Samsung étoffe sa stratégie autour de Galaxy AI

Outre l’arrivée de Galaxy AI dans de nouveaux produits, Samsung poursuit le déploiement de ses fonctionnalités d’IA générative en maintenant une approche de déploiement hybride entre les smartphones et le cloud.

De l’IA partout, de la conception jusqu’à leur mise à disposition des consommateurs et des métiers. Voilà la direction prise par Samsung. Le constructeur coréen a profité de Galaxy Unpacked 2024 de l’été pour présenter ses nouvelles gammes de smartphones pliables Galaxy Z Flip6 et Z Fold6, les montres connectées Galaxy Watch 7 et Watch Ultra, les écouteurs sans fil Buds 3 et Buds 3 Pro et même la Galaxy Ring, une bague équipée de trois capteurs. Ces appareils en précommande seront disponibles le 24 juillet.

Tous ceux-là intègrent plusieurs fonctionnalités de machine learning, de deep learning et d’IA générative représentées par la marque ombrelle Galaxy AI. Exécution d’un score de santé, mesure fine du rythme cardiaque, de l’apnée du sommeil aux États-Unis et en Corée du Sud (Galaxy Watch 7, Watch Ultra et Galaxy Ring), réduction de bruit adaptative, amélioration de la clarté de la voix (Buds 3 Pro), retouches avancées d’images (Galaxy Z Flip6 et Z Fold6)… Le constructeur coréen ne lésine pas sur les capacités d’IA passives.

Mais Galaxy AI est aussi et surtout un prête-nom pour l’IA générative dans l’écosystème Samsung.

Galaxy AI, perçu comme un faire-valoir des produits chez Samsung

En janvier 2024, Galaxy AI avait été présentée comme une exclusivité temporaire des fleurons Samsung Galaxy S24, S24 Plus et S24 Ultra.

Une stratégie payante. Le groupe coréen note dans son bilan financier du premier trimestre 2024 que les fonctions comme « entourer pour chercher » (« circle for search ») développées avec Google connaissent « des taux d’utilisation élevés et constants » et ont favorisé la vente des S24, S24 Plus et S24 Ultra. Si bien qu’en février dernier le groupe a relevé ses objectifs de ventes, même en sachant que la saisonnalité des ventes joue en sa défaveur.

Au vu de ce succès, le constructeur a porté les fonctions de Galaxy AI sur certains fleurons de l’ancienne génération et prévoient de poursuivre ce déploiement sur une grande partie de ses produits. Les autres appareils suffisamment récents accueillent l’assistant Gemini porté par Android, même ceux d’entrée de gamme, comme les Galaxy A.

Si les produits de Samsung sont un vecteur pour Gemini, Galaxy AI n’est pas en reste. « Depuis le lancement de Galaxy AI (…), les fonctionnalités associées ont déjà été utilisées sur 100 millions d’appareils Samsung et nous nous attendons à ce que ce chiffre grimpe à 200 millions d’ici la fin de l’année », affirme Dr Won-joon Choi, executive Vice President and Head of Mobile R&D Office, Mobile eXperience Business chez Samsung Electronics, lors du salon IA menée le 11 juillet, en marge du Galaxy Unpacked 2024.

Des fonctions qui s’étoffent, d’abord sur les Galaxy Z Flip6 et Z Fold6. Outre l’amélioration d’entourer pour chercher, qui peut aider à résoudre un problème de maths, l’assistant Notes intègre directement l’enregistrement, la transcription, la traduction et la production de résumé dans une seule application. Le Galaxy Z Fold6, une fois son écran interne déplié, permet de consulter le transcript et son résumé l’un à côté de l’autre.

Samsung profite du format Galaxy Z Fold6 pour afficher les traductions produites par son application Interprète de chaque côté du smartphone pliable. L’application Traduction instantanée, elle, est désormais compatible avec les applications tierces, WhatsApp, Instagram, Messenger, WeChat et Google Chat.

Cette fonction requiert un compte Samsung et une connexion Internet. Elle est disponible dans 14 langues, dont le coréen, l’anglais, l’allemand, l’italien, l’espagnol et le français et sur 17 territoires. La traduction sur Teams demeure la chasse gardée de Microsoft.

Par ailleurs, le constructeur rend possible la traduction des PDF sans en modifier la mise en page.

En outre, la rédaction générative doit faciliter la rédaction de mails, de commentaires et de posts sur les réseaux sociaux dans trois tons différents (professionnel, détendu, poli), à partir de quelques mots clés. LeMagIT a pu assister à une démonstration pour la rédaction de relances commerciales et pour l’envoi d’invitation à un événement. Le message peut servir de base et être modifié par la suite. L’application s’appuie sur les sept derniers messages dans une conversation afin de suggérer du contenu plus pertinent.

Comme la fonction « rédaction générative » est intégrée dans le clavier Samsung, elle est compatible avec pratiquement toutes les applications Android.

Des débuts timides en entreprise

Si la cible principale de Samsung demeure le grand public, il mise sur le double usage de ses technologies. Pour l’heure, des tests sont en cours dans de grands hôtels parisiens pour juger de l’utilité de la traduction instantanée, rapporte Frédéric Fauchère, directeur division B2B Mobilité, chez Samsung Electronics France. D’autres essais seront menés avec plusieurs intervenants, dont les forces de l’ordre, lors des Jeux olympiques de Paris 2024 (le fabricant coréen est un des partenaires officiels des JO).

Pour autant, les usages de Galaxy AI en entreprise sont encore timides. De fait, les S24 Enterprise Edition ont souvent été commandées par les grands groupes pour récompenser leurs collaborateurs les plus méritants. La division BtoB de Samsung en France doit aussi convaincre ses partenaires de développer des applications prenant en compte les modèles d’IA générative disponibles depuis les smartphones du groupe.

Du côté de la photo et de la création, Samsung propose des fonctionnalités de retouche propulsées par des modèles de diffusion. Il propose notamment des variations graphiques à partir de portraits, et d’animer légèrement des photographies (pour qu’elles deviennent des fonds d’écrans alternatifs). Une autre fonctionnalité permet de générer des images à partir d’un dessin.

Moins pratiques et plus anecdotiques que les fonctions « entourer pour chercher », traduction instantanée et rédaction générative, les capacités de génération d’images sont pour autant le deuxième point sur la feuille de route IA de Samsung.

Productivité et créativité, les deux priorités de la R&D de Samsung

« Je m’intéresse principalement à deux domaines. L’un est la productivité et l’autre, la créativité », lance Dr Daehyun Kim, executive Vice President and Head of the Samsung Research Global AI Center chez Samsung Electronics, lors du salon IA. « Nous avons intégré une grande quantité de technologies dans ces deux catégories. Et une étude réalisée par Symmetry tend à démontrer que 63 % des usagers fréquents de l’IA sont plus productifs ».

En matière de R&D, les efforts se concentrent sur l’intégration des technologies de Google, le développement de ses propres modèles de langage et d’images, ainsi que l’intégration des Copilot (OpenAI) de Microsoft dans ses PC de la gamme Galaxy Book 4. Galaxy AI cohabite donc avec Gemini et les deux assistants peuvent être virtuellement réunis sur un PC à l’aide de la fonctionnalité « Lien pour Windows ». Celle-ci doit faciliter le transfert de fichiers, la réception des messages et l’affichage d’un écran déporté.

« Notre objectif est d’offrir la meilleure expérience propulsée à l’IA, qu’elle soit basée sur notre technologie ou celles de nos partenaires »
Dr Won-joon ChoiExecutive Vice President and Head of Mobile R&D Office, Mobile eXperience Business, Samsung Electronics.

« Notre objectif est d’offrir la meilleure expérience propulsée à l’IA, qu’elle soit basée sur notre technologie ou celles de nos partenaires », assure Dr Won-joon Choi. Sur mobile, en sus de Google, Samsung travaille avec Qualcomm.

Les Samsung Galaxy Z Flip6 et Z Fold6 sont tous deux équipés d’un SoC Snapdragon 8 Gen 3 doté d’un octocœur cadencé jusqu’à 3,4 GHz, d’un GPU Adreno et d’un NPU Hexagon, couplés à 12 Go de RAM. Le tout est refroidi par une chambre à vapeur sur les deux smartphones pliables. Le constructeur promet des gains de performance de 18 % pour le CPU, de 20 % pour son GPU et de plus de 40 % pour le NPU par rapport à la génération précédente.

Cette puissance est de plus en plus nécessaire pour exécuter les fonctions multimédias et d’IA, selon le constructeur et ses partenaires.

Une approche de déploiement hybride

De fait, Samsung tient à une approche d’IA mobile hybride.

« Nous voulons offrir ce qu’il y a de mieux entre l’IA sur appareil et l’IA dans le cloud », vante Dr Daehyun Kim. « Sur le smartphone en local, nous pouvons fournir une latence très courte et garantir la confidentialité des données ».

« Sur le smartphone en local, nous pouvons fournir une latence très courte et garantir la confidentialité des données ».
Dr Daehyun KimExecutive Vice President and Head of the Samsung Research Global AI Center, Samsung Electronics

Le constructeur permet aux utilisateurs d’exécuter exclusivement certaines des fonctions NLP et d’IA générative localement – pour l’instant en mode dégradé. Depuis le MDM Samsung Knox, les entreprises peuvent activer ou désactiver l’accès aux modèles d’IA générative dans le cloud pour une flotte de mobiles et par employé.

« Dans un même temps, le cloud permet d’accéder aux dernières informations, parfois à de meilleurs modèles et une puissance de calcul supérieur », poursuit le directeur de la recherche en IA chez Samsung.

Cette hybridation serait nécessaire, selon Don McGuire, SVP et Chief Marketing Officer chez Qualcomm. « Cet enjeu est “pratico-pratique”. Il faut définir où une fonctionnalité peut être exécutée. L’on pourrait se dire qu’il est plus simple de déployer tous les modèles d’IA dans le cloud, mais si nous faisons cela nous allons manquer d’eau, d’énergie et le modèle économique ne suivra pas », considère-t-il. « D’un autre côté, il y a des aspects tels que la confidentialité, la sécurité, la personnalisation, la vitesse et la latence qui affectent l’expérience utilisateur. Ainsi, ces éléments d’UX et de praticité joueront un rôle crucial dans l’évolution future de l’IA ».

En ce sens, Samsung envisage de développer un graphe de connaissances individuel qui résiderait sur les appareils. L’idée est de pouvoir croiser les données de différentes applications, afin de mieux comprendre les besoins de l’utilisateur et de lui suggérer l’activation de fonctions pouvant lui être utile. Ce serait un moyen de personnaliser les résultats des différents modèles d’IA.

Une autre voie, cette fois-ci en direction des entreprises, serait de favoriser le déploiement de petits modèles de langage privés, voire personnalisés pour une entreprise sur une flotte de smartphones pilotés par le MDM Samsung Knox.

« C’est une étape qui serait tout à fait logique [pour Samsung] », envisage Philippe Duchene, directeur marketing BtoB, Mobile Experience, chez Samsung.

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