Administration réseau : les efforts de Cisco pour pousser l’IA
Lors d’un débat en marge de sa dernière conférence Cisco Live 2024, le fournisseur a laborieusement défendu l’intérêt de renouveler dès aujourd’hui les réseaux pour bénéficier d’une IA capable de réduire les coûts à l’avenir.
Dépenser dès aujourd’hui dans l’IA pour faire des économies demain. Tel a été le message que Cisco et ses partenaires ont tenté de faire passer lors d’une table ronde consacrée aux enjeux des responsables réseau dans les grands datacenters.
Cette table ronde s’est déroulée à l’occasion de la conférence Cisco Live 2024 qui s’est tenue en juin à Las Vegas. Soit quelques semaines à peine après la conférence ONUS Spring 2024 qui, elle, concluait que l’IA n’était pas prête pour l’administration des réseaux.
Au cours de cette table ronde, Kevin Wollenweber, le patron de la branche Datacenters & Providers Connectivity chez Cisco, a, avec l’appui d’autres panélistes partenaires, recentré le sujet de l’administration réseau en datacenter sur la problématique supposément grandissante de la complexité.
Il a cité les principaux facteurs contribuant à la complexité des réseaux : la croissance du trafic Internet mondial, l’accélération des opérations, l’augmentation des données provenant des charges de travail liées à l’intelligence artificielle, l’augmentation des coûts, des exigences accrues en matière d’écologie, l’augmentation des cybermenaces…
L’IA pour automatiser, l’automatisation pour simplifier
Selon les panélistes, une démarche de simplification s’impose donc dans le but de regagner une bonne maîtrise du réseau. Pour lever la complexité, il suffirait d’automatiser. Mais pour pouvoir automatiser, encore faudrait-il avoir suffisamment de visibilité sur ce qui se passe, afin de savoir quoi déclencher dans quelles circonstances. Or, cette visibilité serait, elle aussi, plus complexe à obtenir aujourd’hui qu’elle ne l’était hier.
Kevin WollenweberSVP et general manager, Datacenter and Provider Connectivity, Cisco
« Il ne s’agit plus de tout faire tourner dans un seul datacenter, de savoir exactement sur quel appareil quelque chose fonctionne. Nous sommes dans un monde extrêmement distribué, et les opérateurs de datacenters ont besoin d’une visibilité complète sur l’ensemble de l’écosystème » a continué Kevin Wollenweber.
« Il faut un monitoring complet, avec les mêmes procédures de surveillance pour le réseau sur site et celui qui part ailleurs dans le cloud » a enchéri Michael Blake, DSI du prestataire PTC.
Après cette laborieuse introduction, Michael Blake a fini par vanter les bénéfices de l’IA pour suivre efficacement les différents flux de bout en bout. Efficacement voulant ici dire que l’IA, capable de comprendre ce qu’elle voit circuler sur les réseaux, pourrait enclencher les bons automatismes dans toutes les situations.
La conjugaison de l’IA et de l’automatisation permettrait en somme d’identifier et de corriger les problèmes au sein du réseau dès qu’ils surviennent. Ce qui simplifierait grandement l’administration des réseaux.
Investir tout de suite dans l’IA…
« Mais l’IA provoque une explosion des traitements ! Nous constatons que les besoins en énergie des serveurs qui calculent l’IA sont 5 fois supérieurs à ceux qui présentent des consoles d’administration manuelles. Cela pose d’énormes problèmes pour les objectifs de développement durable », a vivement fait remarquer une personne présente dans l’assistance.
L’une des réponses de Cisco à ce problème a été la mise à niveau de ses routeurs de la série 8000, ainsi que de nouveaux transpondeurs optiques enfichables, offrant une plus grande capacité de traitement du réseau et un encombrement très réduit.
« Les nouvelles technologies et mises à jour de Cisco permettent d’économiser de l’espace et de l’énergie dans les centres de données, contribuant ainsi aux initiatives de développement durable des entreprises. Il est possible d’intégrer dans une seule puce et dans une seule étagère rack ce qui se présentait auparavant comme de grands systèmes qui occupaient une pièce entière », a plaidé Kevin Wollenweber.
… pour moins investir plus tard dans les réseaux
Problème : se doter de réseaux intelligents a un coût. Mais Kevin Wollenweber a argumenté que l’IA permettrait dès aujourd’hui de mieux préparer les réseaux de demain et, finalement, limiterait l’explosion des coûts lors du prochain renouvellement des infrastructures.
Kevin WollenweberSVP et general manager, Datacenter and Provider Connectivity, Cisco
« Le trafic Internet mondial ne cesse d’augmenter : +25 % en 2023 comme, déjà, en 2022, selon un rapport de Cloudflare. Tous les réseaux sont tenus d’augmenter encore leur bande passante. Pour autant, nous savons que les entreprises ne vont pas pouvoir remplacer d’un claquement de doigts les équipements en place. L’alternative pour augmenter tout de même la bande passante disponible est d’optimiser l’exploitation des ressources réseau », a-t-il affirmé, en précisant que l’IA favorisait l’optimisation.
Les panélistes ont souligné qu’anticiper les besoins futurs du réseau doit ainsi permettre d’éviter qu’il ne devienne rapidement obsolète. Or, si les entreprises peuvent se passer de mettre à jour leur infrastructure trop souvent, elles économiseront de l’argent à long terme.
Kevin Deierling, le patron des infrastructures réseau chez Nvidia a conclu en rappelant que, pour que l’IA devienne un élément important dans la maintenance des réseaux, il fallait que le réseau et le centre de données se transforment dès maintenant pour l’accueillir. En clair, investir davantage maintenant pour investir moins demain.