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Aerospike lève 109 millions de dollars pour accorder son SGBD à l’IA

L’éditeur utilisera ce financement pour développer des fonctionnalités supplémentaires de traitement de vecteurs et de graphes, qui peuvent tous deux être utilisés pour dompter des modèles d’IA générative.

Aerospike a obtenu jeudi un financement privé de 109 millions de dollars, qu’il prévoit d’utiliser pour améliorer la prise en charge des charges de travail croissantes de l’IA.

Sumeru Equity Partners a dirigé le financement. George Kadifa, cofondateur et directeur général de Sumeru, fait désormais partie du conseil d’administration d’Aerospike. L’investisseur existant Alsop Louie Partners, qui a mené le cycle de financement de série A d’Aerospike en mars 2011, est le deuxième acteur autour de la table.

Avant ce tour de table de 109 millions de dollars, Aerospike a récolté 70 millions de dollars par emprunt en janvier 2021. Au total, l’entreprise a levé 241 millions de dollars, selon Crunchbase.

Basé à Mountain View, en Californie, Aerospike mise principalement sur deux produits Aerospike Cloud et Aerospike Database. Ce sont les distributions d’une même base de données in-memory NoSQL.

En plus de ses SGBD, l’éditeur offre des capacités orientées graphes et (depuis jeudi) vectorielles, qui peuvent toutes deux être utilisées pour alimenter les pipelines de données formant et gérant les modèles et les applications d’IA traditionnelle et d’IA générative.

Les ambitions d’Aerospike

Afin que les entreprises puissent bénéficier de l’IA générative, elles ont besoin de modèles pour comprendre leur activité. Les grands modèles de langage (LLM) tels que GPT-4 d’OpenAI et Google Gemini sont entraînés sur des données publiques. Ils n’ont toutefois pas accès aux données propriétaires d’une entreprise et ne peuvent donc pas répondre aux questions spécifiques des collaborateurs.

Justement, la recherche et le stockage vectoriels sont un moyen d’exploiter des données d’une entreprise dans une application d’IA générative. Ces capacités permettent également de découvrir des données qui peuvent être utilisées pour affiner un LLM, ou de concevoir entièrement (ou presque) de petits modèles spécifiques à un domaine. De même, la technologie des graphes peut être utilisée pour entraîner des modèles d’intelligence artificielle ou être combinée avec des fonctions de recherche vectorielle.

C’est donc sans surprise que l’éditeur compte accélérer dans ces deux domaines technologiques, selon Subbu Iyer, PDG d’Aerospike. Cette accélération réclamera un effort supplémentaire de R&D et donc de recruter des ingénieurs capables d’accorder base de données et IA.

« [Nous allons] accélérer notre stratégie d’IA avec de nouveaux talents et une nouvelle vision », avance Subbu Iyer. « La croissance et l’innovation ne se limitent pas à la création des meilleurs produits. Elles nécessitent également de recruter des talents de classe mondiale ». Au-delà de l’IA, le PDG d’Aerospike prévoit que le nouveau financement lui permette d’étendre son « go to market ».

Les fonctionnalités vectorielles et orientées graphes sont des domaines d’investissement judicieux pour Aerospike, selon Stephen Catanzano, analyste au sein d’Enterprise Strategy Group, une filiale de TechTarget [également propriétaire du MagIT].

« Il s’agit d’ajouter davantage de fonctionnalités pour prendre en charge les charges de travail liées à l’IA : les vecteurs, les architectures RAG et plus encore », avance-t-il. « L’IA a été un changement pour les éditeurs de bases de données et ils ont besoin de carburant pour s’y mettre ».

Un avis partagé par Matt Aslett, analyste chez Ventana Research, propriété d’ISG.

La course à l’IA générative chez les éditeurs de bases de données

Mais l’analyste signale à juste titre que de nombreux autres éditeurs accordent la priorité à des capacités similaires pour les mêmes cas d’usage.

Par exemple, Pinecone est un spécialiste des bases de données vectorielles, tandis que TigerGraph et Neo4j sont des spécialistes des bases de données orientées graphes. En outre, parmi beaucoup d’autres, les géants de la technologie AWS et Google ajoutent la recherche et le stockage vectoriels à leurs bases de données, tandis que des éditeurs indépendants tels que Couchbase, MongoDB et SingleStore ont tous ajouté des capacités conçues pour aider les clients à créer des applications d’IA générative.

Cependant, étant donné que l’explosion de l’intérêt pour le développement de charges de travail d’IA est récente, la réponse qu’Aerospike prépare n’est ni surprenante ni tardive, selon l’analyste de Ventana Research.

« La prise en charge de la recherche vectorielle et des architectures RAG n’en est qu’à ses débuts dans l’industrie des bases de données », considère Matt Aslett. « Nous prévoyons donc des investissements supplémentaires de la part d’Aerospike pour combiner les avantages de ses capacités, afin de servir le développement et le déploiement de la prochaine génération d’applications opérationnelles à haute performance infusées à l’IA ». En clair, l’analyste insiste sur le fait que la force d’Aerospike réside dans le traitement de données en temps réel, et que la prise en charge de l’IA générative dans ce contexte est bienvenue.

L’IA délie les bourses des investisseurs

S’il y a un effet d’effervescence sur le marché autour de l’IA, la levée de fonds d’Aerospike n’est pas négligeable dans le petit monde de la gestion de données.

Pendant des années, les financements ont coulé à flots pour ces acteurs spécialisés dans le stockage, le traitement et l’analytique de données.

Par exemple, Databricks a levé 1 milliard de dollars au début de 2021, tandis que Confluent a levé 828 millions de dollars en entrant en bourse en juin de la même année. En outre, Reltio, Sigma Computing et ThoughtSpot ont levé 100 millions de dollars en capital-risque en 2021.

Mais vers le début de l’année 2022, le financement – en particulier de la part des fonds en capital-risque – s’est évaporé. Depuis lors, les investissements ont été difficiles à obtenir et seuls quelques éditeurs ont été en mesure de lever des sommes importantes. Databricks est l’un d’entre eux.

Chez des acteurs plus petits (avant les 109 millions de dollars d’Aerospike), seul Denodo avait réussi à obtenir autant, ou plus, de fonds en septembre 2023, avec 336 millions de dollars en financement par actions. Avant cela, SingleStore avait levé 146 millions de dollars en 2022.

« Des fonds sont encore disponibles…, pour les éditeurs de solutions de traitement de données et d’analytique qui ont une proposition de valeur attrayante et différenciée ».
Matt AslettAnalyste chez Ventana Research (propriété d’ISG)

En outre, les éditeurs Pyramid Analytics, Qlik et SAS ont tous exprimé leur intérêt pour une introduction en bourse, mais se sont abstenus de le faire en raison du climat économique actuel défavorable.

Selon M. Aslett, la levée de fonds d’Aerospike est importante. Cela démontre notamment qu’Aerospike a su se démarquer en prenant en charge des applications à haute performance et à faible latence qui aident les clients à contrôler leurs dépenses.

« La mobilisation de capital-risque a été quelque peu difficile ces dernières années, compte tenu de l’environnement économique général, mais des fonds sont encore disponibles…, pour les éditeurs de solutions de traitement de données et d’analytique qui ont une proposition de valeur attrayante et différenciée », résume l’analyste.

Si l’on n’atteint pas encore les niveaux d’investissements d’avant 2022, les cordons des bourses les plus dotées pourraient enfin se délier.

Le jour même où Aerospike a levé 109 millions de dollars en fonds propres pour favoriser le développement de ses bases de données, Coalesce.io, spécialiste de la transformation des données, a récolté 50 millions de dollars en capital-risque. En outre, le vendeur d’entrepôts de données à grande échelle Ocient a engrangé 49,4 millions de dollars en capital-risque le 11 mars.

S’il y a un point commun entre les éditeurs qui attirent les fonds d’investissement, c’est l’IA, note Stephen Catanzano.

« Les fournisseurs qui bénéficient d’un financement ajoutent tous des capacités pour conquérir le marché des charges de travail d’IA », ajoute-t-il. C’est le cas d’Aerospike et du dataware hyperscale d’Ocient. « Je pense que les éditeurs observent les projections massives du marché de l’IA et argumentent qu’ils peuvent en obtenir une partie, moyennant l’attention des investisseurs et leur argent ».

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