Sauvegarde : Fujifilm lance des bibliothèques LTO d’appoint
Le modèle actuel du Kangaroo offre 1 Po de capacité dans un caisson prêt à brancher de moins d’un mètre cube et monté sur des roulettes. Une version plus petite, de 100 To, sera lancée cet été, sans doute avec une poignée.
Il est encore possible d’innover avec la sauvegarde sur bandes. Le Japonais Fujifilm, qui fabrique plus de la moitié des cartouches LTO vendues dans le monde, lancera d’ici à cet été le Kangaroo Lite, une bibliothèque de bandes prête à brancher sur le secteur et le réseau, avec 100 To de capacité interne. Il s’agira de la version compacte du Kangaroo lancé en fin d’année dernière, une solution qui embarque 1 Po de capacité de stockage et qui tient dans un caisson à roulettes de moins d’un mètre cube. On ignore à ce stade si le Kangaroo Lite aura aussi des roulettes ; LeMagiT parie plutôt sur une poignée.
« 70 % des données en entreprise sont des données froides, mais seuls 5 % d’entre elles sont stockées sur des bandes. Le reste réside sur des disques durs qui sont allumés en permanence, consomment de l’énergie et restent accessibles aux cyberattaques. C’est un non-sens. Nous travaillons donc à démocratiser les solutions sur bandes qui sont 95 % moins énergivores et sont déconnectées du réseau », lance Peter Struik, le patron de Fujifilm Europe, lors d’un événement IT Press Tour consacré aux solutions de stockage innovantes en Europe.
Il donne des chiffres. Sur un an, stocker 1 Po de données sur disques durs consommerait 10 000 kWh. Si 70 % des données étaient stockées sur des bandes, la consommation tomberait à 3 460 kWh. « Et si 90 % de ces données étaient stockées sur des bandes – ce qui nous semble réaliste dans de très nombreuses entreprises, cette consommation ne serait plus que de 1 571 kWh », ajoute-t-il.
Un serveur embarqué pour donner à la bibliothèque LTO l’apparence d’un NAS
Même si le caisson roulant du Kangaroo initial suggère qu’il serait conçu pour le monde du spectacle et les plateaux de tournage, Peter Struik indique que ses premiers utilisateurs sont des banques et des hôpitaux.
Le Kangaroo initial existe en trois versions, baptisées S, M et L. Elles contiennent toutes un serveur 16 cœurs, qui, d’une part présente la machine sur le réseau comme un NAS prêt à recevoir les sauvegardes et, d’autre part, pilote la bibliothèque. Cette dernière dispose de 120 rangements pour autant de cartouches LTO9, individuellement capables de stocker 18 To (jusqu’à 45 To compressés). Un mécanisme insère automatiquement les cartouches dans les lecteurs.
La version S dispose de deux lecteurs. La version M bénéficie d’un espace tampon en plus de 38,4 To sur des disques durs. La version L est une version M avec quatre lecteurs.
En toute logique, le nouveau Kangaroo Lite devrait embarquer une douzaine de rangements et un lecteur. Fujifilm assure que son prix sera inférieur à 100 000 €, tandis que celui du Kangaroo M est d’environ 350 000 €.
Surmonter les limites des cartouches LTO
Le problème de la sauvegarde sur bande est généralement qu’un humain doit savoir quelle cartouche insérer dans le lecteur pour relire quelles données. Fujifilm résout cette problématique avec un système objet qui étiquette les contenus, présente aux utilisateurs l’ensemble des contenus stockés et pilote tout seul la bibliothèque pour que la bonne cartouche soit insérée dans un lecteur.
« Du point de vue du réseau, le Kangaroo est juste un volume accessible en SMB, NFS ou S3. Il n’y a aucun logiciel particulier à ajouter aux logiciels de sauvegarde classiques pour qu’ils stockent leurs backups sur notre solution. Ensuite, vous pouvez relire les contenus via les mêmes protocoles. Nous proposons également un moteur de recherche qui vous permet de récupérer des fichiers un à un, s’il faut restaurer un document effacé par erreur », assure Peter Struik.
Une autre inquiétude souvent formulée à l’égard des bandes LTO est la faculté de ses fabricants à pouvoir encore augmenter en capacité. S’il était auparavant d’usage que la capacité des cartouches double tous les deux ans, il aura fallu attendre quatre ans entre 2017 et 2021 pour passer d’un LTO8 en 12 To par cartouche à un LTO9 de seulement 18 To. En cause, la densité d’écriture atteint désormais les limites physiques du revêtement en ferrite de baryum qui compose la surface de la bande magnétique, soit des grains de 20 nm de large.
Selon Fujitsu, cette limite ne serait plus qu’un mauvais souvenir. « Nous avons mis au point avec IBM en 2020 un nouveau revêtement en ferrite de strontium (SrFe) qui relance la multiplication par deux des capacités jusqu’à nous permettre d’atteindre 576 To sur les futures cartouches LTO14 », promet Peter Struik. Il ne se prononce pas sur des dates, mais laisse entendre que les cartouches LTO10 de 36 To de capacité arriveraient en 2025.