Getty Images/iStockphoto
Avec CDAM, Informatica veut automatiser l’accès aux données
La nouvelle suite de fonctionnalités propulsées par un moteur de règles et des algorithmes de machine learning gère l’accès aux données d’une entreprise, pour aider à garantir leur sécurité et leur conformité tout en facilitant leur accès par les métiers à travers leurs outils analytiques.
Informatica a lancé Cloud Data Access Management (CDAM), un ensemble d’outils de gouvernance alimentés par l’IA qui automatisent l’accès aux données, intégré à Informatica Intelligent Data Management Cloud (IDMC).
La suite dévoilée le 29 février en disponibilité générale est le résultat direct de l’acquisition de Privitar par le fournisseur en juin 2023.
Privitar est une startup créée en 2014 dont la plateforme était consacrée à l’utilisation sécurisée des données. Ses fonctionnalités devaient permettre la collaboration tout en garantissant que les données restent privées et sécurisées et qu’elles ne sont utilisées que par les personnes dûment autorisées.
Ces fonctionnalités constituent désormais la base de la gestion de l’accès aux données dans le cloud (CDAM). En outre, le nouvel ensemble d’outils de gouvernance des données est intégré à Claire, un « moteur » d’IA développé par Informatica depuis 2017 et couplé à des capacités d’IA générative (ClaireGPT) depuis 2023.
Stewart Bond, analyste chez IDC, note qu’il existe souvent une dissonance entre exploitation des métadonnées et sécurisation des données. « L’une des plus grandes lacunes du marché est la connexion entre les solutions d’intelligence et de sécurité des données », explique Stewart Bond.
Le contrôle d’accès aux données, un vieux problème
Le contrôle d’accès aux données est crucial pour la sûreté des informations au sein d’une entreprise. Dans le cadre de leurs projets d’analytique en libre-service, elles cherchent à automatiser l’accès aux données par les usagers. Or tous les collaborateurs ne peuvent, pour des raisons légales ou internes, accéder à toutes les informations d’un groupe ou d’une entité.
Stewart BondAnalyste, IDC
Informatica, comme ses concurrents Alation et Collibra, développe des outils pensés pour remplir les critères de gouvernance posés par les entreprises et leurs partenaires.
CDAM vient compléter les capacités de gouvernance de données d’Informatica, en ajoutant notamment des outils qui permettent aux clients d’attribuer automatiquement des contrôles d’accès à leurs données propriétaires.
Selon Informatica, cette suite est conçue pour accélérer l’accès aux données, réduire les coûts liés à la conformité, diminuer le risque d’utilisation abusive, en simplifier le processus de contrôle à travers des systèmes complexes et automatiser l’accès en libre-service à une myriade de sources de données.
La nouvelle suite comprend les éléments suivants :
- La création à l’aide d’une interface WYSIWYG (no-code) de politiques pour faciliter la mise en œuvre des contrôles d’accès aux données par les administrateurs de données.
- L’utilisation des algorithmes rassemblés sous la marque chapeau Claire pour classer automatiquement les informations sensibles dans de vastes ensembles de données et identifier les dossiers personnels, les informations confidentielles et les dossiers financiers.
- L’intégration avec Cloud data Integration et Cloud data Marketplace d’Informatica pour fournir des contrôles automatisés sur l’utilisation et le partage des données.
- Des fonctionnalités d’application de politiques et d’audit visant à améliorer la confidentialité, la sécurité et la gestion des données dans divers environnements de données.
« Les enregistrements sont filtrés et les transformations de données sont appliquées sur la base d’attributs établis sur des métadonnées et organisés en politiques », précise Informatica, dans sa documentation. « Ces règles sont à la fois définies par les utilisateurs professionnels et automatiquement appliquées dans les charges de travail d’intégration de données, dans le cadre d’une requête ou d’une opération de CDC dans les data stores ».
« Informatica Cloud Data Access Management infuse la sécurité de l’accès aux données aux capacités de data intelligence, au sein d’une seule et même plateforme », commente Stewart Bond.
Une offre plus utile aux gros utilisateurs d’Informatica
De son côté, Kevin Petrie, analyste chez Eckerson Group, note que la gestion de l’accès aux données n’est pas une nouveauté. Cependant, la croissance des usages, des utilisateurs et des plateformes nécessite un contrôle accru. CDAM serait donc un complément important pour les clients d’Informatica.
« Cette annonce étend les capacités d’Informatica en matière de contrôle de l’utilisation des données sensibles, ce qui contribue à apaiser les inquiétudes en matière de confidentialité dont nous parlent de nombreux praticiens lorsqu’ils évaluent l’IA, l’apprentissage automatique et la GenAI », affirme-t-il.
Kevin PetrieAnalyste, Eckerson Group
L’un des avantages notables de CDAM, c’est son intégration dans la plateforme de gestion et de gouvernance des données d’Informatica, juge-t-il. En clair, les clients n’ont pas besoin d’ajouter des contrôles d’accès aux données provenant d’un autre éditeur ou de les développer en interne, ajoute M. Petrie.
« Les entreprises ont besoin de contrôler, sécuriser, valider, préparer, maîtriser et observer les données multistructurées dans le cadre d’une gouvernance claire », explique-t-il. « Plus elles peuvent le faire avec une seule plateforme, mieux c’est ».
M. Bond, quant à lui, envisage le fait que CDAM simplifie le partage des données.
Traiter les données comme des produits est une tendance croissante dans les entreprises. Les ingénieurs « data » mettent à disposition des produits de données tels que des modèles et des rapports sur un portail ou depuis un catalogue. Informatica propose sa Data Marketplace, qui permet aux usagers de consulter et consommer ses produits.
En fournissant de nouveaux contrôles d’accès aux données, le processus d’extraction peut être simplifié, assure Stewart Bond.
« Cette nouvelle offre a un fort potentiel pour améliorer le partage des données dans l’entreprise via Informatica Data Marketplace », déclare l’analyste. « Le processus d’extraction permet à l’utilisateur d’accéder au produit après avoir obtenu les autorisations nécessaires. Désormais, la gestion du processus d’extraction n’a plus besoin d’être effectuée dans un système externe de gestion des accès ».
Par ailleurs, les contrôles d’accès aux données tels que ceux de la nouvelle suite d’Informatica sont rares parmi les éditeurs de logiciels de gestion de données, poursuit M. Bond. « Peu d’éditeurs de logiciels de gestion de données disposent de fonctionnalités de sécurité d’accès aux données », ajoute-t-il.
Selon Jitesh Ghai, directeur des produits d’Informatica, l’idée de développer CDAM est née du constat qu’il fallait renforcer la couche de confidentialité de sa plateforme. Informatica proposait déjà des contrôles de gouvernance et de confidentialité. Pour autant, le Chief Product Officer insiste sur le fait que la nouvelle offre les améliore.
Cela permettrait aux usagers de s’assurer de la fiabilité des données et qu’ils peuvent les partager ou les consommer de manière responsable. « Nos clients avaient un besoin opérationnel de gestion de l’accès aux données », avance Jitesh Ghai. « Les organisations ont besoin de contrôles qui permettent un accès aux données fiable et conforme aux politiques pour tous les utilisateurs professionnels et tous les cas d’usage, mais les outils de protection de la vie privée existants n’évoluent pas au rythme des besoins des entreprises ».
Des soucis d’interopérabilité à régler
Maintenant que CDAM est intégré à IDMC, Informatica prévoit d’améliorer ce patchwork d’outils de gestion des accès en y ajoutant de nouvelles fonctionnalités.
Stewart BondAnalyste, IDC
L’éditeur prévoit d’améliorer l’interopérabilité des métadonnées de CDAM avec son outil Cloud Data Governance, d’ajouter un accès aux données pour les couches de données et de métadonnées, et de fournir des capacités de mise en œuvre de politiques au niveau des données pour les plateformes connectées à IDMC.
Stewart Bond, quant à lui, considère qu’Informatica serait bien avisé d’étendre ses capacités de gestion des données aux données non structurées, telles que les fichiers texte, vidéo et audio.
Si les données non structurées représentent environ 80 % de toutes les données, Informatica, comme ses concurrents et les acteurs du marché, s’est concentré sur les données structurées. De fait, les entreprises continuent de prioriser l’exploitation des données structurées, car elles renferment leurs indicateurs économiques clés.
Pour autant, l’IA générative est en train de changer la donne. Les premiers cas d’usage laissent à penser qu’il est enfin possible d’exploiter pleinement des données non structurées. « Si Informatica veut devenir la plateforme de gestion des données pour l’entreprise, elle doit améliorer ses capacités à travailler avec les données non structurées et à en prendre le contrôle », conclut Stewart Bond.