VMware, IA... NetApp défend une position de leader et de neutralité
Dans cet entretien, le PDG George Kurian explique comment NetApp se positionne sur un marché des infrastructures IT où des partenariats fusent de toute part.
De nouvelles baies de stockage ASA-A en mode bloc, moins chères et plus faciles à déployer que celles de Pure Storage, pour les gros traitements VMware ou SAP HANA. Des baies FAS qui, surprise, mélangent à nouveau les SSD avec des disques durs pour un stockage plus économique des données froides. Toujours plus de services dans le système d’exploitation OnTap de ces équipements pour mieux alimenter en données les applications d’IA générative ou encore les interfacer en pNFS avec les clusters de calcul SuperPOD de Nvidia.
Telles sont, en substance, les annonces purement infrastructures que NetApp a faites lors de son salon NetApp Insights, qui se tient cette semaine à Las Vegas.
Pour mieux comprendre comment NetApp se situe lui-même sur le marché des fournisseurs d’infrastructures, George Kurian, son PDG (en photo en haut de cet article), a consenti à répondre aux questions de la presse. Interview.
Lors de ces derniers mois, tous les fournisseurs d’infrastructures ont expliqué à leurs clients qu’ils avaient des solutions pour les aider à migrer de VMware vers une autre plateforme de virtualisation. Chacun expliquant qu’il était le nouveau meilleur ami de Nutanix, Red Hat, Proxmox. Sauf vous. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?
George Kurian : Je dirais que nous sommes les meilleurs amis des clients de VMware et que nous suivons leurs souhaits. Ce que nous voyons, ce sont quatre positions différentes envisagées par nos clients envisagent.
La première est qu'ils veulent optimiser le coût de leur parc VMware. Nous avons des solutions fantastiques pour y parvenir. Nos baies ASA en mode bloc, par exemple, peuvent réduire le coût du stockage dans un environnement VMware de 25 %, voire plus.
Deuxièmement, il y a des clients qui disent, écoutez, je veux regarder le cloud public comme un moyen de refaçonner mes applications, ou comme un moyen de gérer mes dépenses avec VMware. Nous avons travaillé avec VMware et avec les fournisseurs de cloud publics pour leur offrir des options très rentables. Par exemple, certains clients déplacent leurs applications de développement et de test non productives vers un environnement de cloud public.
Ou bien ils diront qu'ils veulent transférer leur plan de reprise d’activité après sinistre dans un cloud public. Nous avons de très bonnes solutions, bien plus rentables que les solutions sur site.
Et puis, oui, il y a des clients qui disent : je veux migrer ou moderniser mon parc informatique. Nous travaillons donc avec des acteurs comme Red Hat pour permettre la mise en œuvre d'applications Kubernetes. Nous travaillons également avec Google Distributed Cloud, Anthos, par exemple, qui est une autre plateforme. Nous avons donc des intégrations avec ces plateformes.
Et l'un des avantages uniques que nous voyons ici est que les clients qui ont leur stockage sur NetApp peuvent passer à un nouvel hyperviseur ou à un nouveau modèle de conteneur sans interruption grâce aux techniques de conversion des métadonnées qui sont disponibles chez NetApp. L'un des grands fonds spéculatifs, l'un des plus importants d'Amérique du Nord, par exemple, a ainsi pu passer à Hyper-V grâce à nos technologies.
Très bien, vous dites être ami avec tous les fournisseurs de virtualisation. Mais tout de même, c’est avec VMware que vous avez développé le plus d’intégrations. Si VMware perd son influence, ne redoutez-vous pas de devenir un fournisseur de stockage comme les autres ?
George Kurian : Attendez, nous avons toujours eu un positionnement multifournisseur. Et puis, avec Red Hat, nous disposons des fonctionnalités les plus riches du secteur ! Parmi les clients qui utilisent des services de stockage NetApp en cloud, on trouve d’ailleurs Red Hat lui-même, qui s’appuie dessus pour proposer une grande partie de ses applications en ligne.
La vérité est que, contrairement à certains autres fournisseurs, nous avons une approche véritablement consultative. Il s'agit d'écouter les clients, de comprendre quelle est leur situation, quelles sont leurs priorités, et de travailler avec eux sur une solution qui les aide à optimiser leurs coûts et à atteindre leurs objectifs.
Enfin, d'un point de vue commercial et applicatif, je ferai simplement remarquer qu'il est irresponsable pour quelqu'un qui prétend être le partenaire d'un client de dire, aujourd'hui, je positionne du VMware avec du VxRail pour vous. Et puis demain, je fais volte-face et je vous dis, allez vers Nutanix. Vous vous rendez compte du problème que vous posez à votre client avec une telle approche ?
Vous revendiquez un partenariat avec Nvidia qui, lui, revendique des partenariats avec tout le monde. Dans quelle mesure être le partenaire d’un fournisseur de GPU est important pour votre activité ?
George Kurian : Je pense que les fournisseurs de semi-conducteurs sont parmi les plus importants catalyseurs de l'IA, car sans eux on ne peut pas entraîner de modèles. Et c’est ce sujet qu’adressent les partenariats que vous mentionnez.
Cependant, je pense que l’entraînement de modèles ne représente qu'une très petite partie de la création de valeur de l'IA. C'est dans l'inférence que se trouve la valeur réelle du marché. Nous sommes dans une phase d’entraînements intensifs de l'IA, mais elle s'achèvera bientôt. Là où le marché commencera à faire ses preuves, c’est lorsqu'il sera possible de prendre ces modèles de base et les faire fonctionner dans l'entreprise. C’est à ce moment-là que l’on pourra véritablement parler d’intérêts commerciaux dans les partenariats.
Concernant Nvidia, nous collaborons avec eux depuis 2018. Nous avons des centaines de clients en partenariat avec eux dans le domaine de l’IA prédictive. Aujourd’hui, nous collaborons avec eux sur le design de solutions convergées pour l’IA générative, d’une part, et sur leurs modules logiciels NIMs, leur pile d’inférence, d’autre part. C’est ce partenariat-là qui est important.
Vous revendiquez à présent de proposer de « l’infrastructure intelligente de données ». Qu’est-ce que cela signifie exactement ?
George Kurian : Nous avons toujours eu une forte présence dans le domaine du stockage et, il y a 20 ans, nous avons créé l'idée du stockage unifié des données. Puis, nous avons élargi cette idée et franchi une étape importante en disant que le stockage unifié ne consiste pas seulement à avoir du stockage avec des protocoles différents dans un seul système, mais plutôt d’unifier vos données sur site et en cloud.
Au fur et à mesure que nous progressions, nos clients nous ont dit « écoutez, je veux comprendre quels sont mes actifs de données. Je veux les sécuriser de manière à atténuer les risques. Je veux m'assurer de la conformité. Je veux disposer d'outils d'observabilité. »
Nous nous appuyons donc sur notre position de leader dans le domaine du stockage unifié, pour conjuguer l’ensemble de vos données avec des services de renseignement [« intelligence » signifie « renseignement » en anglais, NDR] qui sont d’autant plus efficaces qu’ils sont construits sur le stockage lui-même. C'est pourquoi nous affichons cette position leader d'infrastructure intelligente de données.
Pourquoi est-ce important ? Parce que l’IA, par exemple, fait courir des risques aux entreprises. Des risques liés aux préjugés, à la vie privée et à la sécurité. Certains sont inhérents au fait de confier des données à analyser et d'autres sont créés par l'IA. Vous pouvez aussi utiliser les capacités de l'IA pour créer des menaces vraiment avancées. Notre responsabilité, ce que nous essayons de faire, en tant que fournisseur de solutions, est donc d'essayer d'atténuer ces risques.
Nous construisons donc de la traçabilité entre les données et les modèles d’IA utilisés pour les analyser. Et en tant que leader des infrastructures intelligentes, nous travaillons avec les concepteurs des modèles pour qu’ils soient adaptés à cette traçabilité. Cela, en plus d’utiliser nos propres capacités d’innovation, de Machine Learning pour défendre les données contre les risques.
Un des risques avec l’IA, c’est aussi de ne plus être écoresponsable, vu les quantités d’énergie nécessaires à son fonctionnement. En quoi NetApp pourrait-il aider les entreprises sur ce point ?
George Kurian : Je pense qu'il y a plusieurs éléments à prendre en compte. Le premier concerne l'IA elle-même. Il est important d'utiliser les données à bon escient, car si vous essayez de puiser dans un vaste ensemble de données pour en tirer un petit bénéfice, vous gaspillez une énorme quantité d’argent et d’électricité. C'est pourquoi de nombreux outils de gestion des données que nous construisons vous permettent d'être très précis dans l'utilisation des données, y compris au fur et à mesure que les données changent.
Un autre point est qu'il est plus efficace sur le plan énergétique d'utiliser des centres de données modernes en cloud, où une infrastructure d'IA est plus rentabilisée que celle que vous allez construire vous-mêmes. Nous avons des solutions qui permettent la planification et l'optimisation de ces ressources partagées en ligne.
Enfin, nous mettons à la disposition de nos clients des outils qui leur permettent de mesurer la consommation d'énergie réelle de leurs systèmes. Nous avons beaucoup investi dans le développement d’outils pour la gestion du cycle de vie des données. L'un de ses avantages est le coût, l'autre l'énergie.