En France, Databricks gagne du terrain par le bas
Databricks poursuit ses objectifs de croissance en Europe et en France. S’il n’a pas les revenus de son concurrent principal, son lakehouse susciterait l’intérêt des profils techniques et des métiers.
Databricks n’a pas les revenus de son concurrent principal, Snowflake. Quand ce dernier a terminé son année fiscale 2024 avec 2,67 milliards de dollars de chiffre d’affaires, Databricks affiche un résultat de « plus de 1,6 milliard de dollars » au 31 janvier 2024, en hausse de 50 % par rapport à l’année précédente. Pourtant, Databricks aurait un peu plus de clients que son grand compétiteur –, plus de 10 000 contre plus de 9 400 chez Snowflake. Précisons que Databricks s’est organisé pour rapporter ses revenus comme une entreprise cotée en bourse, mais elle n’a aucune obligation de communiquer l’ensemble de ces indicateurs financiers – dont ses pertes –, contrairement à Snowflake.
Une croissance tirée par la région EMEA qui a bénéficié d’une croissance annualisée de plus de 70 %, selon l’entreprise dirigée par Ali Ghodsi.
La France tire la croissance de la région EMEA
« La France est l’un des pays importants pour nous en EMEA, il est tout en tête de liste quand l’on regarde les chiffres de croissance », assure Guillaume Brandenburg, vice-président régional et directeur France chez Databricks, depuis un point presse réalisé lors du Data Intelligence Day, un événement organisé à Paris par l’éditeur le 23 avril dernier.
Entre 2023 et 2024, l’éditeur a étendu son empreinte auprès des grands groupes français.
« Nous travaillons avec environ 70 % des entreprises du CAC40 », affirme-t-il tout en précisant que les ETI et certaines startups sont intéressés par son « lakehouse ».
Si bien que Databricks s’installera cette année dans un nouveau bureau parisien plus grand pour accueillir ses 150 salariés français, contre une centaine en mars 2023. « Les équipes ont quasiment doublé l’année dernière », signale le directeur France. Celles-ci accompagnent à la fois les clients et les partenaires de l’éditeur.
L’Hexagone n’est pas le seul pays concerné par ce phénomène en Europe. À Londres, le siège européen sera bientôt désormais situé sur Windmill Street et accueillera 400 personnes. Les bureaux de Belgrade, Amsterdam et Munich devront également être agrandis.
Il faut dire que les éditeurs ont longtemps eu tendance à s’installer d’abord au Royaume-Uni ou aux Pays-Bas, puis à étendre leur force commerciale depuis l’Empire vers les autres pays européens. Databricks ne fait pas exception. En France, l’éditeur est installé depuis 2018, où il a « commencé petit avec trois à quatre collaborateurs ». En 2020, Guillaume Brandenburg a rejoint une équipe d’une vingtaine de personnes.
Gagner (petit à petit) la confiance des directions
Cette croissance, le dirigeant l’explique également en partie par une maturité plus tardive des entreprises françaises, en matière de traitement de données, que leurs homologues britanniques. « Pour autant, nous sommes très satisfaits de l’accueil du marché français au regard de notre offre », tient à préciser le dirigeant.
Il constate surtout que l’éditeur a réussi à convaincre petit à petit les grands comptes, exemples à l’appui.
« Cela fait déjà plus de 5 ou 6 ans que nous collaborons avec Michelin, et au commencement, nous avons dû mériter leur confiance », reconnaît Guillaume Brandenburg. « Maintenant, ils adoptent nos solutions à grande échelle. Engie est également un cas exemplaire. Il y a trois ans, leur engagement était bien moindre, mais depuis lors, la tendance s’est nettement inversée ».
Convaincre quelques groupes ne suffit pas à Databricks pour s’assurer l’adhésion à long terme de ses clients français. « Il y a beaucoup d’autres clients chez qui cet effort reste à faire, ce qui demande de prouver que nos engagements ne sont pas du vent, que l’on continue à innover sur la plateforme, à être cohérent d’un point de vue tarifaire », liste le dirigeant. « Il ne faut pas le cacher, la réduction des coûts est un sujet important pour nos clients depuis quelques années. Et c’est bien d’être au rendez-vous aussi de ces attentes-là », note-t-il, deux années de suite auprès du MagIT.
Si l’exécution de charge de travail Apache Spark demeure un point d’entrée principale pour certains clients, dont Kiliba, le fait que Databricks ait musclé les capacités de sa plateforme pour porter les charges de travail analytiques, de machine learning, de deep learning et d’IA générative le rendrait plus intéressant au regard des potentiels clients. Surtout depuis que Databricks intègre Unity Catalog, sa couche de gouvernance, dans l’ensemble des modules de sa plateforme. C’était d’ailleurs le sujet principal lors du Data Intelligence Day, avant même l’IA générative qui pour certaines entreprises reste un point sur leur feuille de route technique. « Très souvent, nous sommes très proches des besoins exprimés sur le marché et donc c’est rassurant et utile pour nos clients », vante le dirigeant français.
Databricks n’est plus réservé aux seuls experts des données
Dans ses axes de développement, l’éditeur entend renforcer ses partenariats avec les fournisseurs cloud et les éditeurs tiers, dont Dataiku, Fivetran, Qlik, SAP, Salesforce et Aveva. Avec SAP, il s’agit de poursuivre les intégrations avec Datasphere, successeur de Data Warehouse Cloud et le lakehouse, tandis qu’avec Salesforce, l’objectif est d’assurer la promesse du reverse ETL de la couche Data Cloud du CRM vers la version managée de Delta Lake. Avec Aveva, l’objectif consiste, entre autres, à simplifier le partage de données industrielles, en plus de motoriser les cas d’usage d’intelligence artificielle là où, historiquement, les systèmes de l’éditeur industriel étaient réputés pour fonctionner en vase clos.
Il y a aussi, la volonté pour la direction EMEA et française de se rapprocher d’intégrateurs spécialistes dans les domaines du traitement de données. Certains d’entre eux étaient présents lors du Data Intelligence Day. D’autres ESN envisagent de plancher plus sérieusement sur les technologies du concurrent de Snowflake, justement parce que leurs équipes techniques et leurs prospects les observent de près.
Guillaume BrandenburgRVP et directeur France, Databricks
Enfin, il s’agit de convaincre les directions qui ne connaîtraient pas encore Databricks, dans une approche « bottom-up ». « Nous constatons une forte adoption de Databricks par les métiers et les business lines. Quand ce n’est pas l’IT centrale qui prend les décisions, les métiers le font pour eux », avance Guillaume Brandenburg. D’où la nécessité d’aider ces métiers dans leur capacité à promouvoir la plateforme en interne et à convaincre de nouveaux utilisateurs.
« C’est l’objectif du Data Intelligence Day. Nous cherchons à rendre l’accès à Databricks aussi simple que possible, en accompagnant les utilisateurs pour qu’ils puissent en profiter pleinement », affirme Guillaume Brandenburg. « Cette démarche constitue un axe stratégique majeur pour notre développement en France cette année. C’est pourquoi nous avons mis en place une équipe commerciale dédiée à cet objectif, afin de communiquer avec les profils qui ne sont pas encore familiers avec Databricks ou qui l’utilisent peu ».
Sur les 350 participants à l’événement parisien de Databricks, 230 étaient inscrits pour suivre les ateliers techniques l’après-midi.