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VMware : Broadcom contre-attaque la plainte d’AT&T
Broadcom pointe une « clause de fin de disponibilité sans ambiguïté » dans le contrat signé entre VMware et AT&T, et appelle la justice à rejeter la plainte de ce dernier.
Affaire Broadcom-AT&T, épisode 2 : Broadcom réfute les allégations d’AT&T selon lesquelles il aurait recours à des tactiques d’intimidation à son encontre et lui imposerait des prix abusifs, qui iraient au-delà des termes du contrat signé avec VMware avant que celui-ci soit racheté.
Au lieu de cela, Broadcom affirme qu’après des mois de négociations de bonne foi, AT&T tente de « revenir en arrière » pour accéder aux services de VMware via un modèle de licence qui n’existe plus.
Les remarques de Broadcom proviennent d’un mémorandum déposé le 20 septembre auprès de la Cour suprême de l’État de New York en réponse à l’injonction d’AT&T du 29 août. Dans cette injonction, AT&T affirmait qu’un accord sur les services prenant fin le 8 septembre, et négocié avant l’acquisition de VMware par Broadcom, incluait une prolongation de deux ans pour les services d’assistance et que cette prolongation n’est aujourd’hui pas respectée. A la place, Broadcom lui propose de s’abonner à la suite des logiciels VMware pour continuer à bénéficier des services d’assistance qui vont avec. Selon AT&T, cela revient à une rupture de contrat.
Mais dans son mémorandum, Broadcom rétorque : « l’accord contient une clause de fin de disponibilité sans ambiguïté, qui donne à VMware le droit de retirer des produits et services à tout moment après préavis. » Il affirme avoir donné un préavis et négocié de bonne foi jusqu’à la date de fin de service, mais « AT&T a rejeté toutes les propositions malgré les prix favorables qui lui ont été proposés et la situation qu’il a créée », poursuit le mémorandum.
Broadcom indique avoir accepté, après le dépôt initial de la plainte d’AT&T, de continuer à fournir un support jusqu’au 21 octobre prochain. L’équipementier fait remarquer qu’il s’agirait là d’un autre exemple de sa « bonne foi ».
Broadcom, inflexible, face à des clients au pied du mur
Rappelons que Broadcom a acquis VMware fin 2023 pour 61 milliards de dollars et a immédiatement apporté des changements importants à la manière dont les produits et services VMware sont conditionnés et vendus.
En janvier, Broadcom a ainsi mis fin aux licences perpétuelles qui permettaient aux clients de choisir parmi 3 000 logiciels (plus exactement regroupés en 168 offres). À la place, VMware propose désormais deux abonnements pour accéder à l’ensemble de ses logiciels. VMware Cloud Foundation, si le client est un hébergeur qui revend les fonctions de virtualisation sous forme de services. Et VMware vSphere Foundation, si le client utilise les logiciels pour son propre compte. Dans les faits, cette nouvelle formule met les clients historiques face à des augmentations de coûts.
Naveen ChhabraAnalyste, Forrester Research
« Broadcom considère qu’il s’agit d’une stratégie de commercialisation rationalisée et stable. Il est peu probable qu’il la remette en cause, même s’il doit perdre des clients comme AT&T », estime Paul Nashawaty, analyste pour le cabinet de conseil Futurum Group.
« J’observe que les entreprises cherchent plus à l’heure actuelle à optimiser leurs dépenses VMware qu’à les remplacer par autre chose, car migrer du jour au lendemain de VMware vers autre chose n’est pas pratique », commente Naveen Chhabra, analyste chez Forrester Research.
À date, AT&T n’a fourni aucun contre-argument aux déclarations de Broadcom. Il se contente de marteler sa déclaration initiale : « nous avons déposé cette plainte pour préserver la continuité des services que nous fournissons et protéger les intérêts de nos clients. »
Les deux entreprises doivent prononcer un discours à l’ouverture du procès, le 15 octobre. Parallèlement, en France, Orange et Thalès assignent de la même VMware en référé devant le tribunal de Commerce. Thalès a obtenu gain de cause en première instance, mais le jugement définitif est attendu pour la fin de l’année. Concernant Orange, l’affaire débute à peine. Citons également le Cigref qui, en avril, demandait à la Commission européenne d’imposer à Broadcom le retour à ses anciennes conditions tarifaires. Cet appel est pour l’heure resté sans suite.