Stockage : Synology part à la conquête des grandes entreprises

La marque des NAS d’appoint pour particuliers et TPE propose à présent des modèles rack qui grimpent à 4 Po de capacité utile, des sauvegardes immuables, des versions SAN pour les serveurs virtuels et même de la vidéosurveillance dopée à l’IA.

Synology, la marque des NAS bien connue du grand public et des TPE, ambitionne de devenir un fournisseur de premier plan pour les grandes et moyennes entreprises. Spécialiste des systèmes de stockage sur disques durs – même s’il dispose aussi d’une gamme FS à base de SSD –, le fabricant joue désormais des coudes avec les produits hors de prix de HPE, Dell et autres NetApp sur le segment des baies de stockage pour données froides.

« Même si les TPE et PME restent notre cœur de cible, nos ventes aux grandes entreprises représentent aujourd’hui 1/3 de notre chiffre d’affaires », argumente Ivan Lebowski, le responsable commercial de Synology pour la France.

« Parmi nos clients entreprise nous comptons l’UNESCO, qui sauvegarde les machines virtuelles de 70 de ses sites sur nos solutions. Mais aussi de nombreux établissements hospitaliers, notamment en France, qui préfèrent déployer nos NAS d’appoint sur site, car ils sont bien moins chers, bien plus faciles à utiliser et bien plus réglementaires que des services de stockage massifs en cloud », ajoute notre interlocuteur.

La page des cas d’usage sur le site du fabricant liste plusieurs entités connues, dont le groupe Webedia en France ou Toyota à l’international.

Jusqu’à 4 Po utiles dans 4U

Les formats des baies Synology comprennent des tours de 1 à 12 disques à poser sur le bureau (modèles DS, de 4 à 200 To bruts), des racks de 1U à 4U qui contiennent de 4 à 16 disques durs (modèles RS, jusqu’à 320 To bruts) et même un rack 4U profond capable d’embarquer 60 disques durs insérés verticalement (modèle HD6500, jusqu’à 1,2 Po brut).  

Chaque modèle contient deux alimentations redondantes et les disques sont déployés en RAID pour parer aux pannes. Selon la puissance de leur contrôleur, il est possible de les étendre avec 1 à 4 tiroirs de disques supplémentaires au même format. Le modèle HD6500 peut ainsi offrir jusqu’à 6 Po de capacité brute, ce qui revient à 4 Po utiles une fois les redondances du RAID comptabilisées.

« Le HD6500 rencontre un fort succès dans les hôpitaux, où il sert principalement à l’imagerie médicale, mais aussi chez les studios de production qui l’utilisent pour l’archivage vidéo », argumente Ivan Lebowski. Il donne des indications de prix : un châssis HD6500 coûte 16 000 € HT et chaque disque dur de 20 To coûte 680 € HT. Les SSD (SATA) installables dans les baies Synology ont une capacité maximale de 7 To et le constructeur les propose à 1 500 € l’unité, soit trois fois moins de capacité pour deux fois plus cher.

Les baies sont, de base, conçues comme des NAS qui partagent un volume de stockage en mode fichier via des connexions Ethernet. Mais certains modèles (les racks 3U contenant 12 disques) peuvent s’utiliser en mode bloc via des connexions FC ou iSCSI, typiquement pour sauvegarder directement les VM d’un hyperviseur VMware ESXi ou Microsoft Hyper-V.

Dans ses cartons, Synology prévoit de lancer l’année prochaine des modèles de baies compatibles avec les SSD NVMe. « Précisons que nous utilisons déjà des SSD NVMe dans nos baies professionnelles, mais en guise de cache uniquement. En 2025, ils incarneront la capacité de stockage. Cela pour répondre aux entreprises qui ont besoin de plus de débits », assure Ivan Lebowski en suggérant que Synology veut étendre ses usages au-delà des données froides.

Un OS composé d’apps pour tous les usages

« La force de Synology, c’est l’interface graphique DSM (Disk Station Manager) de nos baies. »
Ivan LebowskiResponsable commercial, Synology France

Les données froides sont celles dont l’écriture peut être intensive, mais dont la lecture est ponctuelle. Ce sont les sauvegardes, les images de vidéosurveillance, ou encore l’ensemble des documents bureautiques créés au quotidien.

Pour se démarquer, Synology s’efforce d’accompagner ses baies d’applications prêtes à l’emploi pour chacun des usages. On y trouve différents logiciels Active Backup pour la sauvegarde locale des machines sur site ou des services en ligne, le logiciel Snapshot Replication pour envoyer ailleurs des copies de secours, ou encore le logiciel Surveillance Station qui permet de visionner et d’analyser les vidéos enregistrées par des caméras de surveillance.

« La force de Synology, c’est l’interface graphique DSM (Disk Station Manager) de nos baies. », assure Ivan Lebowski.

« Un bureau en HTML5 qui montre les icônes des différentes apps et des différentes baies d’un parc. Il suffit de cliquer sur l’une d’elles pour ouvrir une fenêtre avec toutes les fonctions dédiées. »
Ivan LebowskiResponsable commercial, Synology France

Concernant Surveillance Station, par exemple, l’app gratuitement installable depuis un App Store maison peut étiqueter les passages où elle détecte des mouvements. Cela dit, son usage est illimité avec un nombre illimité de caméras, uniquement si le client installe aussi des caméras que Synology revend sous sa marque. Dans le cas contraire, au-delà de deux caméras, il faut payer une licence supplémentaire d’environ 50 € par caméra.

« À ce propos, signalons que nous proposons des NAS avec des contrôleurs plus musclés, que nous appelons DVA, pour ajouter des fonctions d’analyse profonde à Surveillance Station. Il s’agit typiquement de pouvoir reconnaître les visages et les plaques minéralogiques », dit Ivan Lebowski, en citant le gestionnaire de parkings QPark, l’un de ses clients qui utilisent ces fonctionnalités.

Concernant les fonctions de sauvegarde, la suite Active Backup s’est récemment mise au diapason des autres logiciels de sauvegarde, avec la possibilité de définir des copies immuables (ni effaçables ni modifiables avant une certaine date). Précisons que, en cas d’indisponibilité des serveurs de production, les baies de Synology sont capables d’exécuter elles-mêmes jusqu’à sept machines virtuelles d’appoint. Active Backup est surtout prévu pour restaurer les VMs qu’il a sauvegardées vers un autre serveur ESXi ou Hyper-V de production.

L’interface DSM se complète d’une app Active Insight qui permet de surveiller le fait que tous les firmwares de la flotte de baies d’un client sont à jour. Si ce n’est pas le cas, il est possible de télécharger un firmware plus récent à distance. Active Insight repère aussi les utilisations bizarres, comme des connexions depuis des adresses inhabituelles, à des heures inhabituelles ou avec un compte utilisateur légitime dans Active Directory, mais inhabituel sur le NAS.

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