Processeurs : AWS commercialise des VM dopées au Graviton4

Les machines virtuelles R8g basées sur le tout dernier processeur ARM Neoverse mis au point par l’hyperscaler sont désormais disponibles sur EC2. Les performances seraient 30 % meilleures que celles des VM basées sur le Graviton3.

Tenant salon à New York cette semaine, l’hyperscaler AWS annonce la commercialisation, sur son cloud IaaS EC2, de machines virtuelles R8g basées sur le Graviton4, son nouveau processeur ARM maison. Les performances des VM R8g seraient 30 % meilleures que celles des VM R7g à base de Graviton3, selon la petite centaine de clients d’AWS qui testent la technologie depuis déjà plusieurs mois.

« En tant que fournisseur d’un entrepôt de données serverless temps réel en ligne, la vitesse est très importante pour notre compétitivité, tout comme le rapport prix/performance. Nous nous félicitons de constater que les VM R8g ont le potentiel de fournir un rapport performance prix encore 20 % meilleur », témoigne Alexey Milovidov, directeur technique et co-fondateur de ClickHouse.

Cet éditeur d’une base de données orientée colonnes explique avoir adapté son code aux processeurs ARM depuis la commercialisation d’instances EC2 basées sur des processeurs Graviton, estimant qu’il s’agit de l’approche architecturale la plus efficace.

Un avis que rejoint Liz Fong-Jones, directrice technologique du service de monitoring en ligne des performances applicatives Honeycomb.io : « notre code exécuté sur des instances R8g délivre quatre fois plus de résultats par vCPU qu’il ne le faisait sur les instances x86 que nous utilisions il y a quatre ans. »

Parmi les autres témoignages, le service de publication de photos en ligne Flickr aurait mesuré une augmentation des performances de 20 à 40 % sur ses opérations de compression des images, grâce au Graviton4. Et, ce, précise son ingénieur en chef, sans avoir dû modifier le code de son service.

Accessoirement, le Graviton4 contenant plus de cœurs que le Graviton3, AWS propose à son catalogue des VM R8g dotées de 192 vCPU et 1,5 To de RAM, soit des caractéristiques trois fois supérieures à celles des VM R7g. AWS ne donne pas de détails précis sur son processeur, mais LeMagIT croit comprendre qu’une telle VM reposerait sur un serveur physique contenant deux processeurs Graviton4 de 96 cœurs chacun. A priori, les VM R7g sont exécutées par des serveurs comprenant un seul Graviton3 de 64 cœurs.

Le fait de condenser plus de cœurs dans un même serveur doit normalement permettre de réduire la consommation d’énergie et augmenter la bande passante réseau entre les VM.

« Selon nos premiers tests, les instances Graviton4 augmentent les performances de SAP HANA Cloud de 25 % sur les traitements analytiques et de 40 % sur les traitements transactionnels. »
Stefan BäuerleSenior Vice President, head of Database, SAP HANA Database & Analytics, SAP

« Notre offre en ligne SAP HANA Cloud existe depuis novembre dernier chez AWS sur des instances Graviton3, ce qui nous permettait déjà de proposer à nos clients un ratio prix/performance 35 % meilleur et une empreinte carbone réduite d’environ 45 % [par rapport à des infrastructures x86 traditionnelles]. Selon nos premiers tests, les instances Graviton4 augmentent les performances de SAP HANA Cloud de 25 % sur les traitements analytiques et de 40 % sur les traitements transactionnels », témoigne Stefan Bauerle, le patron des bases de données chez SAP.

L’architecture ARM, toujours

Depuis ces dernières années, les processeurs ARM font leur chemin dans les serveurs des hyperscalers pour exécuter des machines virtuelles Linux, en lien ou non avec des applications en containers. Cette architecture se montre particulièrement adaptée aux codes écrits en langages pour le web : Python, Node.js, Ruby, PHP, mais aussi Java, .Net Core, Rust, Go, etc.

Incontournables sur les appareils mobiles pour leur faculté à économiser l’énergie, les processeurs ARM ont fini par devenir des puces utilisables dans les serveurs avec l’arrivée des cœurs Neoverse 64 bits, dotés chacun d’un cache L2 dédié, d’unités de calcul vectoriel et capables de communiquer entre eux via des liens directs plutôt qu’au travers d’un bus commun.

Les processeurs ARM Neoverse les plus répandus sont ceux fabriqués par Ampere. Celui-ci les vend directement aux hyperscalers qui construisent eux-mêmes leurs serveurs, ainsi qu’à des fabricants de machines en marque blanche, de type Supermicro, qui fournissent des serveurs aux hébergeurs de cloud de moindre taille. HPE construit lui aussi des serveurs à base de processeurs Ampere qu’il vend aux entreprises dans lesquelles les équipes de développement ont besoin d’infrastructures économes en énergie pour tester leurs applications en containers.

Outre Ampere, Nvidia a mis au point le processeur Grace, un ARM Neoverse destiné aux supercalculateurs. Et, sur le même secteur, l’Européen SiPearl doit commercialiser bientôt son processeur Rhea. Apple, dont les processeurs ARM M1/2/3 équipent désormais les machines de bureau, devrait lui aussi décliner ses puces pour les serveurs de calcul haute performance, avec des versions intégrant de la mémoire HBM.

AWS a été le premier hyperscaler, via sa filiale Annapurna Labs, à se lancer dans la conception de ses propres processeurs ARM Neoverse, les Graviton. GCP, qui utilise encore des processeurs de marque Ampere, a récemment annoncé qu’il proposerait lui aussi bientôt une puce ARM Neoverse de sa conception, l’Axion.

Selon les quelques documentations techniques disponibles, le Graviton4 dispose d’un maximum de 96 cœurs Neoverse V2, qui implémentent le jeu d’instruction ARMv9.0 et disposent chacun de 2 Mo de cache L2 (soit 192 Mo de cache). Comparativement, le Graviton3 dispose d’un maximum de 64 cœurs Neoverse V1, qui implémentent le jeu d’instruction ARMv8.4 et qui fonctionnent chacun jusqu’à 2,6 GHz.

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