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Processeurs : ce tremblement de terre à Taiwan qui secoue l’industrie
L’île vient de subir sa pire secousse sismique depuis 25 ans. L’usine de TSMC, la plus critique dans la fabrication mondiale des semiconducteurs, serait légèrement impactée.
C’est une catastrophe naturelle qui secoue toute l’industrie des semiconducteurs et, par extension, le monde informatique. Mercredi 3 avril, l’île de Taiwan a subi son plus important tremblement de terre depuis 25 ans. Taiwan est notamment le berceau des usines de TSMC, le plus important fabricant de semiconducteurs au monde, qui assure notamment les productions des processeurs et GPUs d’Apple, d’AMD et de Nvidia. Chacun d’eux se demande à présent si leurs prochains modèles de puces seront au rendez-vous des lancements prévus, jusqu’ici, en septembre.
Estelle Prin, analyste fondatrice de l’Observatoire des semiconducteurs, se veut optimiste : « à ce stade, TSMC nous dit qu’il n’y aura pas de pénurie. Il y a de bonnes raisons de les croire. Bien que des images impressionnantes d’immeubles effondrés circulent depuis hier dans les médias, il ne s’agit pas de la norme. Taiwan, comme le Japon, est particulièrement préparé aux secousses sismiques. Les usines sont toutes construites pour résister à des conditions extrêmes. »
Dans les faits, les secousses les plus importantes ont été ressenties sur la côte est de Taiwan, alors que l’usine de TSMC la plus critique, celles où se trouvent les chaînes de montage EULV avec une précision de 5 et de 3 nm, se situe dans le sud de l’île.
« De plus, TSMC affirme que des mesures bien rodées ont été activées au bon moment pour limiter les dégâts possibles. De leur côté, tout aurait été fait pour que le tremblement de terre d’hier passe pour une simple interruption de service de quelques heures. »
Estelle Prin pondère : « des inconnues demeurent, toutefois. Des répliques de la secousse devraient arriver dans les prochains jours, sans que l’on sache quand ni avec quelle amplitude. On apprend que des wafers ont été cassés, sans qu’on sache dans quelles proportions. Enfin, 30 % des moyens de production n’ont pas encore redémarré. Les fabricants des équipements industriels, ASML principalement, se mobilisent pour aller vérifier qu’ils sont opérationnels. Mais le rétablissement à 100 % des outils de production sera a priori compliqué. »
Le degré de précision des équipements est tel que TSMC va certainement devoir se lancer dans des réglages qui lui coûteront du temps. Et de l’argent.
Outre les risques naturels, TSMC court aussi le risque perpétuel d’une escalade dans le conflit qui oppose Taiwan à la Chine. À ce titre, l’élection d’un nouveau président taiwanais, qui entrera en fonction en mai et qui compte rester sur la même ligne que l’actuelle présidente, ne devrait en rien dégeler les relations.