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IA et fonction Finance : les DAF restent prudents (étude)
Si elles voient bien les bénéfices de l’Intelligence artificielle – notamment générative – les fonctions financières et comptables en voient aussi les limites et les risques. Résultat, selon une étude de l’éditeur Blackline, l’appétence pour ces technologies est encore mitigée chez les DAF.
Une étude de l’éditeur Blackline s’est penchée sur la perception et l’utilisation de l’Intelligence artificielle par les fonctions financières et comptables. Le constat est partagé.
Tout d’abord, et à titre général, 55 % des sondés se disent préoccupés ou très préoccupés par les « ruptures technologiques » dont fait partie l’IA. C’est certes moins que la cybersécurité, le changement climatique ou une éventuelle crise financière mondiale (77 %). Mais le niveau est élevé, alors que la technologie est présentée par les éditeurs comme un moyen de faciliter le travail des DAF.
Défiance, vous avez dit défiance ? Pas tout à fait. Car dans le même temps, ces technologies sont, effectivement, perçues comme des alliés potentiels. L’IA générative et l’IA – qui sont deux choses distinctes – sont vues de manière positive par respectivement 69 % et 64 % des financiers. À titre de comparaison, le cloud est plébiscité à 63 %, et la blockchain à 59 %.
Un constat mitigé et partagé donc.
L’étude de Blackline (menée par Censuswide auprès de 1 300 professionnels dans le monde) plonge ensuite dans les « obstacles majeurs à l’adoption de l’IA pour le secteur financier et comptable ». En résumé, elle montre une crise de confiance envers les résultats de l’IA (34 %), un manque de compétences internes (30 %), une résistance au changement dans les équipes (30 %), ainsi que les cadres réglementaires et législatifs (31 %) qui laisseraient planer un doute sur la conformité des applications de l’IA aux données financières.
Plus largement, 34 % des départements finance et comptabilité estimeraient que l’IA va détruire des emplois dans le secteur. Et 40 % redoutent un accès « inégalitaire » à ces outils entre DAF de moyennes entreprises (ETI) et de grands groupes. Un constat confirmé par Marie-Hélène Pebayle, Présidente de l’Association des Directeurs Financiers et de Contrôle de Gestion (DFCG).
Reste que les fonctions voient tout de même des bénéfices possibles à l’IA pour la finance : automatisation, réduction des erreurs, analytique avancée, prédictif, ou encore détection des fraudes. Seul 1 % estime que l’arrivée de l’IA ne changera rien à leur travail.
L’IA dans la finance : « moderniser une voiture pendant qu’elle roule »
Pour Samuel Rouayrenc, VP régional de BlackLine France, les choses évoluent néanmoins. Pour lui, il y a trois ans, les DAF voyaient le « forecast intelligent » comme de la « sciences fiction » (sic). « Le buzz autour de ChatGPT a rendu la chose [N.D.R. : l’IA] beaucoup plus concrète. Il n’y a plus un seul client qui vient nous voir sans mettre l’IA sur la table », assure-t-il.
Présent lors de la restitution de l’étude à Paris, David Merignargues, Partner Advisory, Finance Strategy & Performance/EPM chez KPMG confirme que, pour lui, les fonctions finance ont encore peu pris le virage de l’IA – en tout cas de l’IA avancée (c’est-à-dire au-delà du Smart OCR par exemple). Ces technologies ont beau être infusées ou embarquées dans les applications – comme Blackline –, elles ne sont pas encore très activées, résume-t-il.
Anne-Claude Tessier, Partner chez KPMG Advisory, corrobore. Pour elle, les DAF ont certes besoin de plus en plus d’agilité, de capacité d’analytique avancée et de prendre des décisions rapidement. Elles restent à la fois « les gardiens du temple » (sic) et doivent appréhender une accélération des technologies. Pas simple.
« C’est un peu comme moderniser une voiture pendant que la voiture roule », illustrent les deux experts de KPMG.
La maturité vis-à-vis de l’IA dépend également de plusieurs critères, renchérit Marie-Hélène Pebayle. Parmi ces éléments, la présidente de la DFCG souligne l’importance du facteur générationnel, de la taille de l’entreprise, et du secteur d’activité (certains sont plus soumis à des pressions pour se transformer rapidement, là où d’autres sont plus conservateurs).
Et, ajoute-t-elle, les cas d’usage de l’IA qui apportent réellement de la valeur au DAF ne sont pas forcément très nombreux.
Au final, les investissements en IA des entreprises iraient donc plus vers le front (chatbot, marketing, CRM, etc.) et la supply chain que vers le Core Finance.
Reste que des applications pertinentes existent, comme des grands modèles de langages (LLM) utilisés pour la compréhension des normes ou la restitution des éléments clefs de rapports financiers. Mais, il faudra (encore) laisser (un peu) du temps au temps, pour qu’ils se démocratisent, concluent les experts.
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