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IA : le juriste « augmenté » n’est pas encore une réalité, mais cela ne saurait tarder (PwC)
Le cabinet de conseil et d’audit, PwC a réalisé une étude auprès de directeurs juridiques en France, pour explorer l’impact de l’intelligence artificielle (IA) générative sur la fonction. La GenAI s’imposerait doucement, en particulier dans 3 cas d’usages dans 4 processus.
PwC a réalisé une étude sur les différents impacts de l’intelligence artificielle (IA) sur les fonctions juridiques. Ce rapport intervient dans un contexte où 76 % des directions juridiques disent avoir intensifié leur digitalisation après le Covid, en particulier avec une adoption accrue des outils collaboratifs comme Teams, ou de la signature électronique. Autre chiffre clef de ce contexte de transformation : 95 % des répondants (autrement dit, presque tous) envisageraient de digitaliser davantage leur direction dans les trois prochaines années.
L’étape de numérisation en cours concerne en premier lieu les outils de Matter Management (gestion des dossiers) pour 53 % et de Contract Lifecycle Management pour 51 %. L’étape suivante est celle de l’IA.
« Une exploitation encore balbutiante de l’IA »
D’après PwC, l’IA est en effet perçue par les juristes comme « une technologie puissante, capable de révolutionner les pratiques actuelles sur l’ensemble des processus de la direction juridique, en lien avec les parties prenantes internes ».
Mais si la fonction est presque systématiquement mobilisée (dans plus de 60 % des cas) dans les projets d’IA des entreprises pour superviser les problématiques légales ou de confidentialité – et même si elle joue un rôle de gouvernance –, cette même fonction juridique ne serait pas particulièrement à l’avant-garde de l’utilisation de ces technologies.
PwC résume cette situation en évoquant « exploitation encore balbutiante de l’IA ».
Cela étant, 54 % des directions juridiques déclarent avoir d’ores et déjà mis en place des politiques ou des directives pour encadrer l’utilisation de l’IA générative – une des formes d’IA les plus prometteuses pour ces professions – pour « favoriser le déploiement d’une IA dite responsable », souligne PwC.
Reste que 52 % des directions juridiques déclarent ne pas utiliser cette IA générative.
Les 3 cas d’usages de la Gen AI et les 4 processus juridiques impactés
Du côté de ceux qui l’utilisent, quatre processus sont les plus impactés par l’IA générative : le contract management (88 %), la due diligence (76 %), la compliance/conformité (56 %), et le contentieux (49 %).
Quant aux cas d’usages, trois grandes applications se détachent.
La première est la recherche et veille juridique. « Les directions souhaitent utiliser l’IA générative afin d’accéder rapidement à l’information et rester informées des dernières évolutions légales et jurisprudentielles », avance PwC. « Pouvoir analyser des textes, les synthétiser, les comparer et générer sous diverses formes des alertes, exégèses, newsletters, articles internes, formations, etc., est un énorme avantage que l’IA générative procure déjà »
La deuxième, plus classique, concerne la traduction dans un contexte international.
La troisième application est la rédaction de « drafts » et l’analyse juridique. Dans ce cas de figure, la GenAI assiste les professionnels du droit dans la formulation de courriers, de notes internes, de contrats, ou de clauses spécifiques.
Elle permet également de détecter les clauses qui ne correspondent pas aux normes et politiques contractuelles établies par l’entreprise.
Pour PwC, l’IA devrait d’ailleurs devenir un levier majeur de la gestion des risques d’ici 2027.
Changement de nature des relations avec les cabinets d’avocats
À noter, enfin, que l’avènement de l’IA modifierait également le rapport entre les directions juridiques et les cabinets d’avocats.
Les premières attendent que les seconds soient transparents et partagent les gains de productivité liés à leurs utilisations de l’IA (et donc elles attendent qu’ils utilisent la GenAI… et même qu’ils co-développent avec elles des solutions adaptées à leurs besoins spécifiques).
Pour son rapport, PwC a sondé 80 directeurs et directrices juridiques de différents secteurs d’activité, de différentes tailles d’entreprise, en face-à-face ou via un questionnaire en ligne, entre décembre 2023 et avril 2024.