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IA et RH : General Motors accélère pour passer d’un temps de recrutement de 60 jours à 60 minutes

General Motors utilise un chatbot motorisé à l’intelligence artificielle pour faire la sélection des candidats à la place des recruteurs. L’automatisation de la planification est une aide précieuse, mais elle a aussi ses limites et ses défis, avertit Gartner.

General Motors (GM) utilise l’automatisation et l’intelligence artificielle pour rationaliser son processus de recrutement. Le groupe américain s’appuie sur des outils d’automatisation pour accélérer drastiquement la planification des entretiens avec les candidats à un poste.

Le changement le plus significatif concernera le processus d’embauche pour les postes qui ne nécessitent pas d’entretien. GM prévoit de réduire le délai d’embauche de ces profils (payés à l’heure) de 60 jours à seulement 60 minutes.

Dans tous les cas, si l’automatisation gère de nombreuses tâches de routine, les recruteurs restent impliqués dans les étapes finales, comme l’approbation du recrutement ou la coordination des vérifications des antécédents.

Eileen Kovalsky, responsable mondiale de l’expérience candidats chez GM, a présenté cette stratégie lors de la conférence Gartner ReimagineHR , lors d’une session sur la question des rôles de l’automatisation et de la supervision humaine dans les RH.

Le groupe automobile utilise l’intelligence artificielle de Paradox, en particulier pour le développement d’un assistant virtuel dont le but est d’améliorer l’expérience des candidats. Ce chatbot de GM s’appelle EV-e (prononcer « Evie ») – un nom qui évoque les véhicules électriques (Electric Vehicle).

D’après Eileen Kovalsky, la planification des entretiens prenait auparavant entre cinq et sept jours. Grâce à l’automatisation, elle prend désormais environ 16 minutes. Ce changement a permis à GM de réduire d’environ 80 % le nombre de ses sous-traitants qui gèrent les tâches de planification, les 20 % restants s’occupent de la gestion des exceptions.

« Nous réalisons les entretiens en moins de temps qu’il nous en fallait pour les programmer. »
Eileen KovalskyResponsable mondiale de l’expérience candidats, General Motors

Le chatbot EV-e est un assistant virtuel sur le site carrière de GM. Il répond aux questions des candidats, gère les processus de présélection et planifie des entretiens presque immédiatement.

« Nous réalisons les entretiens en moins de temps qu’il nous en fallait pour les programmer, c’est assez incroyable », se réjouit Eileen Kovalsky. GM utilise également des entretiens vidéo dans certains pays, là encore pour réduire le temps de recrutement.

En premier lieu, les recruteurs se sont montrés sceptiques, confie la responsable. Mais une fois qu’ils ont pu constater le temps gagné sur les tâches répétitives de coordination des entretiens, les personnes chargées du recrutement ont changé d’avis, assure-t-elle.

La prochaine étape est d’automatiser le recrutement pour les emplois payés à l’heure – ceux, donc, qui ne nécessitent pas d’entretien.

GM reçoit des milliers de candidatures pour ces postes. Chaque candidature nécessite cependant un examen par un recruteur. EV-e procédera à la présélection et seulement après, un recruteur interviendra pour examiner et approuver les étapes finales.

General Motors ne supprime pas ses recruteurs, insiste Eileen Kovalsky. L’automatisation leur libérera du temps pour se concentrer sur des tâches plus stratégiques, rassure-t-elle.

La promesse reste à vérifier. On ne sait pas encore exactement dans quelle proportion l’automatisation du recrutement peut remplacer l’humain, rappelle Gartner.

Helen Poitevin, analyste dans le cabinet de conseil, estime pour sa part que le type d’automatisation qui pourrait remplacer totalement les recruteurs n’arrivera pas avant cinq à dix ans. Ce qui, en creux, signifie qu’elle arrivera. Mais Helen Poitevin met aussi en garde. Automatisation et IA ne sont pas des solutions miracles. Elles apportent aussi avec elles leur lot de défis – comme un possible retour de bâton si « les gens ne font pas du tout confiance aux robots », prévient-elle.

« Peut-être sommes-nous exagérément enthousiastes », conclut-elle.

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