Wolters Kluwer lance une gestion de contrats augmentée par l’IA

La maison mère de Tagetik, qui possède également une solution pour les métiers juridiques, met de plus en plus d’intelligence artificielle dans ses produits. Avec au cœur du projet, les questions de confidentialité, de sécurité et de contrôle de l’IA, particulièrement sensibles pour ces professions.

La division « Legal & Regulatory » de Wolters Kluwer – le groupe hollandais, également maison mère en France de l’éditeur spécialisé dans la gestion financière CCH Tagetik – a lancé cette année une fonctionnalité infusée à l’intelligence artificielle (IA) dans l’un de ses outils juridiques.

Wolters Kluwer est l’éditeur de Legisway, une « contrathèque » en mode SaaS – une solution pour gérer et centraliser les contrats d’une entreprise. L’IA doit accélérer les processus de révision de ces contrats en permettant aux services juridiques d’interroger, en langage naturel (avec du NLP), leurs bases de documents.

« Grâce à l’IA, nos clients peuvent mieux appréhender les termes des contrats », explique Ken Crutchfield, vice-président et directeur général des marchés juridiques chez Wolters Kluwer Legal & Regulatory aux États-Unis.

Legisway gère également le suivi des obligations contractuelles, la propriété intellectuelle, les biens immobiliers, la gestion des entités et de la conformité, ainsi que les risques juridiques, commerciaux et liés à la réputation. Autant de domaines où l’IA devrait être appliquée dans un avenir proche.

50 % des revenus logiciels viennent de l’IA

Dans tous ces domaines, l’IA est un axe majeur du développement pour l’éditeur.

« L’IA ouvre des perspectives de développement passionnantes pour répondre à des besoins [juridiques] qui évoluent », confirme Sergio Liscia, vice-président et directeur général de la division Legal Software chez Wolters Kluwer Legal & Regulatory.

À tel point que Wolters Kluwer – qui a réalisé un chiffre d’affaires de 5,6 milliards d’euros en 2023 – estime qu’aujourd’hui environ 50 % de ses revenus logiciels proviennent désormais de produits qui exploitent l’IA.

Le légal étant une division particulièrement sensible pour les entreprises, l’éditeur assure que son IA est « responsable, explicable, transparente, sécurisée », qu’elle respecte la confidentialité des données des clients qui l’utilisent, et que son approche reste centrée sur l’humain.

Une IA développée en interne

Techniquement, Legisway est hébergé sur AWS, dans deux instances (une dans l’UE et une autre aux États-Unis).

Quant à l’IA, elle est développée en interne. « Elle provient de l’acquisition de Della AI en 2022 », rappelle Sergio Liscia au MagIT, en soulignant au passage que Wolters Kluwer déploie de l’intelligence artificielle dans ses produits depuis plus d’une décennie.

L’éditeur expérimente également un certain nombre de cas d’usage de l’IA générative, tout en restant « solide et fiable » – deux exigences des professionnels du droit qui ne peuvent accepter la moindre hallucination d’un LLM.

« Les données de nos clients européens sont toutes stockées dans l’Union européenne, avec des clés d’accès auxquelles les fournisseurs n’ont pas accès »
Sergio LisciaVice-président et directeur général division Legal Software, Wolters Kluwer Legal & Regulatory

Parmi les autres exigences de ces métiers (et de l’éditeur), la confidentialité figure en bonne place. Ce qui implique, pour les clients européens, une certaine forme d’immunité technologique aux prestataires IT non européens. Sur ce point, le VP l’assure : « les données de nos clients européens sont toutes stockées dans l’Union européenne, avec des clés d’accès auxquelles les fournisseurs n’ont pas accès ».

« Chez Wolters Kluwer, nous adhérons à des politiques strictes en matière de collaboration avec des tiers, en particulier dans le domaine des technologies de l’information », continue Sergio Liscia. « Nous disposons d’une unité mondiale spécialisée qui gère tous les aspects de l’infrastructure et de la sécurité. Ces normes rigoureuses s’appliquent également au développement de nos produits […]. En outre, nos équipes sont certifiées ISO et SOC afin de respecter les processus les plus stricts en matière de traitement des données de nos clients ».

De plus en plus d’IA dans tout le droit

Wolters Kluwer ne devrait pas s’arrêter là. « Nous allons très bientôt parler d’améliorations apportées par l’IA à la manière dont nous examinons et rédigeons les contrats », promet le VP. L’éditeur estime en effet que l’intelligence artificielle a plus de valeur à apporter que les seules capacités conversationnelles.

Plus précisément, Sergio Liscia évoque une approche globale, qui doit « assurer la cohérence de l’ensemble des processus gérés par les professionnels du droit ». « Nous nous efforçons de numériser les workflows les plus larges au sein du département juridique, plutôt que de fournir des solutions ponctuelles, c’est-à-dire uniquement la gestion des contrats ou des entités », déclare-t-il au MagIT.

Avec l’IA d’un côté et l’approche bout en bout de l’autre, Wolters Kluwer entrevoit la possibilité, de proposer « des flux d’utilisateurs proactifs (sic) plus proches de nos clients ».

Autrement dit, de faire de l’IA un réel assistant, un véritable agent « fiable, qui améliore l’efficacité du travail juridique sans compromettre la qualité », conclut Sergio Liscia.

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