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Symposium Gartner : pourquoi le succès des transformations digitales est-il si aléatoire ?
La probabilité de succès des initiatives de transformation numérique ne serait que de 48 %, mais collaborer avec des fonctions non IT augmenterait ce taux de réussite de manière très significative, constate le cabinet de conseils.
Moins de la moitié des initiatives numériques atteignent leurs objectifs. D’après une étude réalisée par le cabinet Gartner, seulement 48 % des transformations digitales réussiraient à atteindre (ou à dépasser) les objectifs métiers fixés. La moitié de ces projets sont donc voués à l’échec.
Dans son enquête mondiale annuelle, Gartner a interrogé plus de 3 100 DSI et dirigeants IT ainsi que plus de 1 100 dirigeants non IT (CXO). Les résultats montrent qu’une partie des DSI se retrouve confrontée à ce que Daniel Sanchez-Reina, vice-président analyste chez Gartner, qualifie de « malédiction du succès aléatoire » (« the curse of random success »).
La responsabilité des échecs incombe souvent aux DSI
Daniel Sanchez-Reina explique que, pour lui, l’un des problèmes majeurs réside dans le fait que ces projets sont trop souvent vus en interne comme relevant du périmètre de la DSI.
« Les CXO ne se sentent pas concernés. Ils considèrent que c’est la responsabilité du DSI », constate-t-il. « Les métiers participent au début pour fournir les spécifications et les délais, mais ensuite, ils se désengagent. Lorsque, deux ou trois mois plus tard, le DSI présente la solution, les chances qu’elle corresponde aux attentes initiales sont très faibles, car les métiers ont disparu du processus ».
Collaboration accrue, IT ouverte, succès renforcé
Selon les résultats de l’étude de Gartner, les DSI qui partagent la responsabilité des livrables numériques avec les métiers atteindraient un taux de succès beaucoup plus élevé de 71 %.
Pour Daniel Sanchez-Reina, ce résultat démontre les bénéfices d’une coresponsabilité entre DSI et CXO – qui participent ensemble à chaque étape du projet.
Daniel Sanchez-ReinaVice-président analyste, Gartner
Un autre facteur d’échec viendrait d’une certaine réticence des DSI à partager le contrôle de l’IT.
« Beaucoup de DSI ne veulent pas ouvrir les murs de l’IT pour permettre à d’autres spécialistes technologiques, issus de la finance, du marketing ou des ressources humaines, de participer à la mise en œuvre des initiatives numériques ».
Toujours selon Daniel Sanchez-Reina, certains responsables IT craindraient de perdre du pouvoir ou de l’influence en ouvrant le contrôle des systèmes informatiques traditionnellement gérés par leurs services.
« C’est un mauvais pari, car les PDG ne se soucient pas de savoir si vous réussissez uniquement avec vos équipes IT ou en faisant aussi appel à des personnes extérieures. Ce qu’ils veulent, ce sont des solutions numériques livrées à temps et de qualité ».
Alignement entre métiers et IT : une nécessité stratégique
Pour que les initiatives numériques soient couronnées de succès, Daniel Sanchez-Reina appelle en sens inverse les dirigeants métiers à briser le mur organisationnel qui les sépare de l’IT et à participer davantage à la production des technologies.
Alors que les entreprises deviennent de plus en plus numériques, il faut un alignement entre les métiers et l’IT, et ne plus considérer cette dernière comme un simple fournisseur de fonctionnalités ou de support – résume-t-il, en substance.
Gartner utilise le terme « digital vanguard » (« avant-gardistes ») pour désigner les DSI et les dirigeants métiers qui collaborent étroitement.
« Derrière chaque CXO “digital vanguard”, il y a un DSI “digital vanguard” qui guide et qui soutient les CXO et leurs équipes pour codiriger et co-construire des solutions numériques avec l’IT », a déclaré Daniel Sanchez-Reina.
« Les DSI “digital vanguard” aident leurs homologues CXO à devenir eux aussi des “digital vanguard” », lance-t-il. « Ces DSI facilitent la tâche des CXO pour qu’ils pilotent le numérique avec eux et pour que les équipes métiers élaborent des solutions digitales en collaboration avec l’IT ».
Des plateformes adaptées à tous les métiers
Enfin, d’un point de vue technique, Daniel Sanchez-Reina exhorte les DSI à développer des plateformes utilisables au-delà du périmètre de l’IT. Par exemple via les experts numériques qui travaillent en finance ou en ressources humaines.
Les compétences numériques des collaborateurs extérieurs à l’IT doivent être maintenues à jour afin de permettre une collaboration fructueuse. Ce qui nécessite, plus globalement, une gestion de projet agile.