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Les défis du support des PC Copilot+ en entreprise

Les PC Windows utilisent généralement du matériel compatible x86, avec des processeurs Intel ou AMD. Microsoft propose désormais Windows sur Arm pour l’IA.

Au début du mois de mai, Microsoft a annoncé le PC Copilot+, une nouvelle catégorie de PC sous Windows conçue pour les applications d’intelligence artificielle (IA).

Yusuf Mehdi, directeur du marketing grand public chez Microsoft, a affirmé que les appareils, basés sur les puces de Qualcomm, sont capables d’effectuer plus de 40 TOPS (trillions d’opérations par seconde), ont une autonomie d’une journée entière sur batterie et donneront accès aux modèles d’IA les plus avancés.

Bien que Microsoft s’intéresse depuis plusieurs années au matériel basé sur l’architecture Arm et propose l’émulateur Windows RT x86 pour les PC basés sur l’architecture Arm, ces appareils sont restés une niche. Cette dernière tentative est considérée par certains observateurs de l’industrie comme un moyen de soutenir le marché des PC et d’imiter le succès d’Apple lorsqu’il est passé du matériel basé sur Intel à ses propres puces, basées sur l’architecture Arm.

Pour Geoff Blaber, PDG de CCS Insight, « Microsoft a identifié une opportunité de redynamiser le marché des PC, de transformer l’expérience utilisateur et a galvanisé l’écosystème des PC pour accompagner sa vision. Si le marché a besoin d’une preuve de la détermination et du dynamisme de Microsoft sous la direction de Satya Nadella ou de son engagement à être le leader de l’IA générative, Copilot+ en est une nouvelle preuve ».

Geoff Blaber souligne que la spécification Copilot+ établie par Microsoft signifie que tout le matériel initial lancé est basé sur le chipset Qualcomm Snapdragon X Series : « il s’agit d’un coup d’éclat pour Qualcomm, qui confirme la puissance et les performances de la série Snapdragon X. Cela lui donne l’occasion de percer enfin sur un marché des PC dominé par Intel et AMD ».

Selon Geoff Blaber, Microsoft espère pouvoir combler l’écart de performance avec la série M d’Apple grâce aux puces de Qualcomm.

« Les performances des puces de la série M d’Apple ont constitué une menace concurrentielle importante pour les PC Windows et ont réussi à conquérir des clients en partie grâce à l’autonomie de la batterie et aux performances », observe-t-il. Dès lors, « il était essentiel que Microsoft réagisse, et ce lancement est le résultat d’années de travail pour aligner les feuilles de route en matière de puces, de logiciel et de matériel, ainsi que les partenaires ».

Des questions se posent sur la différence entre les PC Copilot+, qui utilisent du silicium Qualcomm, et les PC infusés à l’AI, qui sont largement positionnés comme la prochaine génération de matériel PC x64 et x86.

Le fabricant de PC Dell fait partie des principaux fabricants de PC qui ont lancé des PC Copilot+. Louise Quennell, directrice principale du CSG (groupe des solutions clients) chez Dell Technologies UK, explique que le constructeur est attaché à la diversité des puces : « nous savons que le choix est ce qu’il y a de mieux pour nos clients, et nous continuerons donc à investir pour offrir la plus large gamme de PC IA à travers l’écosystème des puces ».

Et de préciser travailler « en étroite collaboration avec Microsoft et Qualcomm, pour apporter le même degré de rigueur que le reste de notre portefeuille x86 en termes de compatibilité logicielle et de disponibilité des fonctionnalités ».

L’un des plus grands défis auxquels les développeurs de logiciels seront confrontés est que les logiciels devront fonctionner en mode natif, plutôt qu’en mode émulé, afin d’obtenir les meilleures performances et la meilleure autonomie de batterie des appareils Copilot+.

Louise Quennell indique que Dell adaptera également tous ses propres logiciels, tels que Dell Optimizer et Dell Command Update, afin de bénéficier des avantages offerts par l’architecture basée sur Arm. Toutefois, elle a fait remarquer que les clients entreprises sont habitués à l’architecture x86 : « ce changement peut entraîner une modification importante pour les services informatiques ».

Acer est également l’un des partenaires de lancement des PC Copilot+. Le constructeur a invité les services informatiques à tester la compatibilité avant de déployer ces appareils dans l’entreprise : « les services informatiques doivent effectuer des tests de compatibilité pour s’assurer que tous les logiciels et applications utilisés par l’entreprise sont compatibles avec Windows 11 et les fonctions d’intelligence artificielle des PC Copilot+ ».

Dans sa documentation sur Windows on Arm, Microsoft indique que Windows 11 permet d’exécuter des applications Windows x64 non modifiées sur des appareils Arm : « cette possibilité d’exécuter des applications x86 et x64 sur des appareils Arm donne aux utilisateurs finaux l’assurance que la majorité de leurs applications et outils existants fonctionneront correctement, même sur les nouveaux appareils alimentés par Arm ».

Lors de sa conférence annuelle Build 2024 destinée aux développeurs, Microsoft a évoqué une mise à jour de son émulateur appelé Prism. L’éditeur décrit Prism comme un nouveau moteur d’émulation qui, selon lui, génère plus efficacement le code, ce qui permet aux applications émulées de fonctionner plus rapidement sur tous les appareils Windows sur Arm. Selon Microsoft, Prism traduit le code exécutable x86/x64 en Arm64 et fonctionne en arrière-plan lorsqu’une application x64 est ouverte sur un appareil Windows sur Arm.

Toutefois, pour obtenir les meilleures performances, la meilleure réactivité et la meilleure autonomie, Microsoft a vivement conseillé aux développeurs de créer ou d’ajuster des applications Windows natives pour Arm.

« Les applications patrimoniales conçues pour l’architecture x86 peuvent être confrontées à des problèmes de compatibilité, nécessitant soit une émulation, soit une adaptation. »
VMO AmericaSociété de développement de logiciels

L’émulation est considérée par beaucoup comme un palliatif pour aider les décideurs informatiques à passer à la nouvelle plate-forme matérielle sans avoir à mettre à jour et à réécrire tous leurs logiciels pour cette architecture.

Dans un billet publié sur LinkedIn, la société de développement de logiciels VMO America note que si la transition vers Arm dans l’écosystème Windows est prometteuse, elle n’est pas sans poser de problèmes : « les applications patrimoniales conçues pour l’architecture x86 peuvent être confrontées à des problèmes de compatibilité, nécessitant soit une émulation, soit une adaptation. Ce changement exige un effort concerté de la part des développeurs pour créer ou adapter des applications Windows natives pour Arm, afin d’obtenir des performances optimales ».

Cependant, alors qu’il semble y avoir une forte dynamique autour des puces Qualcomm, Microsoft prévoit de certifier les matériels AMD et Intel à l’avenir. Il en résultera probablement un environnement informatique plus complexe pour l’utilisateur final, dans lequel les PC Windows pourront exécuter des applications Windows Copilot+ AMD/Intel 64 bits et 32 bits natives, des applications Windows Copilot+ ARM64 natives et des applications Windows devant être émulées sur les puces Qualcomm.

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