Open Source Summit : Wind River lance le Linux eLxr
L’éditeur, spécialiste des systèmes temps réel pour équipements embarqués, a conçu un Linux Debian pour piloter et collecter les données de n’importe quel équipement dit de Edge. Entre les lignes, eLxr est aussi un pied de nez à Red Hat.
Wind River, qui édite depuis près de 40 ans le système d’exploitation temps réel VxWorks pour les équipements informatiques embarqués, a choisi le salon Open Source Summit qui se tenait la semaine dernière à Vienne pour dévoiler eLxr Pro. Déclinaison commerciale du Linux eLxr (prononcer « Elixir »), discrètement annoncé pendant l’été, ce nouveau système d’exploitation a pour but de propulser Wind River sur le marché des serveurs dits de « Near-Edge ».
Il s’agit en l’occurrence des serveurs qui sont destinés à piloter ou à collecter les données produites par des équipements déployés au plus proche des utilisateurs. L’éditeur cite les serveurs qui rapatrient les images des systèmes de vidéosurveillance, ceux qui communiquent avec les dispositifs embarqués dans les véhicules, ceux qui pilotent les machines-outils ou les appareils médicaux, ceux qui gèrent les antennes télécoms, ou encore ceux qui alimentent localement les contenus des kiosques multimédias sur les points de vente.
Lancé avec le soutien d’AWS, Intel ou encore Capgemini, eLxr est en pratique un Linux Debian enrichi de quelques fonctions de pointe, comme des services d’agrégation de données, de maintenance prédictive, de mises à jour par ondes radio (OTA) et d’identification automatique des dépendances (SBOM).
« L’enjeu est d’avoir un juste milieu entre des systèmes propriétaires sur les équipements Edge qui nécessitent une administration particulière, où les entreprises partent de zéro, et des serveurs de traitements en cloud qui sont généralement des Linux génériques remplis de fonctions inutiles pour les traitements Edge », explique Derek Straka, le directeur de la stratégie des produits chez Wind River (en photo).
Il explique qu’eLxr pourrait en définitive prendre place sur n’importe quel ordinateur x86 ou ARM, de la petite carte mère embarquée sur site pour minimiser la latence des traitements, à la machine virtuelle en cloud où les développeurs testent et centralisent leurs applications.
Positionné face à Microshift de Red Hat
Le système utilise Docker et GitLab pour exécuter des applicatifs en containers. Il bénéficie de surcroît du savoir-faire de Wind River en matière de fonctionnement en environnements contraints, où la consommation d’énergie et la bande passante réseau peuvent être minimales.
Derek StrakaDirecteur de la stratégie des produits, Wind River
« Notre particularité est de pouvoir faire fonctionner des environnements avec une empreinte minimale. La différence qu’a eLxr avec d’autres systèmes serveur arrivés récemment sur le marché des équipements Edge – MicroShift de Red Hat, par exemple – est qu’exactement le même système va fonctionner du plus petit Raspberry Pi jusqu’au serveur Xeon dernier cri. Alors que nos concurrents utilisent des systèmes différents, avec des packages différents », argumente Derek Straka.
Il ajoute qu’eLxr a aussi la capacité d’exécuter en VM (sur l’hyperviseur KVM) un applicatif Windows, tel que ceux dont les industriels étaient friands il y a quelques années pour superviser leurs machines-outils.
ELxr n’est pas le premier Linux de ce genre que lance Wind River. En 2018, l’éditeur avait déjà conçu le système Open source StarlingX. Il s’agissait d’un mini-OpenStack – en l’occurrence une distribution CentOS de Red Hat, justement – à installer sur les serveurs du terrain pour piloter divers équipements. StarlingX a connu un certain succès, comme le reste d’OpenStack, auprès des télécoms, pour gérer les antennes des réseaux mobiles. Mais suite au changement de licence de CentOS par Red Hat, Wind River était condamné à remplacer son Linux par un autre.
« Nous nous engageons à conserver une base totalement Open source, contrairement à certains de nos concurrents qui ne veulent plus supporter certains aspects de l’Open source et ne partagent plus de correctifs avec la communauté », lance Derek Straka, comme une ultime pique à Red Hat.