FinOps : IBM Apptio prépare des intégrations avec Terraform

IBM donne un autre indice sur ses plans pour HashiCorp avec une intégration FinOps en bêta privée, tandis que les liens avec Red Hat restent encore à déterminer.

Les produits Apptio d’IBM ont établi un nouveau lien avec HashiCorp la semaine dernière grâce à des liens avec l’outil de gestion des coûts Cloudability.

Apptio CostGuard, dont la version bêta privée est prévue pour ce trimestre, sera présenté sous la forme d’une application GitHub qui fournira des informations sur les coûts des ressources cloud. Ce plug-in fournira des moyens de vérification avant que les développeurs ne déploient des ressources, telles que des instances Elastic Compute Cloud (EC2), dans le cadre du déploiement d’applications. Les données sur les coûts proviendront des outils d’infrastructure as code, notamment Terraform de HashiCorp.

CostGuard et l’outil IBM Concert AIOps, présenté en mai, donnent un nouvel aperçu de la place qu’occupera HashiCorp dans l’écosystème IBM. Pour rappel, Big Blue est en train d’acquérir le spécialiste de l’IaC pour 6,4 milliards de dollars. Les observateurs du secteur sont toutefois partagés quant à l’utilité d’un shift left de l’approche FinOps.

« Fondamentalement, les décisions techniques qui influent sur les coûts sont toujours prises au stade de l’ingénierie [d’un projet] », considère Tracy Woo, analyste chez Forrester Research, plutôt en faveur de la stratégie d’IBM. « La manière dont les ingénieurs choisissent d’approvisionner les ressources, de construire leurs applications, de gérer leurs charges de travail détermine la facture », poursuit-elle. « Chaque frappe de touche, chaque clic sur un bouton a un coût… Si vous pouvez contacter l’ingénieur de manière proactive, cela peut l’aider à être plus conscient des coûts ».

CostGuard n’est pas le seul outil DevOps à fournir des données sur les coûts aux développeurs. Des éditeurs tels que Harness proposent depuis des années une gestion des coûts intégrée aux pipelines de déploiement continu. Mais alors que les ingénieurs de plateforme prennent les décisions d’infrastructure dans les grands groupes, un autre analyste du secteur s’est montré sceptique quant à la possibilité pour les développeurs de contrôler les décisions relatives aux coûts de l’infrastructure cloud. En particulier au niveau de l’instance individuelle, où CostGuard opère.

« Cela pourrait être intéressant si on leur montrait quelles alternatives de service répondraient à leurs besoins », illustre Rob Strechay, analyste chez TheCube Research. « Mais l’aspect pratique du “dev caring” ou de la modification d’éléments majeurs de l’infrastructure pour réduire les coûts de manière proactive – je suis sûr que certaines entreprises vont adorer cela, mais elles risquent d’être peu nombreuses ».

IBM FinOps s’étend et fait face à la complexité

CostGuard est un élément parmi d’autres dans le lot de mises à jour de la suite de gestion financière IBM Apptio, acquise en 2023 pour 4,6 milliards de dollars. Parmi celles-ci, un accès anticipé à solution combinant Turbonomic (un produit d’exploration et d’automatisation de l’optimisation des services cloud) et les données d’Apptio Costing.

Des connexions étendues sont désormais disponibles entre Cloudability et les entrepôts de données des éditeurs tels que Snowflake et Databricks, la DbaaS Atlas de MongoDB et la suite d’observabilité de Datadog. IBM Apptio a également étendu son partenariat avec Microsoft pour rendre ses outils FinOps disponibles sur la place de marché Azure, en commençant par son SaaS de planification Agile Targetprocess.

Cloudability inclut désormais le reporting des émissions de carbone et ingère les données financières IT via la spécification de données standard FinOps Open Cost and Usage Specification (FOCUS). Cloudability dispose par ailleurs d’un assistant IA reposant sur Watsonx. Il s’intégrera au reste de la suite Apptio au premier trimestre 2025.

« La plus grande question est qu’en dehors de l’intégration d’Apptio et de Turbonomic, il y a encore beaucoup de complexité dans l’ensemble des suites. »
Rob StrechayAnalyste, TheCube Research

Enfin, IBM déploie une version simplifiée d’Apptio appelée Apptio Essentials, qui est livrée avec des ensembles de données intégrés facilitant la prise en main du produit par les utilisateurs.

Ces mesures répondent aux critiques courantes des analystes à l’égard de la suite FinOps d’IBM, à savoir qu’elle est trop complexe, qu’elle est difficile à utiliser et que ses nombreux produits sont peu intégrés.

« La plus grande question est qu’en dehors de l’intégration d’Apptio et de Turbonomic, il y a encore beaucoup de complexité dans l’ensemble des suites. Il est difficile de savoir ce qu’il faut déployer et ce qu’il faut utiliser », confirme Rob Strechay.

Pour cette raison, les autres produits du portefeuille IBM Apptio nécessitent tous des engagements de services professionnels IBM, selon Tracy Woo, ce qui ne fait qu’augmenter leur coût.

« IBM Apptio a beaucoup, beaucoup, beaucoup de capacités, mais il est difficile de s’y retrouver… et cela peut être très coûteux », assure-t-elle.

Gestion des coûts dans le cloud et automatisation

Rob Strechay a qualifié l’intégration de Turbonomic et Apptio, ainsi que l’expansion des connecteurs aux données FOCUS et aux services spécialisés, de « progrès passionnant ».

« Nous savons qu’il existe des complexités de tarification avec Snowflake, Databricks et d’autres. C’est un sujet de premier plan pour la plupart des entreprises lorsqu’elles étendent l’usage leur plateforme de données d’IA », déclare-t-il. « L’intégration d’IBM Apptio et de Turbonomic permet de prendre des mesures pour contrôler les coûts. C’est le Saint-Graal pour les organisations ».

L’intégration entre Cloudability et les outils de développement tels que Terraform indique une tentative similaire de relier la gestion des coûts du cloud à l’automatisation pour que les pratiques FinOps ne soient pas seulement académiques, affirme Rick Villars, analyste en chef chez IDC.

« En particulier avec les nouvelles applications d’IA, les gens disent : “Nous voulons que l’automatisation fasse partie de la conception initiale inhérente” », avance Rick Villars. « “Nous n’allons pas bricoler des processus manuels et les automatiser plus tard” ».

Étant donné l’accent mis sur l’automatisation du cloud pour ajouter du poids aux contrôles FinOps, une question majeure reste ouverte sur la manière dont IBM pourrait intégrer Apptio, Concert et HashiCorp avec l’automatisation de l’infrastructure Red Hat, au-delà des liens potentiels entre Terraform et Ansible.

« Si l’objectif final est d’intégrer l’automatisation dès la conception, il y a beaucoup de travail à faire pour que cela fasse partie des produits des portefeuilles IBM et Red Hat », considère Rick Villars.

Pour approfondir sur Administration et supervision du Cloud