L’IA générative est déjà à l’œuvre dans les professions juridiques (étude)
D’après un rapport de l’ELTA, la GenAI serait déjà utilisée par presque 90 % des professionnels du droit. Ceux-ci se préoccupent par ailleurs des questions de confidentialité de ces outils. Signe des temps, Lefebvre Sarrut, qui a soutenu cette étude, a sorti sa propre IA.
L’European Legal Technology Association (ELTA) a publié son rapport sur l’impact de l’Intelligence artificielle générative sur les professions juridiques. L’enquête a été menée dans 37 pays. Elle analyse la perception, l’utilisation, les attentes et les préoccupations de quatre catégories de professionnels du droit : cabinets d’avocats, services juridiques internes, prestataires de services juridiques alternatifs, et secteur universitaire et public.
L’étude a par ailleurs bénéficié du soutien de Lefebvre Sarrut, éditeur (notamment du guide Dalloz) et spécialiste de la formation, et de l’European Company Lawyers Association.
Quelles en sont ses conclusions ?
Tout d’abord que les professionnels du droit ont déjà une certaine maturité vis-à-vis de la GenAI : 87 % des répondants disent déjà l’utiliser, au moins une fois par semaine. Ce taux d’usage est assez uniforme avec un pic à 90 % chez les avocats, profession dont 24 % des membres disent même utiliser cette technologie au moins une fois par jour.
Ensuite, et sans surprise, c’est ChatGPT qui arrive en tête des outils testés (73 %).
Côté applications concrètes, c’est encore la découverte qui domine, plutôt que des usages professionnels. Mais ceux-ci sont tout de même déjà présents.
Les juristes essaient GPT et autres LLM principalement pour faire des brouillons de documents non juridiques, pour résumer des documents, ainsi que pour produire des ébauches et pour préparer des textes légaux.
D’autres usages, beaucoup plus confidentiels, complètent ce tableau (classement de documents et e-discovery).
Autre constat, l’avis des utilisateurs sur ces outils est plutôt positif, sans être dithyrambique pour autant, avec une note moyenne de 6,3 sur 10. Et presque 8 professionnels sur 10 considèrent que l’IA générative est (ou sera) une aide importante avec un impact significatif sur la rédaction de documents et l’accès à l’information juridique.
Conséquence logique, presque 2/3 des participants à l’étude pensent que l’IA a déjà commencé à remodeler la profession juridique.
Les plus gros bémols formulés à l’égard de ces outils concernent la confidentialité et la sécurité des données partagées avec les modèles, suivies par la partialité des algorithmes (les biais), puis par les questions de responsabilité et d’imputabilité.
Le rapport est disponible sur cette page. « Cette enquête éclairante menée dans toute l’Europe nous permet de mieux comprendre les besoins et les attentes de nos clients dans le domaine de l’IA générative appliquée au droit », souligne Olivier Campenon, président de Lefebvre Sarrut.
Joignant le geste à la parole, les éditions Dalloz (filiale de Lefebvre Sarrut) ont sorti leur propre IA, baptisée GenIA-L. L’outil génère une réponse à une question juridique posée en langage naturel, avec la possibilité de consulter les fonds éditoriaux utilisés. GenIA-L peut également réécrire l’explication en langage simple adapté à des non-juristes.
Pour Anne Grèze, directrice marketing et membre du comité de direction de Lefebvre Dalloz, la solution – fruit d’un « travail de long terme » en R&D sur l’IA – aurait le potentiel de grandement changer le travail quotidien des professionnels du droit « en leur permettant des gains de productivité significatifs ».
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