Stockage en cloud : Leviia reste moins cher, mais mieux certifié

La startup française lance une offre d’hébergement des sauvegardes qui a reçu l’agrément HDS. Son tarif, toujours inférieur aux offres américaines, se maintient grâce à une ingénierie hors pair sur les serveurs de Free Pro.

Leviia, la startup française qui se pose en concurrent de Wasabi, dans les offres de stockage en cloud très peu chères, se targue d’être encore plus souveraine. Son nouveau service objet Leviia Storag3, facturé 9,99 €/To et par mois, est certifié HDS (Hébergeur de Données de Santé), l’une des plus importantes qualifications en termes de sécurité des données.

« Même si une entreprise n’a pas de données de santé à stocker, cette certification HDS lui garantit que notre service est conforme RGPD, ISO 27001, qu’il obéit à des obligations strictes de sécurité des données, qu’il est soumis à des obligations d’audit », explique William Méauzoone (à droite sur la photo), l’un des deux fondateurs de la startup.

« Notre cœur de métier reste d’héberger en lieu sûr toutes les sauvegardes des entreprises, quelles qu’elles soient. Notre différence est de le faire au meilleur prix sur des serveurs français. Être HDS signifie que nous élevons encore plus notre niveau d’exigence », ajoute-t-il.

« Notre cœur de métier reste d’héberger en lieu sûr toutes les sauvegardes des entreprises, quelles qu’elles soient. Notre différence est de le faire au meilleur prix sur des serveurs français. »
William MéauzooneCofondateur Leviia

Cette nouvelle offre de stockage en cloud s’inscrit dans le cadre d’une doctrine européenne, particulièrement défendue en France, de souveraineté des données. Le problème des offres souveraines est qu’elles coûtent généralement plus cher que leurs équivalents proposés par des prestataires américains. Leviia prétend abolir cette contrainte.

Un tarif pour garder des copies de secours à l’abri des cyberattaques

Précédemment, Leviia proposait un service de stockage S3 similaire, mais non HDS, pour 5,99 €/To et par mois, qui était taillé pour concurrencer l’offre de stockage à 6,99 $/To et par mois de l’Américain Wasabi. Ces offres, qui s’exécutent sur des serveurs physiques dédiés, se veulent 80 % moins chères que les services de stockage objet usuels des hyperscalers. En particulier, elles revendiquent de ne pas facturer la relecture des données quand les entreprises souhaitent restaurer leurs sauvegardes.

« Même à 9,99 €/To et par mois, nous restons moins chers que notre concurrent, car nous n’avons aucun coût caché », assure William Méauzoone, qui pointe une obligation d’engagement chez Wasabi pour ne pas payer lors de la restauration des données, ainsi que des frais de dossiers.

« En clair, si une entreprise paie pour 100 To/mois, elle a le droit de relire 100 To tous les mois », dit-il, en affirmant que, en moyenne, une entreprise n’a jamais besoin de restaurer plus de données qu’elle a sauvegardées sur une période de 30 jours. Et ce même en tenant compte des accès en lecture des logiciels de sauvegarde qui vérifient régulièrement l’intégrité des données.

« Nous voyons en effet de plus en plus ce genre d’accès depuis un an. Mais ils sont loin de relire l’intégralité des sauvegardes à chaque fois. De toute façon, si cela arrivait, nous contacterions notre client pour vérifier avec lui qu’il n’y a pas de problème », assure le cofondateur de Leviia.

Reste que, de plus en plus, les entreprises sont susceptibles de relire leurs sauvegardes, non pas pour les restaurer, mais pour les soumettre à des moteurs d’analytique qui puisent dans les archives historiques pour forger leur intelligence. C’est en tout cas l’usage que les hyperscalers mettent en avant pour justifier leurs tarifs de stockage S3 bien plus élevés.

« Certes, si vous ne stockez que 100 To chez nous, mais que vous relisez l’équivalent de 300 To dans le mois, alors vous devez payer un forfait pour 300 To/mois. Cependant, nous sommes ouverts à des négociations commerciales dans ce cas », rétorque William Méauzoone, en rappelant que le but de son service est avant tout de stocker des copies de secours à l’abri des cyberattaques.

De fait, Leviia Storag3 est certifié pour s’interfacer avec plusieurs logiciels de sauvegarde conçus dans le but d’envoyer des copies de secours en cloud. Veeam, Atempo, Rubrik et Commvault, pour les plus connus. Mais aussi Bacula et Naviko qui sont fréquemment utilisés dans le secteur public. Le service est également conçu pour être une cible des sauvegardes automatiques des baies de stockage objet ECS de Dell (à présent basées sur des NAS PowerScale). Dans tous les cas, les entreprises clientes de ces solutions ont la possibilité de plutôt analyser leurs données à la source.

D’OVHcloud à Free Pro

La fiabilité des offres de Leviia repose sur des réglages hors pair de Ceph. Les fondateurs de Leviia sont devenus des spécialistes chevronnés de ce système de stockage Open source du temps où ils étaient administrateurs système pour de très grands comptes français.

« Tous nos services s’exécutaient jusque-là sur les serveurs physiques d’OVHcloud. Notre nouvelle offre Storag3 fonctionne désormais depuis des serveurs privés chez Free Pro », dit William Méauzoone, qui concède de partager quelques secrets de fabrication.

« Nous avons trouvé chez cet hébergeur l’opportunité de choisir plus finement les caractéristiques des machines. Chez OVHcloud, nous devions sélectionner nos machines parmi des configurations types. Chez Free Pro, nous pouvons configurer la puissance processeur, indépendamment de la quantité de RAM, indépendamment du type de disques. »

« C’est important, car un bon déploiement Ceph repose sur cinq ou six types de serveurs qui ont chacun une caractéristique prédominante. Il faut essentiellement de la puissance CPU pour l’index, surtout une grande quantité de RAM pour les opérations de lecture/écriture sur les disques, etc. En nous donnant la possibilité d’exécuter nos solutions sur des équipements parfaitement taillés pour nos besoins, Free Pro nous permet d’optimiser la sécurité et les performances de nos services tout en conservant des tarifs accessibles », argumente-t-il.

Aujourd’hui, Free Pro, la marque d’Iliad qui commercialise les offres de cloud privé, est en mesure de proposer de l’hébergement sur tout le territoire. Notamment à Paris, Lyon et Marseille, les trois emplacements sur lesquels Leviia a installé ses serveurs au titre de redondance pour garantir à ses clients la réplication de ses services sur des sites suffisamment éloignés les uns des autres. 

Cette capacité de Free Pro est nouvelle. Initialement, l’hébergeur, né du rachat de Jaguar Networks par Iliad, n’avait que ses data centers du sud de la France à proposer à ses clients. Mais en fin d’année dernière, le groupe de Xaviel Niel a restructuré ses moyens en matière de cloud, pour mieux rivaliser avec OVHcloud. Désormais, Free Pro et Scaleway, la marque qui commercialise des offres de cloud public, exploitent une flotte commune de datacenters installés en Europe par la nouvelle marque OpCore.

L’ancienne offre d’hébergement des sauvegardes non HDS de Leviia s’arrêtera au 1er juillet. Ses clients se verront proposer de passer à Leviia Storag3, pour 4 € à payer en plus par mois. Leviia s’engage à migrer les données d’une offre à l’autre – mais le client doit en faire la demande. Les serveurs de Leviia étant maintenus chez OVHcloud, la migration vers la nouvelle offre pourra être totalement transparente. Les clients qui préféreront être migrés sur les serveurs de Free Pro devront remplacer les clés d’accès dans leurs logiciels de sauvegarde.

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