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IFS renforce ses capacités en matière d’IA pour l’industrie

IFS Cloud s’enrichit de nouvelles capacités d’intelligence artificielle. Les analystes apprécient l’approche très pragmatique de l’éditeur. Mais les industriels ont encore beaucoup de questions auxquelles il faudra répondre pour les convaincre d’utiliser ces fonctionnalités.

IFS a partagé sa vision de l’intelligence artificielle (IA) pour l’industrie, à l’occasion de la présentation des nouvelles fonctionnalités prévues dans la prochaine version d’IFS Cloud. Cependant, des questions subsistent sur la maturité des entreprises à adopter l’IA.

Dévoilée lors de l’IFS Unleashed, la 24R2 intègre de manière plus poussée les « copilotes » d’IFS dans sa plateforme (ERP, EAM, FSM, CRM et SIRH). D’après l’éditeur, cette avancée permet à l’IA d’obtenir plus d’informations contextuelles à partir des applications de la suite.

Le copilote motorisé à l’IA générative s’accompagne désormais d’une page d’accueil dynamique (Home) qui présente des informations comme l’état des projets, les anomalies détectées et des mesures correctives suggérées.

L’IA générative renforce l’IA pour l’industrie

L’intelligence artificielle est omniprésente, mais elle n’est pas nouvelle, lance Christian Pedersen, directeur des produits chez IFS, lors de l’ouverture d’IFS Unleashed.

Elle est utilisée depuis des années pour automatiser et optimiser les processus industriels. « Ce n’est qu’avec le buzz autour de la GenAI il y a deux ans que l’imagination s’est libérée. L’IA générative nous a fait comprendre que l’IA pouvait générer des choses – et pas seulement les optimiser », explique-t-il.

IFS a beaucoup appris sur ces technologies d’IA générative au cours des deux dernières années. L’éditeur commence à les appliquer aux points forts qu’il juge pertinents d’IFS Cloud.

« Notre expertise dans les différents secteurs [industriels], nos modèles de données riches et pointues nous permettent de gérer le streaming de données pour faire de la réalité augmentée, pour automatiser et faire du prédictif », illustre Christian Pedersen. « Nous réunissons tous ces éléments avec de la GenAI, et cela peut libérer un potentiel considérable. »

Pour lui, l’IA générative posséderait un large éventail d’applications possible, mais son utilisation dans l’IA pour l’industrie est très spécifique : aucune hallucination ne peut par exemple être tolérée en milieu critique.

« Plus important encore, l’IA pour l’industrie s’inscrit dans un contexte », rappelle Christian Pedersen. « Elle comprend votre secteur, votre entreprise, vos données et vos collaborateurs. Lorsqu’elle “génère” des actions, elle le fait dans le contexte des problématiques du monde réel. »

Concrètement, IFS est en train de développer plus de 300 cas d’usage industriels et prévoit de livrer au moins 60 cas d’usage validés d’ici la fin de l’année.

Lors de la session d’ouverture de son évènement, IFS a fait une démo des capacités d’IA pour l’industrie d’IFS Cloud 24R2. Cette démo était un cas d’usage fictif de planification, de construction et d’exploitation d’un nouveau terminal aéroportuaire, mais avec de vrais clients – comme l’entreprise de recyclage de déchets métalliques Tomra ou l’énergéticien Xcel Energy.

L’appétence des industriels pour l’IA reste une question ouverte

Cette démo a été bien accueillie par les analystes, qui soulignent cependant que des problèmes devront être résolus avant que ces solutions infusées à l’IA soient largement adoptées.

Pour Liz Herbert, analyste chez Forrester Research, l’idée d’IFS de présenter des cas d’usage avec de clients réels est bonne.

« Les éditeurs présentent souvent des idées de cas d’usage, mais ils ne sont pas très explicites sur la manière dont les clients les utilisent », souligne-t-elle. « Or les éléments spécifiques à telle ou telle industrie sont importants pour les clients [qui regardent]. L’IA pour l’industrie est très liée à chaque contexte industriel précis », confirme l’analyste.

Au cours des dernières années, IFS a su faire évoluer son ERP du « sur site » vers le cloud. Il entame à présent une deuxième étape, constate Liz Herbert. Bien qu’IFS continue de prendre en charge certains clients sur site, sa capacité à effectuer la transition pourrait constituer un avantage concurrentiel alors que des éditeurs d’ERP historiques, en particulier SAP, ont du mal à migrer leurs clients vers le cloud.

« Cela peut ouvrir des portes à un acteur comme IFS. Ils sont sur les mêmes marchés, mais ils sont beaucoup moins chers », avance l’analyste. « S’ils montrent que des entreprises de plus d’un milliard de dollars de CA les utilisent, ils pourront commencer à passer par cette porte [pour pénétrer chez d’autres gros clients]. »

Cependant, des questions subsistent quant à la volonté et à la capacité des clients à utiliser l’IA pour l’industrie. IFS doit encore préciser ce qui est réellement disponible et de ce que cela coûte.

« IFS est loquace sur les concepts, mais un peu moins sur certains points concrets à traiter », nuance Brian Sommer du cabinet de conseils TechVentive. « Étant donné que certaines fonctionnalités de l’IA sont très nouvelles, les clients devraient être encouragés et accompagnés pour y aller… mais ils doivent aussi vérifier et valider la valeur. »

Un autre point concerne les clients sur site qui souhaitent migrer plus tard, ou seulement une partie de leur ERP. C’est le cas de BAE Systems, qui a un ERP IFS sur site, et qui cherche à passer à IFS Cloud et à introduire certaines fonctionnalités d’IA.

« Nous nous intéressons à l’IA pour l’industrie, mais nous travaillons dans le secteur de l’aérospatiale et de la défense, il y a donc beaucoup de questions [à se poser sur l’IA] », confirme Marc DeAntoni, directeur du développement d’applications chez BAE Systems. « Que faites-vous de l’IA si vous êtes sur site ? À quoi vous connectez-vous ? »

Même son de cloche chez le distillateur de Glasgow, William Grant & Sons. Son responsable des contrats informatiques est venu à IFS Unleashed pour voir ce que propose l’éditeur afin de passer au cloud et à l’IA.

William Grant & Sons utilise IFS sur site comme ERP central, même si le cloud est dans ses projets.

« Il est de plus en plus question d’IA pour l’industrie dans notre travail, tous les jours. Il est donc important de savoir ce que fait IFS et où il va », se réjouit le responsable. « La question est de savoir ce qui va arriver demain. L’IA suscite beaucoup d’anxiété, et il faudra répondre à de nombreuses questions ».

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