Thales fait plier VMware

Thales, qui utilise les produits de VMware pour bâtir la partie IT de ses solutions de défense, a obtenu du Tribunal de commerce que son fournisseur respecte les engagements contractuels signés avant qu’il soit racheté par Broadcom.

Ça tombe plutôt mal pour VMware. Selon une information révélée par nos confrères de l’Informé, Thales a assigné VMware devant le tribunal de Commerce de Paris en avril 2024 pour pratiques commerciales abusives. Puis, en juillet 2024, le président du tribunal de commerce de Paris a fait droit aux demandes de Thales en ordonnant à VMware d’exécuter ses obligations contractuelles jusqu’au terme du contrat de licence en cours, soit 2025.

Après l’acquisition de VMware par Broadcom à la fin de l’année 2023, un litige est né entre les deux entreprises en raison de la nouvelle stratégie commerciale poursuivie par VMware.

Contacté, Thales a fait savoir au MagIT qu’il ne préférait pas s’exprimer pour le moment sur ce dossier, « étant donné que la procédure est toujours en cours », a précisé un porte-parole.

Thales n’est pas le premier à se sentir lésé par les nouvelles approches commerciales de VMware. En substance, les clients de la suite de virtualisation sont obligés de s’abonner à la suite entière des logiciels de VMware selon un tarif mensuel calculé au nombre de processeurs utilisés. La solution globale s’appelle à présent VMware vSphere Foundation (VVF), ou VMware Cloud Foundation (VCF) selon qu’elle sert un usage privé ou qu’elle est destinée à être revendue sous forme de services par un prestataire de cloud.

Auparavant, les entreprises pouvaient n’acquérir que les modules qui les intéressaient et, surtout, les conserver autant de temps qu’elles le jugeaient nécessaire avant d’investir à nouveau dans une version plus moderne.

Faire respecter des engagements pris avant le rachat de VMware par Broadcom

Là où le bât blesse, c’est que cet achat était la plupart du temps lié à un support technique, signifié par le même contrat commercial, mais comptabilisé comme un abonnement à part. Or, dans les nouvelles dispositions de VMware, ce support technique vient forcément avec l’abonnement à la suite complète de VMware. Dit autrement, les entreprises, qui comme Thales, avaient signé des contrats de supports pluriannuels avant le rachat de VMware par Broadcom, ont eu la douleur de s’entendre dire que ces contrats n’étaient prématurément plus applicables.

L’ironie est que, lors d’un entretien fin 2022, Thales avait insisté auprès du MagIT pour dire combien il avait « confiance en VMware, sur le long terme », et ce, malgré les signaux d’alarme que tiraient déjà les analystes du fait de la réputation brutale de Broadcom.

Thales utilise en l’occurrence les produits de VMware pour bâtir la couche infrastructure de ses solutions de défense. Par exemple, Thalès s’en sert pour déployer un poste de commandement entièrement informatisé et au sein duquel s’exécute une centaine d’applicatifs militaires.

Reste à savoir si le succès probable de Thales face à VMware au tribunal fera jurisprudence pour tous les autres clients de VMware qui se trouvent dans une situation similaire.

Autre ironie, cet événement sort dans la presse à quelques jours de l’inauguration de VMware Explore 2024, le premier événement annuel de l’éditeur sous étendard Broadcom. Il était question lors de celui-ci de démontrer au public combien la nouvelle politique commerciale était finalement légitime..

Pour approfondir sur Editeurs

Close