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Sauvegarde : Salesforce concrétise ses ambitions en rachetant Own
Avant sa conférence annuelle Dreamforce, Salesforce achète Own Company pour 1,9 milliard de dollars, sa deuxième acquisition la semaine dernière et sa troisième en 2024.
Salesforce prévoit d’acquérir l’éditeur israélien de solutions de sauvegarde SaaS Own Company pour 1,9 milliard de dollars en numéraire, afin d’intégrer la technologie d’Own dans le catalogue de protection des données de Salesforce.
L’accord définitif pour l’acquisition d’Own a été conclu jeudi cinq septembre et constitue le deuxième rachat réalisé par Salesforce la semaine dernière. La société a également signé mardi 3 septembre un accord définitif pour l’achat de Tenyx, un fournisseur de chatbots vocaux à base d’IA pour un montant non divulgué.
Les deux acquisitions devraient être clôturées au cours de l’exercice fiscal 2025 de Salesforce, celle de Tenyx devant être finalisée au cours du troisième trimestre fiscal et Own devant l’être au cours du quatrième trimestre fiscal. L’exercice 2024 de Salesforce s’est terminé le 31 janvier.
Rebecca WettemannFondatrice de la société de recherche indépendante Valoir
Salesforce a bâti son empire logiciel sur des rachats. Le groupe a mis la main sur 39 sociétés depuis 2016. Pour rappel, en 2020, il avait engagé son acquisition la plus chère, à savoir le rachat de Slack pour un montant de 27,7 milliards de dollars. Mais l’entreprise a fait une pause dans ses emplettes en 2024, selon Rebecca Wettemann, fondatrice de la société de recherche indépendante Valoir. Cette pause a pris fin en août lorsque la société a mis la main sur PredictSpring, un éditeur de logiciels de point de vente.
L’acquisition d’Own n’est pas surprenante, dit-elle, car l’équipe de direction d’Own est composée d’anciens de Salesforce et a obtenu des investissements de Salesforce Ventures, la branche de capital-risque de la société.
« Ce ne sont pas de grosses acquisitions, mais elles sont importantes », note Rebecca Wettemann. « Il est beaucoup plus facile d’intégrer une entreprise acquise lorsque l’on a de bonnes relations de travail ».
La sauvegarde, un marché jusqu’alors confié à des tiers
Own, lancée en 2015 sous le nom d’OwnBackup, a commencé par proposer une solution de sauvegarde SaaS pour le PaaS de Salesforce. La plateforme Own permet la sauvegarde, la restauration, le processus de « Sandbox Seeding » et la découverte de données en utilisant les données de Salesforce. En 2022, Own s’est développée pour prendre en charge les plateformes Microsoft 365 et ServiceNow. En 2023, elle s’est rebaptisée Own Company.
Salesforce, qui fournit une suite de plateformes et de services SaaS dans les domaines associés à la gestion de la relation client, propose ses propres services complémentaires de sauvegarde et de protection des données. Ces services comprennent Salesforce Backup, Shield et Data Mask.
Shield a été annoncé en 2015, Data Mask en 2019 et Salesforce Backup est entré en disponibilité générale en 2023.
Selon un communiqué de presse, l’acquisition d’Own « permettra à Salesforce d’offrir un ensemble plus complet de produits de protection des données et de prévention des pertes ». Le communiqué ne fournit pas de détails sur l’intégration ni sur les changements apportés à la prise en charge et au service des clients de Microsoft 365 et de ServiceNow Own.
Le communiqué indique également qu’Own supporte environ 7 000 clients, un bond considérable par rapport aux 4 400 clients rapportés par le PDG Sam Gutmann lors d’un entretien avec l’équipe éditoriale de TechTarget [propriétaire du MagIT] il y a deux ans.
Own a été évalué à 3,35 milliards de dollars lors de son cycle de financement de série E en 2021. Salesforce a donc réussi sa négociation et a trouvé attractifs les services d’Own une fois le prix d’achat passé sous la barre des 2 milliards de dollars, selon Jon Brown, analyste au sein de l’Enterprise Strategy Group de TechTarget.
« Les données sont très précieuses pour leurs clients, et il est donc logique de leur fournir cette fonctionnalité supplémentaire pour résoudre un problème », affirme-t-il.
Un modèle de responsabilité partagé qui ne devrait pas changer
Ce n’est que depuis deux ans environ que Salesforce entend ajouter à son catalogue une offre de sauvegarde. Jusqu’alors, le géant du CRM s’appuyait sur des partenaires, dont Own, Veeam ou encore Odaseva.
Jon BrownAnalyste, Enterprise Strategy Group
Salesforce n’inclut donc pas, par défaut, de fonctions de sauvegarde pour sa plateforme SaaS. Elles fonctionnent plutôt selon le modèle de la responsabilité partagée, un cadre dans lequel le fournisseur de services est responsable de la disponibilité et de la sécurité de son logiciel, tandis que les clients sont responsables de la disponibilité et de la sécurité de leurs données. L’éditeur chiffre par défaut les données de ses clients en transit et au repos et impose un système d’authentification multifacteur. Mais la sauvegarde demeure à leur charge.
D’après Jon Brown, ce cadre n’est pas près de changer, car la responsabilité juridique liée à la protection des données des clients pourrait finir par coûter plus cher que la valeur de l’entreprise elle-même.
« La question de la responsabilité est délicate », observe-t-il. « Je pense que les entreprises resteront fidèles à ce modèle de responsabilité partagée qui laisse une zone grise en cas de catastrophe ».