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L’IA : sujet de l’année pour le club des utilisateurs d’Oracle

La journée annuelle 2024 de l’Association des Utilisateurs Francophones d’Oracle (AUFO) était consacrée à l’intelligence artificielle. Et pas seulement générative. Une thématique en phase avec les préoccupations de l’éditeur désireux de couvrir les attentes des différentes typologies de producteurs et consommateurs d’IA.

L’Association des Utilisateurs Francophones d’Oracle (AUFO) réunissait ses membres le 1er octobre à Paris à l’occasion de sa traditionnelle journée annuelle. L’occasion pour elle de célébrer au passage ses 30 ans d’existence et d’officialiser la fusion entre les clubs Oracle et JD Edwards.

L’association, qui fédère 140 entreprises françaises et 1 000 membres (métiers, DSI, experts projets, etc.), conserve la même présidence partagée entre Emmanuel Ruez et Yohann Garcia. Pour autant, le club évolue, tient à souligner son co-président Emmanuel Ruez.

L’AUFO étoffe sa structure

Une première évolution – dans la continuité des ambitions affichées l’année passée – est la volonté de faire grossir le nombre de membres. La croissance n’est pas une fin en soi. Elle vise à nourrir les ateliers fonctionnels, explique Yohann Garcia. Il s’agit aussi de mieux couvrir des secteurs spécifiques comme l’industrie, la production ou la logistique.

L’AUFO vise en outre plus de retours d’expérience, le traitement des sujets de fiscalité et réglementaires ou encore la réalisation d’ateliers axés technologies. Afin d’aborder l’ensemble de ces thèmes, l’association s’est aussi dotée d’un bureau de six personnes.

« Aujourd’hui, l’offre Oracle est tellement grande, diversifiée et en évolution permanente que nous avons souhaité mettre en place une petite structure, dynamique et légère, capable de nous aider à nous adapter », confie Emmanuel Ruez.

L’organisation dispose aussi de commissions généralement alignées sur les annonces et les produits de l’éditeur américain. L’ESG et désormais l’intelligence artificielle figurent parmi les thématiques de celles-ci.

L’intérêt de la commission IA ne se cantonne pas aux seuls modèles génératifs. Le travail de l’association consiste sur ce sujet à « expliquer les fondamentaux de l’IA » et à décortiquer l’offre d’Oracle – qui comprend des modèles sur étagère, du machine learning, de la computer vision ainsi que des LLM – insiste Yohann Garcia.

Un intérêt exprimé pour l’IA et sa mise en œuvre pratique

Usages, méthode de mise en œuvre, bénéfices et prérequis ont été abordés lors d’ateliers. « Beaucoup de participants expriment un intérêt et s’interrogent sur un déploiement pratique », rapporte l’association.

L’AUFO a donc décidé d’approfondir l’étude de l’offre d’IA classique d’Oracle, « et l’IA générative peut-être un peu plus tard ». L’association prévoit de collecter des retours d’expérience et de faire intervenir des experts techniques Oracle.

Le thème de la journée annuelle traduisait la force de cet intérêt. Son intitulé : « maturité des entreprises face à l’IA, qui mène la danse ? Les entreprises ou la technologie ? »

Par la voix de Christophe Negrier, son directeur France, Oracle a en tout cas rappelé qu’il entendait – comme ses concurrents (et co-opétiteurs) – se placer au centre de l’arène, aussi bien avec ses services cloud, ses datacenters, ses logiciels et ses produits d’infrastructure.

En matière d’IA, la firme fondée par Larry Ellison va jusqu’à la fourniture de puissance de calcul – apportée en partie par le cloud. « Nous sommes capables de livrer des clusters d’infrastructure de 130 000 GPU pour entraîner un modèle. », se félicite Christophe Negrier.

Des infrastructures déployées en Europe pour l’IA

Pour les acteurs européens en demande de cette puissance de calcul, Oracle « déploie en ce moment des datacenters en Europe ». Mais quid de la souveraineté numérique ? « Il n’y a pas de réponse unique. Pour certaines IA, des traitements ou des usages donnés, se reposer sur des infrastructures publiques est tout à fait envisageable », répond Christophe Negrier.

« Pour d’autres types d’IA ou de données, il ne faut surtout pas le faire », concède le dirigeant, qui appelle à une « maturité » via une sélection des infrastructures en fonction de la sensibilité des usages.

« Dans un monde complexe, il ne faut jamais être binaire, jamais », renchérit la politologue et spécialiste de l’IA Asma Mhalla, invitée lors de cette journée.

Pour l’IA en particulier, Oracle soutient donc l’ouverture au multicloud. Selon Christophe Negrier, le marché serait même rentré dans l’ère de « l’avènement du multicloud », synonyme de suppression de « barrières pensées au départ pour enfermer les clients ».

Toujours sur l’IA, Oracle rappelle que les attentes des organisations, qu’elles soient publiques ou privées, ne sont pas uniformes. « Tout le monde ne veut pas devenir expert dans le développement de modèles en achetant ou louant une infrastructure pour le faire », déclare le patron d’Oracle France qui renvoie à la catégorisation définie par McKinsey, qui classe les entreprises sur la GenAI en « takers », « shapers » et « makers ». À chacune des catégories correspondent des besoins bien spécifiques. Le taker se caractérise par exemple par l’utilisation « de modèles accessibles au public par le biais d’une interface de discussion ou d’une API, avec peu ou pas de personnalisation. »

Des consommateurs d’IA experts et vigilants

Certains secteurs et cas d’usage s’orienteront ainsi vers la consommation de systèmes d’IA directement embarqués dans des applications fonctionnant en mode SaaS. Et pour les autres profils, Oracle ajoute la mise à disposition d’infrastructures.

Oracle le répète : sur ce point, il déploie ses infrastructures sur le Vieux Continent, pour respecter les réglementations (comme la localisation des données en Europe).

Mais pour que l’IA soit responsable et les cas d’usage raisonnés, Asma Mhalla ajoute d’autres conditions, dont l’éthique, nécessairement abordée différemment selon la nature de l’IA, et la place de l’humain dans l’utilisation des outils qu’elle juge « primordiale, au départ, et en sortie. »

Quant aux outils d’IA générative, la politologue appelle à ne « pas diluer l’expertise » – et ce en raison des risques d’hallucinations et des biais intrinsèques de ces modèles. Et donc à laisser, là encore, l’humain dans la boucle.

Ces technologies d’IA générative « augmentent le niveau d’expertise. Elles ne l’abaissent pas », concède Asma Mhalla. « Mais vous devez toujours être très vigilants à l’égard des outputs. [Or] ceux qui peuvent l’être le plus, ce sont ceux qui maîtrisent le mieux leur domaine », plaide-t-elle.

Oracle et la souveraineté

Le cloud d’Oracle, même localisé physiquement en Europe, n’est pas souverain au sens français du terme. Il l’est en revanche selon les exigences d’autres pays. Cette divergence sur la définition de « la souveraineté » de l’IT est par ailleurs au cœur de la discorde entre la France et d’autres pays européens, comme l’Allemagne, autour des exigences de la future certification EUCS.

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