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MDM, intégration de données, IA : les défis de Semarchy pour 2024

Après une année de croissance en 2023, Semarchy devra mener des projets d’envergure en 2024 pour enfin remplir sa promesse d’unification de ses outils de Master Data Management et d’intégration de données. Tout en proposant une offre managée qui ne marche pas sur les platebandes de celles de ses partenaires.

En 2023, a mesuré 30 % de croissance de son revenu récurrent annuel au niveau mondial, et une hausse de 76 % de ses ventes en France. Le spécialiste franco-américain du MDM et de l’intégration de données continue d’investir dans sa R&D à Lyon. L’année dernière, l’équipe a doublé de taille et devrait atteindre 100 personnes d’ici à la fin du premier trimestre 2024. Semarchy décompte environ 220 clients français.

Pourtant, comme le note Hervé Chapron, CEO de Semarchy, l’année dernière, marquée par l’inflation a été compliquée pour tous les éditeurs. Il faut d’abord noter l’existence « de processus de sélection extrêmement structurés, beaucoup plus collégiaux que par le passé », indique-t-il au MagIT.

Les clients de Semarchy prennent plus de temps à se décider, car ils entendent valider des cas d’usage en faisant collaborer la DSI et les métiers. Au-delà du choix d’une technologie, les entreprises se concentrent sur les problèmes métier à résoudre et sur l’évaluation du ROI. « C’est un vrai changement », insiste le CEO.

L’allongement des délais de contractualisation s’explique également par un recours quasi systématique à des appels d’offres et davantage d’échanges contractuels « autour des sujets de réglementation et de conformité, comme le RGPD », ajoute-t-il.

L’inflation accélère les projets « data driven »

L’inflation, elle, s’est finalement présentée comme une aubaine pour Semarchy.

« Dans un contexte de tensions économiques, il y a un besoin que toutes les décisions s’appuient sur des données. »
Hervé ChapronCEO, Semarchy

« Dans un contexte de tensions économiques, il y a un besoin que toutes les décisions s’appuient sur des données », remarque Hervé Chapron. « Nos clients ont pratiquement tous mis en place des stratégies “data” pour faire en sorte que chaque action lancée soit cautionnée par une analyse préalable en vue de minimiser les risques et de maximiser les espérances de ROI ».

Concernant le deuxième volet de l’activité de Semarchy, l’intégration de données, le CEO observe une complexification des SI. « Les systèmes d’information sont aujourd’hui constitués d’applications de plus en plus spécialisées dans les domaines de la comptabilité, du marketing, de la gestion de la supply chain, etc., et des applications qui partagent les mêmes données ».

Dès lors, les DSI doivent s’adapter « non plus seulement pour endosser le rôle de “plombier des données”, mais pour se présenter en véritable “business partner” des métiers », assure Hervé Chapron.

Selon le dirigeant, ce n’est pas toujours une évidence. « La très grande majorité des projets délivrent les résultats escomptés, en respectant les délais et la qualité attendus. Certains projets ne se déroulent pas comme prévu, car la difficulté à aligner les objectifs métiers et l’IT est encore une réalité », considère le CEO.

Outre la nécessité d’obtenir un consensus entre les métiers et la DSI, le CEO de Semarchy observe que 70 % de l’effort à fournir sur un projet de master data management est lié à l’intégration de données. « Il est souvent compliqué d’accorder les agendas des équipes MDM et d’intégration de données », remarque-t-il. « Dans ce cas-là, nous proposons notre outil d’intégration ».

Pour rappel, Semarchy a racheté Stambia en 2021, un éditeur lyonnais d’un ELT, dont la solution a été renommée xDI. Elle est utilisée dans deux cas : pour des projets d’intégration « purs » ou en complément de xDM.

Le rachat de Stambia porte ses fruits

L’éditeur réalise désormais la moitié de son chiffre d’affaires « sur des projets d’intégration pure ». « Nous sommes mis en concurrence avec des acteurs comme Informatica ou Talend sur des sujets de migration vers le cloud, d’alimentation, de plateforme décisionnelle, de data warehouse/data lake », renseigne Hervé Chapron.

La solution xDI est parfois utilisée en complément des ELT/ELT existants de nouveaux projets, comme plateforme principale d’intégration ou pour orchestrer des flux développés avec d’autres outils. D’après Hervé Chapron, les clients apprécient les templates réutilisables de flux de données, le fait que l’ELT s’appuie sur la puissance de calcul des plateformes cibles et sa gamme de connecteurs.

Concernant la bonne année de Semarchy en 2023, le CEO l’explique par « la simplicité, la clarté et l’intégration aisée » des solutions xDM et xDI, qui seront prochainement proposées dans une plateforme unifiée. Les clients qui commentent leurs projets xDM sur G2 et Gartner Peer Insights évoquent une courbe d’apprentissage abrupte et une expérience utilisateur à revoir, contrebalancées selon eux par un support client réactif ainsi que par l’exhaustivité et la flexibilité de la solution.

Ces réactions proviennent majoritairement d’entreprises américaines, un marché où Semarchy est moins implanté historiquement. « En France, nous avons de très grands noms de la finance, du retail, du manufacturing et du transport et de la logistique. Il n’y a rien de plus rassurant pour un client que de discuter avec un autre qui nous fait confiance depuis quatre ou cinq ans », affirme Hervé Chapron. « Qui plus est, la stabilité de nos effectifs en France et la qualité de nos solutions jouent en notre faveur ».

L’éditeur aurait orchestré plus de 180 projets d’extension de son MDM chez ses clients existants en 2023.

Le modèle de Semarchy, plus adapté aux clients européens

Surtout, Semarchy s’est organisé pour cibler les entreprises européennes.

« Aux États-Unis, les clients ont tendance à vouloir travailler en direct, à faire beaucoup plus de choses avec l’éditeur lui-même », nuance Hervé Chapron. « En France, au Royaume-Uni et dans les pays nordiques, nous avons la chance d’avoir un réseau de partenaires intégrateurs avec qui nous collaborons depuis un certain nombre d’années. Au-delà de leurs compétences sur nos solutions, ils apportent un savoir-faire sur la conduite du changement, la gouvernance, les aspects d’infrastructure, des compétences sur certains verticaux particuliers ».

Si l’internalisation de certaines compétences est désormais une volonté affichée des clients français et européens, ils s’appuient sur « un certain nombre de partenaires qui proposent des services managés de bout en bout des produits Semarchy ». Ceux-là hébergent la solution, gèrent les couches basses et assurent la tierce maintenance applicative. « Je trouve que ce sont des services à forte valeur ajoutée pour nos clients », déclare le CEO de Semarchy.

Rappelons que l’éditeur a effectué ces quatre dernières années une transition d’un modèle de licence perpétuelle vers un autre à l’abonnement, tout en lançant en parallèle la version cloud native de sa plateforme. Pour autant, du côté de Semarchy, cette offre cloud est, pour l’heure, « self-managed ». L’offre dite « as a Service » présentée sur le site Web de l’éditeur est actuellement « hébergée, gérée et surveillée » par des partenaires sur AWS, Google Cloud ou Microsoft.

« Nous proposerons un service managé au début du deuxième semestre 2024. »
Hervé ChapronCEO, Semarchy

« Nous proposerons un service managé au début du deuxième semestre 2024 », annonce le CEO qui précise là un point de la feuille de route de Semarchy évoqué l’année dernière. Pour autant, le CEO considère que cette future offre ne devrait pas concurrencer les services à la demande des partenaires intégrateurs, plus adaptés selon lui, aux MDM des ETI et des grands groupes.

Même si l’éditeur observe que la majorité des déploiements de ses outils se font aujourd’hui dans le cloud, il souhaite conserver une forme de flexibilité pour des clients amenés à traiter des données sensibles sur site. Ce n’est pas forcément le choix de ses concurrents principaux, dont Reltio et Informatica qui misent exclusivement sur le cloud. Stibo Systems, Ataccama, et Tibco sont encore dans un entre-deux.

Pour se différencier, l’enjeu de Semarchy est de convaincre ses clients potentiels de tester la solution xDM. « Nous gagnons les appels d’offres dans sept cas sur dix, quand un client teste nos solutions sur un jeu de données représentatif. Les critères techniques sont importants, mais la capacité à répondre aux cas d’usage métier est la clé », insiste Hervé Chapron.

En ce sens, Semarchy a lancé au mois de février un kit d’outils et de templates pour déployer un projet pilote d’un MDM en moins de trente jours, misant principalement sur l’accélération de la modélisation de données. « Après l’intégration, c’est la modélisation de données qui prend du temps dans un projet MDM. Nous avons des clients qui connectent leur MDM à SAP, Workday, Infor, etc. Nous souhaitons leur permettre d’accélérer les déploiements en leur proposant des connecteurs et des modèles préétablis qui leur serviront de point de départ ».

L’IA, la cerise par-dessus une future plateforme unifiée

Enfin, Semarchy entend – tout comme ses concurrents l’ont déjà fait – infuser des fonctions d’IA « sous contrôle » dans ses outils de MDM et d’intégration. « Nous avons une feuille de route ambitieuse », vante le CEO. « Au début de l’été prochain, xDM et xDI intégreront des fonctionnalités autour de l’enrichissement de données et de la classification. Nous ferons par exemple du mapping (un processus d’harmonisation entre les sources et les données maîtres d’un MDM, N.D.L.R.) et du match and merge (un moyen de supprimer les doublons dans les sources et les golden records, N.D.L.R.) assistés par l’intelligence artificielle ». Ici, il s’agit d’exploiter des modèles de machine learning et de NLP.

L’éditeur s’intéresse également à l’intégration d’assistant d’IA générative dans ses produits. « Nous testons des modèles qui sont capables d’épauler un développeur, un data steward ou un usager métier dans l’utilisation de nos solutions. Nous avons déjà des API qui permettent à nos clients d’appeler les modèles présents sur Azure AI, Amazon BedRock ou encore Vertex AI pour enrichir des données, vérifier leur qualité ou créer des fiches produits », poursuit-il.

Pour autant, la mission principale de la R&D est de réunir xDI et xDM, dont les versions 2024.1 apportent surtout des améliorations des sérialiseurs et des connecteurs (xDI) ainsi que des workflows (xDM).

« Au printemps, nous commencerons à intégrer de manière progressive nos trois modules de Master Data Management, d’intégration de données et d’intelligence des données, dans une véritable plateforme unifiée. Le but est que les trois solutions s’appuient sur les mêmes composants, la même infrastructure qui offre une seule expérience utilisateur », avance Hervé Chapron.

Pour autant, les trois modules pourront toujours être déployés de manière indépendante. « Nos clients veulent des offres modulaires, que chaque module soit “best in class”, mais que ces modules-là (idéalement, pour avoir un impact sur la rapidité de mise en place, sur la réduction du TCO et sur l’amélioration du ROI) soient accessibles depuis une seule plateforme ».

Ici, Semarchy tente de cocher une case déjà cochée par certains de ses concurrents, dont Informatica.

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