Zoom sur Net Zero Cloud, la solution RSE de Salesforce

Salesforce fait évoluer Net Zero Cloud pour mieux prendre en compte les obligations de reporting extrafinancier imposées par la CSRD. Si certaines entreprises sont prêtes, la mise en place d’une telle solution n’est pas de tout repos.

Ce n’est pas une offre « star » du géant du CRM, contrairement à Sales, Service, Marketing Commerce Cloud, directement mentionné dans les rapports financiers du groupe. Et pourtant, Salesforce propose net Zero Cloud depuis quatre ans. Cette solution d’abord consacrée au reporting des émissions CO2, a petit à petit été combinée avec Net Zero Marketplace, une place de marché permettant de se procurer des crédits carbone. Ce deuxième aspect était sans doute le plus visible avant que la réglementation extrafinancière européenne CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) entre en vigueur. Le géant du CRM a intégré cette norme, appliquée dans l’Union européenne depuis le 1er janvier 2024, dans son outil de reporting en octobre 2023.

« Au début, nous étions concentrés sur l’empreinte carbone et nous avons élargi le spectre sur l’ensemble des données sociales et de gouvernance telles que le réclame la CSRD », déclare Julie Ravillon, Global CSR & Sustainability Leader Net Zero Cloud chez Salesforce. « Nous nous appuyons sur l’ensemble des clouds Salesforce, car c’est un sujet qui touche l’ensemble des périmètres de l’entreprise, internes ou externes ».

Les évolutions de Net Zero Cloud

Pour rappel, un cloud dans la terminologie est une solution SaaS verticalisée (Sales Cloud, Commerce Cloud, etc.).

Quant à la directive CSRD, elle oblige les entreprises européennes de plus de 500 employés d’effectuer un rapport RSE au début de l’année 2025 pour le compte de l’année 2024. Ces règles s’appliqueront aux entreprises de plus petites tailles et aux grands groupes extra-européens d’ici à 2028.

Net Zero Cloud permet aux utilisateurs de charger des données de référence liées aux différentes réglementations et aux protocoles de mesures environnementales des agences gouvernementales américaines, britanniques et européennes ainsi que les organisations internationales (EIA, EPA, GHH, BLS, DESNZ, etc.). La plupart de ces jeux de données ont été mis à jour entre décembre 2023 et février 2024. Ils contiennent en premier lieu les facteurs d’émission par activité et par géographie. Salesforce y a intégré des standards comme ceux développés par le SASB (Sustainability Accounting Standards Boad), une ONG prônant l’adoption de mécanismes comptables de durabilité, et les 12 normes ESRS (European Sustainability Reporting Standards) proposées par l’EFRAG dans le cadre de la CSRD.

« Nous avons aussi ajouté la possibilité d’effectuer des prévisions des émissions, de la production de déchets, de la consommation d’eau, etc. », indique Julie Ravillon. « Puis, nous avons introduit la possibilité d’appliquer des scénarii “what if”, c’est-à-dire de lancer des simulations suivant vos problématiques ».

« Nous avons introduit la possibilité d’appliquer des scénarii “what if”, c’est-à-dire de lancer des simulations suivant vos problématiques »
Julie RavillonGlobal CSR & Sustainability Leader Net Zero Cloud, Salesforce

Cette fonctionnalité serait utile dans la mise en place de plan d’action visant à baisser les émissions carbone et à améliorer les indicateurs ESG de l’entreprise, comme le réclame la CSRD.

De plus, selon la responsable, Salesforce a travaillé sur le partage et l’intégration des données du Scope 3 afin que les entreprises puissent « s’aligner » sur les émissions rapportées par leurs fournisseurs.

« Le sujet de double matérialité est également un enjeu de collaboration avec les parties prenantes internes ou externes des entreprises. Cela permet d’évaluer quel est l’impact de son entreprise sur d’autres, ou de ses politiques RSE sur son modèle économique ».

Selon Julie Ravillon, l’écosystème Salesforce est aussi adapté pour effectuer cette double comptabilité qu’un ERP. « Notre force vient de nos capacités à produire trois mises à jour annuelles, à intégrer des fonctions d’intelligence artificielle, d’analytiques avancées et d’intégrer le tout avec les autres “clouds” de Salesforce. Nos clients peuvent utiliser les données enregistrées au sein de Net Zero Cloud pour leurs services produits, clients, etc. », vante-t-elle. « Nos partenaires sont forces de proposition et fournissent des solutions sur étagère depuis AppExchange ».

À noter que de son côté, SAP vante les capacités de sa Sustainability Control Tower, compatible avec des systèmes SAP existants et des solutions tierces. L’éditeur allemand prépare également le Green Ledger, un livre de double comptabilité carbone intégré à son ERP S/4HANA Cloud.

Les défis de l’analyse de données extrafinancières

Les objets affichés dans la documentation de Salesforce semblent pourtant simples. Sur le papier, ils sont plus adaptés aux besoins des entreprises du secteur tertiaire. De son côté, Julien Ravillon assure que des entreprises de tous les secteurs et de toutes tailles déploient Net Zero Cloud. « Nous travaillons avec Renault, Mastercard, AT&T, Rossignol, etc. », liste-t-elle. Près de 300 clients Salesforce auraient adopté Net Zero Cloud.

Néanmoins, toutes les entreprises ne sont pas au même niveau de maturité. Certains commencent à déployer ces méthodologies et rapports au niveau d’une unité, d’autres s’attaquent à l’ensemble des aspects d’un projet RSE ou de l’application d’un protocole GHG (Scope 1,2 et 3). « En fin de compte, ce sont des projets qui n’engagent pas que l’équipe de développement durable, mais tous les métiers », indique la responsable chez Salesforce.

« Il y a nativement la possibilité d’ingérer des données dans Net Zero Cloud via des API, mais beaucoup d’entreprises ont encore des processus “semi-manuels” qu’il faut respecter ».
Julie RavillonGlobal CSR & Sustainability Leader Net Zero Cloud, Salesforce

D’autant que la collecte des données est bien souvent manuelle. « Il y a nativement la possibilité d’ingérer des données dans Net Zero Cloud via des API, mais beaucoup d’entreprises ont encore des processus “semi-manuels” qu’il faut respecter », affirme Julie Ravillon. « Elles veulent pouvoir télécharger des fichiers CSV et remplir manuellement des formulaires accessibles sous forme d’applications métiers. Beaucoup d’entre elles travaillent encore sur tableau Excel », renseigne-t-elle. « Les grandes organisations utilisent l’OCR et MuleSoft pour connecter de multiples systèmes ».

Les projets RSE demeurent conséquents

Salesforce se voit comme un « apporteur de solutions », celui qui structure des processus à partir des normes.

« Ensuite, l’enjeu porte sur la localisation et l’accès à vos données. Où sont-elles stockées ? S’agit-il de fichiers isolés ou d’un système centralisé ? Quel est ce système et comment peut-on y accéder ? Peut-on utiliser une API pour cela ? Est-il nécessaire de collecter certaines de ces données via un portail dédié que nous pourrions mettre à disposition ? », liste Julie Ravillon.

Il faut ajouter à cela des enjeux de collaboration, l’audit des processus, la traçabilité des données, la gestion des accès et la gouvernance par typologie de métiers.

Enfin, il y a la question de la collaboration, incluant les aspects d’audit et d’organisation au sein des solutions proposées.

En clair, les projets RSE demandent de personnaliser les déploiements aux besoins des entreprises. Salesforce est généralement assisté par des partenaires, dont KPMG, Deloitte, Capgemini ou encore Accenture. « Nous travaillons avec une variété de partenaires, petits et grands », assure Julie Ravillon.

Suivant la topologie des systèmes d’information et la maturité des organisations, le déploiement initial de Net Zero Cloud prendrait environ trois à six mois.

Selon l’expérience de la responsable chez Salesforce, les projets autour de Net Zero Cloud sont principalement menés par la direction RSE et la DSI. Les directions générales seraient de plus en plus présentes dans les discussions, mais il faudrait encore sensibiliser et former les différentes strates de l’organisation, dont la direction financière. « Tout le monde se forme, la direction financière aussi. Hormis le fait qu’elle devra allouer les budgets pour ce type de projet, elle se voit dans l’obligation d’intégrer des données qu’elle ne manipulait pas auparavant. Il y a également tout un enjeu de gestion des risques et des opportunités », poursuit Julie Ravillon.

En la matière, Salesforce travaille sur les notions d’enrichissement de données et les intégrations avec Data Cloud, la couche lakehouse/reverse ETL de Salesforce.

« Nous nous concentrons également sur l’IA générative, en particulier sur les aspects opérationnels, les indicateurs et la gestion des risques », indique Julie Ravillon.  « En parallèle, nous nous focalisons sur le suivi des plans d’action personnalisés pour chaque entreprise, permettant d’évaluer de manière précise chacune de leurs décisions RSE spécifiques ».

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