France 2030 : Cleyrop, Outscale et l’Institut Mines-Télécom tirent le bilan du projet EDHISI
Le projet de R&D a prouvé qu’il est possible de déployer une plateforme de traitement et d’échange de données « souveraine », mais les acteurs engagés ne précisent pas clairement les suites de cette initiative.
En 2021, Cleyrop, Outscale et l’Institut Mines-Telecom avaient remporté un appel à manifestation d’intérêt conduit par BPI France pour le développement de la filière française et européenne du cloud dans le cadre du programme France 2030. L’éditeur d’un Data Hub était le chef de file du projet EDHISI (European Data Hub Infrastructure & Service Initiative). L’objectif, concevoir une PaaS de traitement de données « souveraine » européenne.
Alors que le Secrétariat général pour l’investissement (SGPI) en charge de France 2030 a rendu son rapport 2023 le 12 juin dernier, c’est l’occasion pour les trois partenaires et leur évaluateur, ENGIE, de tirer le bilan du projet après 24 mois de travaux.
Des bénéfices individuels
Le projet de R&D financé à hauteur de 4,9 millions d’euros (plus de 7,1 millions d’euros ont été dépensés pour l’accomplissement du projet) a permis de « développer et de mettre en production la plateforme Cleyrop », ainsi que de mettre en place les mécanismes d’automatisation des déploiements sur les infrastructures certifiées SecNumCloud d’Outscale. De son côté, le fournisseur cloud a pu tester son système de gestion des clés de chiffrement logiciel (KMS) avant son entrée en production.
Pour sa part, l’IMT a validé le déploiement du Data Hub de Cleyrop dans l’environnement Teralab, une plateforme de traitement de données de « confiance ». Le Data Hub repose pour l’occasion sur « un cluster Kubernetes managé par un opérateur de cloud français ».
Sur cet environnement, Teralab, filiale de l’IMT, a pu mettre en œuvre une preuve de concept d’un système de partage de données conformes aux protocoles édités par l’IDSA (International Data Spaces Association) et Gaia-X.
« C’est toujours difficile de dire que nous allons pouvoir faire des échanges de données sans considérer les services cloud où elles sont hébergées », déclare Anne-Sophie Taillandier, directrice de la plateforme Teralab à l’Institut Mines-Télécom. « En effet, lorsqu’on évoque la confiance en matière d’échanges de données, il est nécessaire d’en spécifier des critères qui soient suffisamment fiables pour la mesurer et l’établir jusqu’au service de cloud ».
La directrice estime que la constitution de cette offre et du programme de partage de données a été effectuée en un temps record et que les livrables seront probablement réutilisables.
ENGIE a bénéficié d’une vue sur la feuille de route et les livrables du projet afin de vérifier qu’il n’était pas « hors-sol ».
Une accélération des qualifications SecNumCloud
Dans son ensemble, 29,9 milliards d’euros sur les 54 milliards du plan d’investissement France 2030 ont été distribués pour financer 3 650 projets, indique le SGPI dans son rapport annuel.
Un budget de 9 millions d’euros a été alloué à l’accompagnement de 49 startups et PME dans l’obtention de la qualification SecNumCloud. Ces sociétés devraient pouvoir obtenir plus rapidement qu’à l’accoutumée le précieux sésame pour des offres PaaS et SaaS. Pour l’heure, Cloud Temple (PaaS) et Oodrive (SaaS) font partie des rares élus à avoir passé les épreuves de l’ANSSI.
Le rapport précise que l’IMT porte par ailleurs Data Space Lab, en vue d’ouvrir aux entreprises des espaces d’expérimentation de projets de gestion de données. L’Institut Mines-Telecom a également mené le projet CCMC1 (Cloud de confiance multi cloud 1) avec Atos, Docaposte, Outscale, OVHCloud et Dawex. Celui-ci vise « à accélérer les spécifications techniques et les développements du cœur de Gaia-X ».