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IA vocale : Salesforce met la main sur Tenyx

En acquérant Tenyx, Salesforce entend se doter de capacités d’interactions vocales pour son usine à agents (semi) autonomes Agentforce Service Agent. Pour le géant du CRM, c’est à la fois une suite logique pour sa stratégie GenAI et un investissement dans une technologie qu’il avait laissée de côté.

À deux semaines de son événement Dreamforce, Salesforce annonce la signature d’un accord définitif pour acquérir Tenyx pour un montant non communiqué. L’éditeur espère obtenir l’aval des autorités et finaliser ce rachat avant la fin du troisième trimestre de l’année fiscale 2025, c’est-à-dire avant le 31 octobre 2024.

La startup fondée en 2022 installée dans la Silicon Valley. Selon Crunchbase, Tenyx a levé 15 millions de dollars en 2022 en seed, auprès de 11 investisseurs.

Pourquoi Salesforce s’intéresse-t-il à une jeune société comptant environ 25 employés (selon les informations disponibles sur LinkedIn) ? Tenyx s’est spécialisé dans l’IA conversationnelle et plus particulièrement au traitement du signal vocal.

Tenyx développe des agents vocaux pour divers usages liés au service client, à l’assistance, à la prise de rendez-vous médical ou à la conduite de sondage.

Selon la startup, sa pile technologique permettrait de mieux comprendre les intentions que les SVI traditionnels. Sans surprise, Tenyx a mis au point une architecture s’appuyant sur plusieurs LLM. Son équipe de recherche a mis au point une méthode propriétaire de fine-tuning permettant, selon ses dires, de réduire les oublis (« forgetting ») des grands modèles de langage. Pour démontrer la pertinence de cette approche, la startup a entraîné trois LLM, dont Tenyx-70B, une variante de Llama 3-70B.

Avec ces technologies, « Salesforce prévoit d’augmenter les fonctionnalités d’agents autonomes déjà existantes de Salesforce ». En particulier, il s’agit d’intégrer les fonctionnalités d’IA vocale de Tenyx dans Agentforce Service Agent.

En ce sens, l’équipe de Tenyx, dont Itamar Arel, son CEO, et Adam Earle, son CTO, vont rejoindre les rangs de Saleforce.

Agentforce, le thème principal de Dreamforce

Pour rappel, en juillet, Salesforce avait dévoilé Einstein Service Agent, une fabrique à agents (semi) autonomes. Celle-ci se nommait auparavant Einstein Skill Builders et était partie intégrante d’Einstein Copilot Studio.

Il y a un peu plus d’une semaine, le géant du CRM – particulièrement friand du renommage – semble avoir décidé de lancer une nouvelle marque chapeau : Agentforce. Marc Benioff en personne, PDG de Salesforce, en fait désormais la promotion sur les réseaux sociaux.

Salesforce nous promet déjà qu’Agentforce sera l’un des thèmes principaux de la grand-messe Dreamforce. « Cette année, Dreamforce devient vraiment Agentforce », a lancé Marc Benioff lors de la conférence de présentation des résultats financiers ayant eu lieu le 28 août.

Le service marketing du géant du CRM nous a habitués à ces jonglages nominatifs. Ce qu’il faut retenir, c’est que Service Agent ne disposait pas de capacités de traitement vocal. De même, les fonctions de transcripts d’appels de Service Cloud, l’une des solutions les plus utilisées par les clients de Salesforce, sont propulsées par le service Amazon Connect d’AWS. En 2018, alors que les assistants vocaux tels Siri et Alexa atteignaient leur pic de popularité, l’éditeur avait bien tenté de développer ses propres services d’interactions vocales. Il a abandonné ce projet en 2021 et s’est rabattu sur un partenariat avec AWS. En 2023, Salesforce a également lancé une solution commune avec Genesys : CX Cloud.

Un (re) gain d’indépendance technologique

À l’évidence, entre 2018 et 2021, Salesforce s’est rendu compte de l’effort humain et financier que représentait le développement d’un système d’interaction vocale propulsé à l’IA. Les avancées (séparées et combinées) dans les domaines du speech to text et de l’IA générative ont grandement facilité ce travail. Le géant du CRM ne semble, pour autant, pas avoir abandonné son souhait d’acquérir une indépendance technologique dans ce domaine.

Si Tenyx s’est principalement concentré sur l’anglais, chez Salesforce, les capacités multilingues des LLM lui permettront de passer techniquement à l’échelle internationale.

En matière de GenAI, le géant du CRM s’appuie essentiellement sur des partenaires, mais ses équipes R&D poursuivent des efforts spécifiques en vue d’adapter des modèles, d’en entraîner en propre et de les déployer.

Les espoirs financiers de Salesforce dans l’IA

Marc Benioff se montre très enthousiaste quant à l’adoption de la plateforme Agentforce.

« D’ici le début du prochain exercice fiscal, nous aurons des milliers de clients qui utiliseront cette plateforme. Et nous les aurons accompagnés pour en assurer le succès, pour la déployer. Les premiers essais ont été remarquables », vante-t-il.

Malgré ses ambitions (Marc Benioff a évoqué l’étude d’une tarification de deux dollars par conversation), l’IA n’est pas encore un moteur financier important. Et ce, malgré le fait que Salesforce indique avoir signé 1 500 contrats impliquant cette technologie au deuxième trimestre fiscal 2025.

Durant cette période, l’éditeur a réalisé un chiffre d’affaires de 9,32 milliards de dollars, en hausse de 8 % par rapport à la même période l’année dernière. Il a enregistré 1,42 milliard de dollars de bénéfice. Ces résultats positifs sont dus au succès de la stratégie « multicloud » de Salesforce. Pour rappel, un cloud chez le géant du CRM correspond à une solution telle Service Cloud, Commerce Cloud ou encore Marketing Cloud.

« Au deuxième trimestre, environ 16 000 clients ont souscrit à un nouveau cloud et plus de 4 500 d’entre eux ont ajouté deux clouds ou plus [à leur contrat] », déclare Amy E. Weaver, présidente, directrice administrative et financière de Salesforce. « Et nous continuons à observer une forte dynamique de Data Cloud, qui reste l’une de nos innovations à la croissance organique la plus rapide ».

« Au deuxième trimestre, le nombre de clients payants a augmenté de 130 % par rapport à l’année précédente, et le nombre de clients dépensant plus d’un million de dollars par an a presque doublé », ajoute-t-elle.

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