Frank Slootman quitte la direction de Snowflake
Snowflake nomme Sridhar Ramaswamy en tant que CEO pour remplacer Frank Slootman, qui se retire des opérations tout en conservant la présidence du conseil d’administration. Sridhar Ramaswamy, le nouveau dirigeant, est la caution IA de l’éditeur, dont la prudence financière déplaît aux investisseurs.
Frank Slootman, 65 ans, prend sa retraite de la direction des opérations de Snowflake. L’homme, passé par Compuware, Dell EMC et un temps dirigeant de ServiceNow avant de prendre la direction de Snowflake en 2019, a annoncé qu’il restera président du conseil d’administration lors de la présentation des revenus du quatrième trimestre fiscal 2024, le 28 février.
La veille, Sridhar Ramaswamy, 57 ans, a accepté d’endosser le costume de PDG et prendre un siège au conseil de direction de l’éditeur.
Précédemment Senior Vice-président de l’IA chez Snowflake, il est l’ancien dirigeant de la société Neeva, une startup éditrice d’un moteur de recherche privé alimenté à l’IA qui a été rachetée par le spécialiste du data warehousing en cloud en mai 2023. Sridhar Ramaswamy a fondé Neeva en 2019, après plus de 15 ans passés chez Google où il avait grimpé les échelons jusqu'à prendre la vice-présidence de l’ingénierie, puis la direction d’Adwords et de l’ensemble des produits publicitaires de Google. M. Ramaswamy a participé à la croissance des revenus publicitaires de Google, qui atteignaient plus de 32 milliards de dollars en 2018, l’année de son départ. Jusqu’au 10 février dernier, le nouveau PDG de Snowflake était un partenaire de la société capital risque Greylock Ventures. Il a entamé sa carrière en tant que membre des équipes techniques de Telcordia, puis Bells Labs et Lucent Technologies.
Sidhar Ramaswamy, un CEO spécialiste en « search » et en AI
Pour sa part, Frank Slootman estime que Snowflake a rempli l’objectif qu’il s’était fixé il y a cinq ans, à savoir « prendre de l’ampleur » et « jeter les bases d’une croissance à long terme ». Pour rappel, Frank Slootman a été l’acteur clé de l’introduction en bourse remarquée de l’éditeur.
« Le conseil d’administration a mis en place un processus de succession qui n’était pas basé sur un calendrier arbitraire, mais qui recherchait plutôt une opportunité de faire progresser la mission de l’entreprise, en posant une vision d’avenir », assure Frank Slootman, lors de la présentation des résultats du quatrième fiscal 2024. « L’arrivée de Sridhar Ramaswamy par le biais de l’acquisition de Neeva l’année dernière a représenté cette opportunité. Depuis qu’il nous a rejoints, Sridhar dirige les stratégies de Snowflake en matière d’IA, mettant sur le marché de nouveaux produits et de nouvelles fonctionnalités à un rythme effréné », ajoute-t-il.
« M. Ramaswamy est qualifié pour siéger au conseil d’administration en raison de son expérience en matière de leadership et de son expérience commerciale et technique, notamment sa grande expertise en matière de cloud et d’infrastructure, d’intelligence artificielle et de machine learning », justifie Snowflake dans le document transmis à la SEC qui atteste de cette passation de pouvoir.
Le nouveau PDG de Snowflake est le chef d’orchestre de Snowflake Cortex, un service managé consacré à l’IA et à l’IA générative qui intègre, entre autres et à l’instar des plateformes Sinequa et d’Elastic, des capacités de recherche hybride. En novembre dernier, les analystes considéraient que trop de fonctionnalités de Cortex étaient en accès limité ou en cours de développement. Cette remarque n’est, en réalité, pas exclusive à Cortex. L’éditeur a l’habitude d’établir des feuilles de route sur deux ans et de lancer la plupart de ses services en accès anticipé prolongé. Cortex entrera en préversion publique « bientôt » et une centaine de clients serait la liste d’attente pour utiliser l’un des premiers services proposés, Document AI, selon Sridhar Ramaswamy.
Snowflake affiche des prédictions financières prudentes
Toutefois, le PDG prend son poste dans un climat tendu. Si le chiffre d’affaires de Snowflake a atteint 2,67 milliards de dollars au cours de l’année fiscale 2024 – en hausse de 38 % malgré une perte opérationnelle de plus de 1 milliard de dollars (GAAP) – l’éditeur se montre prudent pour le trimestre fiscal prochain. Là où il réalise un CA de 738,1 millions de dollars au quatrième trimestre fiscal 2024, en hausse de 33 % par rapport à l’année dernière, il prévoit de générer entre 745 et 750 millions de dollars de revenu au Q1 2025, en dessous des estimations des analystes financiers qui tablaient sur 765 millions de dollars. Le cours de Wall Street devrait s’ouvrir en forte baisse.
Mike Scarpelli, Chief Financial Officer de Snowflake, explique cette prudence par le fait que l’éditeur base ses prédictions sur la consommation présente et passée, et non seulement sur ses obligations de performance restantes de 5,2 milliards de dollars, en hausse de 41 % au Q4 2024.
« Il y a beaucoup de nouveaux services qui arrivent en disponibilité générale et en préversion publique cette année que nous n’avons pas pris en compte dans nos prévisions », assure-t-il auprès des analystes financiers. « Nous les intégrerons dès que la consommation commencera à se faire sentir ».
Un autre critère explique cette prévision. Selon le CFO, les « montants des revenus liés au stockage des données » diminue, du fait qu’il propose désormais une offre de tiering. « En plus de cela, nous nous attendons à ce qu’un certain nombre de nos gros clients adoptent le format Iceberg et déplacent leurs données hors de Snowflake, ce qui nous fait perdre ce revenu de stockage et aussi le revenu de calcul associé au déplacement de ces données dans Snowflake », anticipe Mike Scrapelli.
Plus loin, il précise que le stockage représente « 10 à 11 % des revenus » de Snowflake.
Cela ne veut pas dire que Snowflake perd de l’intérêt auprès des clients, poursuit le CFO, au contraire. « Nous nous attendons à ce que davantage de charges de travail nous soient transférées, mais tant que nous ne verrons pas les revenus associés, nous ne pourrons pas faire de prévisions ».
Le responsable estime que les charges de travail exécutées sur Snowflake ont cru de 62 % l’année dernière, « avec une augmentation correspondante de 33 % des revenus ».
« Cela s’explique par le fait que nous continuons à montrer à nos clients que nous devenons de moins en moins chers chaque année », ce qui ouvre des portes auprès de potentiels clients, dit-il en substance.
La diversification de l’offre est également une technique habituelle des éditeurs pour tenter de devenir le centre de concentration des dépenses auprès des clients.