Analytics Cloud : SAP veut (re)conquérir les utilisateurs de BusinessObjects

SAP Analytics Cloud n’a pas l’aura de Tableau ou de Power BI, mais l’éditeur allemand tente d’attirer plus largement ses clients habitués à BusinessObjects en renforçant les liens de son produit SaaS avec la suite Office 365 et en l’ouvrant aux autres entrepôts de données.

Si SAP n’a pas sonné le glas de BusinessObjects, l’éditeur allemand se concentre sur le développement de SAP Analytics Cloud (SAC, pour les intimes). La plateforme BI s’appuie sur la fameuse Business Technology Platform (BTP), tout comme S/4HANA Cloud Public et DataSphere (ex-Datawarehouse Cloud). C’est sur cette PaaS Cloud Foundry que l’éditeur place également ses solutions d’IA.

Très au fait de la concurrence exercée par Tableau (Salesforce) et Power BI (Microsoft), SAP place Analytics Cloud comme une offre « pure SaaS » souvent complémentaire des déploiements cloud des produits (S/4HANA Cloud, SAP HANA Cloud, DataSphere, BW/4HANA) portés par l’offre RISE with SAP. « La particularité de SAP Analytics Cloud, c’est que nous intégrons des fonctions de planning avec un outil de BI. C’est unique sur le marché », affirme Éric Fenollosa, responsable gestion produit d’analytiques augmentées chez SAP, lors de la convention de l’USF. « Il y a également des capacités d’intelligence artificielle, de machine learning et d’IA générative spécifiques à Analytics Cloud ».

En un an, entre le troisième trimestre 2023 et le troisième trimestre 2024, SAP Analytics Cloud a bénéficié de 183 fonctionnalités supplémentaires, dont 119 « influencées » par les requêtes des utilisateurs.

En revanche, certaines capacités n’égalent pas celles proposées dans BusinessObjects. « Avec SAC, nous pouvons générer des rapports PDF et les envoyer par e-mails, mais nous n’atteignons pas l’aspect industriel de BO », ajoute-t-il. « Ce n’est pas l’objet de SAP Analytics Cloud : son rôle est de partager des informations en temps réel ». Pour cela, SAP s’appuie sur des partenaires, dont BI Excellence, moyennant l’installation d’une extension sur un serveur.

Le lien entre SAP Analytics Cloud et Office 365 perçu comme stratégique

Pour autant, certaines fonctionnalités existantes dans BO devraient être portées vers SAP Analytics Cloud, notamment la possibilité de s’intégrer à PowerPoint. Il s’agit à la fois de visualiser les données en constante évolution, mais également de « figer » des résultats avant une présentation. Avant cela, il est possible de préparer les rapports depuis les widgets Power BI. « Je peux consulter mes rapports et leurs éléments, et non seulement je peux les visualiser tels quels, mais j’ai aussi la possibilité, comme je suis connecté, d’interagir directement avec eux », décrit Éric Fenollosa. « Cela signifie que je peux explorer en profondeur (drill) ou appliquer des filtres dans cette visualisation ».

Comme l’a fait récemment Microsoft avec l’intégration entre PowerPoint et Power BI, la gestion des accès et des rôles s’applique pour que les données des rapports ne s’affichent qu’aux personnes autorisées.

« Ce qui n’existait pas auparavant, c’est la capacité de passer d’une story Analytics Cloud à un classeur Excel sans devoir modifier les données. »
Éric FenollosaHead of Product Management, Augmented Analytics, SAP

Il y a par ailleurs un équivalent de Analysis for Office, un outil utilisé pour intégrer Excel à BO. « Nous avons un nouvel “add-in” pour intégrer SAC avec toutes les versions d’Excel, et de préférence la version en ligne du tableur sur lequel nous investissons fortement ». Depuis le troisième trimestre 2024, SAC s’intègre avec les dépôts de fichiers d’Excel afin de gérer les objets Classeur (Workbooks) comme n’importe quel objet SAC. D’ici à la fin de l’année, il sera possible d’ajouter des commentaires relatifs aux points de données rattachés aux feuilles de calcul. « Ce qui n’existait pas auparavant, c’est la capacité de passer d’une story Analytics Cloud à un classeur Excel sans devoir modifier les données », précise le responsable.

Des connexions « live » vers des sources « non SAP »

Outre la connectivité à l’écosystème de Microsoft, SAP ne veut pas réserver Analytics Cloud à ses seuls datawarehouse/lakehouse. « Si l’on souhaitait se connecter à des sources non SAP, par exemple une base Oracle, il n’y avait pas de moyen de se connecter en “live”. Il fallait répliquer dans la base HANA de SAP Analytics Cloud », évoque Éric Fenollosa. Au quatrième trimestre 2024, SAC prendra directement en charge Google BigQuery. Néanmoins, la prise en charge de Google Workspace, dont Google Sheet et Slides, n’est pas prévue. « Ce n’est pas considéré comme stratégique », indique le responsable.

En revanche, « nous sommes en train de travailler sur l’intégration d’autres éléments de connectivité », ajoute-t-il. Si Éric Fenollosa n’indique pas de sources en particulier, la priorité est mise aux sources de données cloud, telles Snowflake, Databricks ou encore Amazon Redshift. Quoiqu’il en soit, au premier trimestre 2025, SAP propagera la gestion sécurisée des accès aux sources externes.

Agents d’IA : SAP mise sur la complémentarité de Just Ask et de Joule

Le pan de la feuille de route davantage mis en avant par SAP n’est autre que l’IA et l’IA générative. « Rapidement, nous avons eu des fonctionnalités de machine learning dans la planification, mais aussi dans l’explication de données. Nous avons Smart Insights qui permet d’interroger un indicateur clé afin d’indiquer les éléments qui influencent la valeur affichée », rappelle Éric Fenollosa.

Ici, il s’agit plutôt de développer Just Ask, un outil d’interrogation des données en langage naturel. Oui, il ne disparaît pas malgré la volonté de SAP de pousser son assistant GenAI Joule. Celui-ci permet d’obtenir des réponses sous forme de diagrammes et de tables.

Au quatrième trimestre 2024, Just Ask prendra en charge les modèles dans DataSphere – il faut pouvoir indexer les modèles de données pour interroger les données. L’outil supporte désormais le français, l’allemand, l’italien et l’espagnol, en sus de l’anglais. En plus de simplifier l’interrogation des données en incluant la compréhension des synonymes de dimensions, SAP veut faciliter leur filtrage afin de créer des visualisations.

« Dans SAP Analytics Cloud (SAC), Joule activera des agents spécialisés pour répondre aux intentions spécifiques des utilisateurs en matière d’analyse et de gestion des données. »
Éric FenollosaHead of Product Management, Augmented Analytics, SAP

Si le moteur de NLQ (Natural Language Querying) comprend les questions en langage naturel, il n’est pas aussi simple à utiliser qu’un assistant d’IA générative. Cet assistant dans l’écosystème de produits SAP se nomme Joule. Comme dans S/4HANA Cloud ou SuccessFactors, « Joule sera intégré avec SAC afin de demander à l’outil ce qu’il est capable de faire ».

« Dans SAP Analytics Cloud (SAC), Joule activera des agents spécialisés pour répondre aux intentions spécifiques des utilisateurs en matière d’analyse et de gestion des données », détaille-t-il.

Par exemple, si l’utilisateur souhaite interroger ses données, Just Ask sera mobilisé pour répondre aux questions directement, en tant qu’agent. En fonction de chaque intention – comme créer un modèle de planning, obtenir de l’aide, ou écrire un script –, Joule dirigera la requête vers l’agent adéquat. L’assistant devrait aider à simuler et analyser les impacts de différents éléments sur l’activité d’une entreprise.

« Cette approche intuitive offrira une navigation fluide, permettant d’enrichir facilement les “stories” et de générer des visualisations interactives », assure le responsable « Grâce à ces agents contextuels spécialisés, SAC offrira une expérience d’analyse plus efficace et adaptée aux besoins spécifiques de chaque utilisateur ».

Est-ce un souhait des utilisateurs ? « Je ne suis pas sûr qu’un seul client nous a demandé un assistant conversationnel, mais c’est très important pour nous, c’est notre travail d’innovation », répond Éric Fenollosa.

 

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