« 2030 et au-delà » : SAP ne débranchera pas (immédiatement) BusinessObjects
Malgré sa stratégie résolument tournée vers le cloud, SAP ne peut pas laisser tomber sa base installée BusinessObjects et promet de supporter la plateforme BI sur site après 2030.
Cinq mille visites cumulées pour 1 830 visiteurs uniques. Voilà la portée des ateliers « Roadmap SAP » lors de la convention de l’USF du 10 et 11 octobre à Lille, l’association des utilisateurs francophones de SAP.
Comme les autres, l’atelier consacré à la feuille de route de BusinessObjects et de SAP Analytics Cloud était bondé. Éric Fenollosa, responsable gestion produits analytiques augmentées chez SAP, a débuté son intervention en demandant aux participants s’ils utilisaient encore BO. À main levée, la majorité des participants travaillent dans des entreprises qui utilisent Business Objects en corrélation avec BWHANA ou BW4HANA.
Éric Fenollosa a commencé par présenter la vision « stratégique » de SAP concernant la gestion de données et l’analytique. Cette dernière est centrée sur trois briques que sont SAP HANA Cloud, Datasphere (ex-data Warehouse Cloud) et SAC BI & Planning. Ces trois services sont hébergés depuis SAP Business Technology Platform (BTP), dans le cloud donc. Tout comme la majorité des fonctionnalités d’IA et de machine learning de l’éditeur allemand.
« C’est une vision “très cloud” », reconnaît le responsable produits. « Nous avons entendu le message de Gianmaria Perancin [président de l’USF et du SUGEN, N.D.L.R.] expliquant que les [membres de l’USF] sont OK pour aller dans le cloud, mais veulent que ce soit un choix, que ce ne soit pas forcé ».
« Conscience »
« Nous savons qu’il y a une phase de transition vers les nouvelles solutions qui a commencé pour certains, mais qui va être encore longue », poursuit-il. « Nous en avons conscience et nous le prenons en compte dans nos travaux de recherche et développement ».
Eric FenollosaResponsable gestion produits analytiques augmentées, SAP
En clair, l’éditeur allemand ne peut pas faire fi des installations on-premise et se doit de les supporter.
Au début de l’année 2024, SAP a décidé d’ajouter la version 4.3 de BO BI à son programme « customer-specific maintenance ».
Une fois la fin de la période de « maintenance active » (« mainstream maintenance ») atteinte, les clients de SAP peuvent continuer à payer le support annuel et bénéficier de correctifs déjà mis en place par SAP, sans accords de niveau de service.
Il faut distinguer cette « customer-specific maintenance » de « l’extended maintenance » (maintenance étendue) qui permet de bénéficier d’un support proche de celui offert pendant la maintenance active à un prix « premium ». Voilà comment SAP ptrendra en charge ECC6 jusqu’en 2030, moyennant un surcoût de 2 % sur la facture.
SAP BO BI 4.2 est arrivée à la fin de son support Priority 1 et entre en fin de vie à la fin de cette année. Si les clients qui n’ont pas adopté la 4.3 doivent le faire très prochainement, SAP assure que BO, dont BO 4.3, bénéficiera de mise à jour au moins jusqu’en 2029 et sera maintenu « jusqu’en 2030 et au-delà ».
Une mise à jour tous les deux ans
Cette transition est fonction d’une politique de gestion du cycle de vie logicielle chez SAP : s’appuyer sur la même base de code pour les solutions proposées sur site et dans le cloud.
Ainsi, depuis SAP BusinessObjects 4.3 SP03 partage la même source de code de base que SAP BusinessObjects Enterprise, private cloud edition. « Il s’agit d’offrir le choix aux clients du mode de souscription et lui laisser la possibilité de déléguer la gestion de son infrastructure », explique le responsable produits.
Dans un même temps, le nommage de SAP BO BI change. Après la 4.3, il conviendra d’adopter BO BI 2025. Plus important, c’est le rythme de mise à jour qui baisse.
Eric FenollosaResponsable gestion produits analytiques augmentées, SAP
« Cela répond à une attente largement exprimée : il y avait trop de versions et trop de mises à jour », déclare Éric Fenollosa. « Nous avons donc décidé de ralentir un peu le rythme. Cela ne modifie en rien nos efforts d’investissement, mais désormais les évolutions seront publiées tous les deux ans au lieu d’une fois par an, et les clients continueront à bénéficier de la maintenance ».
« Quelqu’un qui adopte BI 2025 pourra bénéficier de la customer-specific maintenance après 2027 », illustre le responsable produits.
Dans la même veine, BI 2027 sera donc en maintenance active jusqu’en 2029.
Consolider les outils pour simplifier la vie de la R&D
Selon Éric Fenollosa, SAP n’écarte pas la possibilité de proposer BI BO 2029. « Nous revoyons notre feuille de route tous les ans et nous savons déjà qu’il y a de très grandes chances qu’il y ait une future version, simplement parce que l’immense majorité de nos clients, y compris les clients SAP Analytics Cloud, continuent à opérer du BusinessObjects ».
En attendant, BO BI 2025 risque d’être légèrement reporté. Cette version devait sortir au quatrième trimestre 2024, mais SAP cherche à obtenir les retours « d’early adopters » pour en tester les capacités de BI 2025 en production. « Nous cherchons à vérifier que l’ensemble des fonctionnalités des versions précédentes est toujours opérationnel pour certifier aux autres clients qu’ils peuvent effectuer la mise à jour en toute confiance ».
L’enregistrement au programme Early Adopters Care (EAC) est ouvert jusqu’au 6 décembre 2024 et sera lancé le 16 décembre.
En revanche, dès BI 2025, SAP ne prendra plus en charge les fonctionnalités suivantes :
- SAP BusinessObjects Universe Design Tool et les univers .unv,
- Les univers multisource et la connectivité associée,
- SAP Lumira Discovery,
- SAP Crystal Reports for Enterprise,
- SAP BusinessObjects Analysis, edition for OLAP,
- SAP BusinessObjects Live Office,
- SAP BusinessObjects Mobile.
« Contactez-nous, nous nous engageons à vous soutenir dans la mise à jour et à vous proposer des équivalents », affirme Eric Fenollosa aux clients dans la salle.
Pour la R&D de SAP, il s’agit de maintenir moins d’outils, mais ses clients devront « faire leurs devoirs » avant de passer à BI 2025. « Le plus important, c’est de migrer les univers .unv [relatifs à la couche sémantique de BO, N.D.L.R.] en .unx », recommande-t-il.
De même, l’éditeur abandonne la prise en charge d’AIX et d’Unix pour ne se concentrer que sur les systèmes Windows et Linux.
Parmi les fonctionnalités clés de BI 2025, le responsable mentionne l’amélioration de SAP BusinessObjects Web Intelligence (WebI), qui intègre des composants HTML de la librairie SAP Fiori. Outre un plus grand nombre de visualisations, WebI permettra de générer des fichiers .webx, c’est-à-dire des rapports « hors ligne ». « Ces documents portables, interactifs, peuvent être partagés avec des métiers qui n’ont pas d’accès ou de licence BusinessObjects », indique Eric Fenollosa. De même, l’interface a été simplifiée pour créer des rapports BI en glisser-déposer.
Si Crystal Reports for Enterprise n’est plus maintenu, la version standard de Crystal Reports hérite des fonctionnalités spécifiques à l’édition amenée à disparaître, notamment la connectivité aux univers sémantiques .unx, ainsi qu’un connecteur vers SAP BW OLAP pour maintenir la synchronicité des données. De même, l’interface de visualisation hors ligne de Crystal Reports a été améliorée en s’appuyant sur les fonctionnalités Enterprise.
Eric FenollosaResponsable gestion produits analytiques augmentées, SAP
« Nous continuons un travail sur les protocoles d’authentification (SAML et OpenID) et nous avons un effort accru de simplification en matière de maintenabilité, notamment en cas de montée de version », ajoute le responsable produits.
Toujours selon lui, cette version vise à élargir l’accès à la plateforme BusinessObjects pour davantage d’utilisateurs, tout en introduisant de nouvelles fonctionnalités afin de simplifier le travail des créateurs de contenu et améliorer l’ergonomie pour les administrateurs.
« Nous sommes conscients que nos concurrents sont très dynamiques et adoptent des stratégies de diffusion de produits ainsi que des politiques tarifaires particulièrement agressives », note-t-il. « Nous souhaitons démontrer la valeur ajoutée de BusinessObjects afin de toucher un plus grand nombre d’utilisateurs ».
Enfin, il évoque l’amélioration du Launchpad, qui permet d’afficher directement des KPI essentielles dans les tuiles, ce qui doit offrir aux usagers un accès rapide aux indicateurs clés sans avoir besoin d’ouvrir des rapports.