez Sinequa, sur LinkedIn. « Ce faisant, Sinequa apportera toute la force de sa technologie, ainsi que l’engagement et l’expertise indéfectibles de tous ses employés [140 collaborateurs au total N.D.L.R] ».

« Cette technologie est parfaitement complémentaire à notre plateforme ArgonOS et va nous permettre de commercialiser une offre unique dans le traitement massif des données ».
Olivier DellenbachFondateur et CEO, ChapsVision

Alors que sa plateforme était majoritairement déployée sur site, ces trois dernières années, Sinequa a développé son offre SaaS à travers sa solution Search Cloud sur Microsoft Azure. Il permettait déjà de déployer en mode self managed sa plateforme sur Azure, AWS et GCP depuis 2020. Auparavant, l’éditeur comptait principalement sur ses partenaires intégrateurs pour déployer sa plateforme modulaire chez ses clients. Depuis 2023, il s’intéresse à l’intégration de l’IA générative dans sa solution Enterprise Search. Sinequa maîtrisait déjà la recherche vectorielle et a lancé ses premiers assistants GenAI en s’appuyant, entre autres, sur un système RAG, différents grands modèles de langage (Cohere, OpenAI, Gemini, Mistral AI, etc.) et trois SLM fine-tunés.

« Alexandre Bilger et ses équipes ont développé une technologie unique de recherche augmentée par l’IA générative (RAG), reconnue par les analystes [Forrester Research et Gartner, entre autres, N.D.L.R.], utilisée par les plus grandes entreprises au monde sur les cas d’usage les plus exigeants », commente Olivier Dellenbach, fondateur et CEO de ChapsVision, dans un communiqué de presse. « Cette technologie est parfaitement complémentaire à notre plateforme ArgonOS et va nous permettre de commercialiser une offre unique dans le traitement massif des données ».

ChapsVision : 27 acquisitions en cinq ans d’existence

ChapsVision, fondée à Suresnes en 2019, revendique plus de 1 000 clients « grands comptes » et plus de 1 000 employés.

L’entreprise fondée et dirigée par Olivier Dellenbach se développe à travers une « stratégie de croissance externe ». Avec Sinequa, le groupe a réalisé sa vingt-septième acquisition en à peine cinq ans. Certains de ces rachats sont confidentiels puisque liés au renseignement, explique un porte-parole de ChapsVision contacté par LeMagIT.

En conséquence, son chiffre d’affaires a crû de 20 % en 2023 pour atteindre 113 millions d’euros. En novembre 2023, le groupe espérait réaliser 180 millions d’euros de CA, chiffre qu’il devrait dépasser d’ici à la fin de l’année 2024 pour atteindre plus de 200 millions d’euros.

Sur le papier, ChapsVision entend couvrir un large spectre de secteurs avec ses solutions de traitements de données, d’IA, de gestion de la relation client, d’automatisation du marketing, de commerce unifié, de cybersécurité, de gestion de crises (entre autres à travers le rachat de Deveryware en 2022), d’analyse vidéo, d’intelligence économique et stratégique.

ArgonOS est présenté comme le « système d’exploitation de la donnée » qui supporte, au besoin, ces différentes solutions. Outre une console d’administration centralisée, cette plateforme inclut des fonctions de collecte de données brutes (via connecteurs traditionnels, API ou scraping), de préparation et d’exploration de données, en sus de services « cognitifs » (speech to text, extraction d’entités nommées, analyse de sentiments, OCR, computer vision, etc.). Outre l’apport de la recherche sémantique avancée et de l’IA générative, Sinequa enrichira ArgonOS avec sa centaine de connecteurs.

Enrichir la plateforme ArgonOS et remplacer Palantir

Dans les faits, à travers sa branche CyberGov, ChapsVision cherche à égaler son concurrent américain : Palantir. Face à la joint-venture Atos-Thales Athéa, il a été retenu par la DGSI (Direction générale de la Sécurité intérieure) en phase 3 du marché OTDH (Outil de Traitement de Données Hétérogènes), visant à remplacer la fameuse plateforme de l’Américain. ChapsVision a déjà emporté le lot 1 « correspondant au pipeline de traitement de données ».

Il est par ailleurs le seul candidat restant pour le lot 2, celui associé à l’outil de visualisation de données. La DGSI fera son choix en 2025. Là aussi, la synergie avec Sinequa est évidente : il est un habitué des marchés publics. Sa plateforme est déployée chez l’ANDRA, au Conseil d’État, à l’IRSN, au Sénat, au ministère des Armées ou encore au ministère de l’Économie et des Finances.

Jusqu’alors, ChapsVision a principalement une présence en France et dans l’Union européenne. Le rachat de Sinequa lui permet également de s’installer aux États-Unis en s’appuyant sur le bureau new-yorkais du spécialiste de l’Enterprise Search.

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