Stockage : Huawei repense son offre pour l’IA

Avec sa baie OceanStor A800, Huawei propose une nouvelle itération de son architecture de stockage, taillée pour l’IA. Au programme : des SSD de 128 Go, des puces d’accélération et logiciels qui assistent le fonctionnement de l’IA

Huawei pose les bases de son infrastructure pour l’IA. Emboîtant le pas à ses principaux concurrents, qui déploient en grande pompe des solutions taillées pour ces nouvelles charges de travail particulièrement gourmandes, la division stockage du fabricant chinois a dévoilé sa feuille de route à ses partenaires et clients européens, lors de son évènement IDI, qui se tenait à Berlin en mai.

« L’IA générative apporte de nouveaux défis au stockage. Sur le stockage traditionnel, notre mission s’articulait autour de trois piliers qu’étaient la performance, la résilience et les données. Avec l’IA, nous devons en ajouter trois à l’équation : la durabilité, l’élasticité et la mise en place d’une Data fabric », a résumé sur scène Peter Zhou, patron des produits IT chez Huawei.

« Avec l’IA, nous devons ajouter 3 pilliers à l’équation : la durabilité, l’élasticité et la mise en place d’une Data fabric. »
Peter ZhouResponsable produits IT, Huawei

Le constructeur, qui a toujours fait de sa capacité d’innovation son principal argument, a dévoilé toute une gamme de matériels et logiciels. Le plus palpable d’entre eux est sans doute la nouvelle baie de stockage NAS 100 % SSD OceanStor A800. Comme l’explique Peter Zhou, celle-ci ne reprend pas la dénomination Dorado, car elle repose sur une architecture « complètement différente ».

Sur sa baie taillée pour l’intelligence artificielle, le fabricant a ainsi entièrement décorrélé les opérations de lecture/écriture et l’index des contenus, dans le but d’assurer des accès plus rapides aux données et une meilleure élasticité. À la manière des architectures DASE (Disaggregated, Shared-Everything), notamment plébiscitées par Vast Data et que convoite en ce moment Dell.

On note que – à l’instar des Lustre, Ceph et autres IBM StorageScale – Huawei n’a pas, lui non plus, fait le choix de déployer le standard NFSv4.2/pNFS, mais s’est lancé dans une implémentation propriétaire, baptisée NFS+.

Des SSD maison à 128 Go pour une densité de 1 Po par U

Côté performances pures, Huawei avance 100 millions d’IOPS avec des clusters pouvant monter jusqu’à 512 contrôleurs et 4096 SSD. D’ailleurs, le constructeur a choisi de développer ses propres SSD. Au format U.2 ou « Palm » et dotées de mémoires NAND TLC ou QLC, ces nouvelles unités sont capables d’offrir jusqu’à 128  To. Selon Huawei, ces SSD réduisent l’espace occupé par les baies de stockage dans le data center de 88 % et leur consommation électrique de 92 %, par rapport aux SSD classiques qui équipent les générations précédentes d’OceanStor.

« Avec de tels SSD et l’architecture de l’A800, nous pouvons ainsi atteindre une densité de 1  Po par U, ainsi qu’une consommation énergétique de 0,7 W par To », se félicite Tao Gong, responsable marketing des produits de stockage.

De manière assez originale, l’OceanStor A800 bénéficie d’emplacements dédiés pour accueillir des CPU, des GPU ou des NPU supplémentaires dans le but d’accélérer les tâches de calcul au niveau même du stockage. Toujours sous le coup d’un embargo concernant les technologies américaines, Huawei doit néanmoins se passer des puces vedettes de Nvidia, Intel ou AMD. Des composants d’accélération maison devraient ainsi prendre place dans ces logements.

Depuis ces dernières années, Huawei dote ainsi ses produits de puces Kunpeng, des processeurs dotés de cœurs ARM mis au point par sa filiale HiSilicon. Le constructeur se veut néanmoins rassurant auprès de ses partenaires européens à propos de ces technologies disponibles nulle part ailleurs :  elles seront compatibles avec les bibliothèques d’accélération utilisées sur le marché.

Des pipelines de données pour l’inférence

À propos de la partie logicielle, justement, Huawei s’est échiné à mettre au point dans le système de ces baies un pipeline spécialement dédié aux tâches d’inférence. Il doit permettre de réduire leur temps d’exécution de 30 %, grâce à une gestion optimisée des phases de préparation et de vérification des données. Il y aurait même une fonction de vectorisation des documents pour permettre aux utilisateurs d’injecter leurs propres bases de connaissances – technique du RAG – dans les applications d’IA générative.

« En optimisant ces processus, nous fluidifions l’alimentation en données des GPUs et des NPUs associées aux tâches d’inférence. Cela maximise la disponibilité et la rentabilité des clusters de calcul. »
Tao GongResponsable marketing des produits de stockage, Huawei

« En optimisant ces processus, nous fluidifions l’alimentation en données des GPUs et des NPUs associées aux tâches d’inférence. Cela maximise la disponibilité et la rentabilité des clusters de calcul », explique Tao Gong.

Concernant son concept de Data fabric, il s’agit d’une nouvelle plateforme logicielle baptisée Omni-Dataverse qui, dans son descriptif, rappelle furieusement le Global Data Environment (GDE) d’Hammerspace. En substance, il s’agit d’interconnecter tous les NAS d’une entreprise, quel que soit leur emplacement géographique, pour partager l’ensemble de leurs contenus sous la forme d’un seul accès vers un NAS global virtuel.  

« Si vous souhaitez lancer des tâches d’intelligence artificielle, vous pouvez avoir besoin d’utiliser des données qui peuvent être réparties sur plusieurs datacenters. Omni-Dataverse va permettre d’assurer une consolidation de toutes les données, au sein d’un cluster dédié », explique Peter Zhou.

Outre partager une vue globale des données de l’entreprise, sans que les différentes infrastructures qui les hébergent soient une contrainte, Omni-Dataverse offrira des fonctions de gestion et de migration.

Avec cette pile matérielle et logicielle, Huawei avance donc de solides arguments pour prendre sa part du marché grandissant des infrastructures IA. Selon IDC, celles-ci représenteraient une priorité d’investissement pour 56 % des entreprises dans le monde. Malgré les restrictions qui l’affectent sur le marché nord-américain, Huawei reste aujourd’hui un fournisseur majeur dans le monde avec une croissance qui, si elle ralentit, semble se maintenir. Les derniers chiffres avancés par IDC le plaçaient ainsi au même niveau que HPE et IBM.

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