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La grande majorité des développeurs pratiquent le « Shadow GenAI »

Une étude de Capgemini montre que l’IA générative dans le développement n’en est qu’à ses débuts, que les entreprises qui l’appliquent en voient déjà les bénéfices, et que le mouvement va s’accélérer. Mais en attendant, 6 ingénieurs logiciels sur 10 l’utilisent en Shadow IT.

Capgemini s’est penché sur l’usage de l’intelligence artificielle générative dans le développement logiciel (ce que Forrester nomme les Turing Bots).

Premier constat de l’ESN française, l’ingénierie logicielle n’en est qu’à ses débuts de l’usage des LLMs : « 9 organisations sur 10 n’étant pas encore passées à l’échelle », note le rapport.

Si elles ne sont pas passées à l’échelle, les entreprises ont déjà largement commencé à explorer cette technologie. Selon l’enquête, les outils d’IA générative sont utilisés aujourd’hui par 46 % des ingénieurs logiciels.

Deuxième enseignement, les entreprises qui ont commencé à s’intéresser à l’IA générative en tirent déjà des avantages.

Des bénéfices déjà perceptibles

Ces « early adopters » citent la stimulation de l’innovation (61 % des entreprises interrogées) et l’amélioration de la qualité des logiciels (49 %) comme les deux principaux bénéfices. L’IA générative trouve également des applications dans d’autres activités du cycle de vie du développement logiciel, comme la modernisation du code ou la conception d’UX, ajoute l’étude.

Elles ont également constaté une amélioration de la productivité de 7 à 18 % (en moyenne). Pour certaines tâches spécialisées, le gain de temps atteint même 35 % », constate Capgemini.

Qui dit hausse de la productivité, dit plus de temps à utiliser. Mais comment ? Les entreprises disent qu’elles prévoient d’exploiter ce temps libéré par l’IA générative pour développer de nouvelles fonctionnalités (50 %) et améliorer les compétences (47 %).

Mais très peu prévoient – ou avouent ? – qu’elles envisagent de réduire leurs effectifs pour faire autant avec moins d’employés (seulement 4 % des organisations envisagent cette option).

Troisième enseignement, de nouveaux postes – comme développeur d’IA générative, rédacteur de prompts ou architecte d’IA générative – sont également en train d’émerger.

La GenAI permet également de mieux expliquer ce que fait un code, et améliore donc la relation entre les ingénieurs logiciels et les autres équipes métiers. « 78 % des professionnels du logiciel sont optimistes quant au potentiel de l’IA générative à améliorer la collaboration », chiffre Capgemini

Shadow GenAI

Reste que tous les usages ne sont pas « officiels ». Toujours selon Capgemini, 63 % des professionnels du logiciel déclarent utiliser des outils d’IA générative non autorisés. Autrement dit, ils font du Shadow IT ou du « Shadow GenAI ».

« Cette adoption rapide, et l’absence d’une gouvernance et d’une surveillance adéquates, expose les organisations à des risques fonctionnels, de sécurité et juridiques », avertit l’ESN.

Infographie sur le pourcentage de la main-d'œuvre utilisant des outils d'IA générative au travail.
Source: Capgemini Research Institute, Generative AI in Software Engineering, Senior Executives Survey, April 2024, N = 1,098 senior executives

Parmi ces risques, Capgemini cite les hallucinations (code halluciné), les fuites de code (confidentialité) et les problèmes de propriété intellectuelle.

« L’impact [de la GenAI] sur l’efficacité et sur la qualité du code est mesurable et prouvé », résume Pierre-Yves Glever, directeur de Global Cloud & Custom Applications chez Capgemini. « Cependant, la véritable valeur émergera d’une approche holistique ». Ce qui implique, entre autres, d’établir des espaces de travail et de mettre en place des contrôles qualité et de sécurité, invite l’expert.

Dernier enseignement : en 2026, 85 % des développeurs devraient utiliser la GenAI.

L’étude de Capgemini Research Institute a sondé 1 098 responsables « senior », 1 092 professionnels du code (architectes, développeurs, project managers, etc.) et mené une vingtaine d’entretiens qualitatifs.

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